Quarante-six millions d'électeurs français sont appelés aux urnes, aujourd'hui, pour le premier tour des élections législatives où la gauche part favorite, moins d'un mois après la prise de fonction du socialiste François Hollande, à L'Elysée. 6 603 candidats, dont 472 des députés sortants, se disputent les 577 sièges de députés avant le deuxième tour qui aura lieu le 17 juin. Le PS et ses alliés divers de gauche, paraissent en mesure de réunir, mais de justesse, une majorité absolue des sièges qui est de 2 89 sur 577. Mais rien n'est acquis et le président Hollande a récemment appelé les électeurs à se mobiliser, leur demandant une majorité large, solide et cohérente. "Je ne parviendrai pas à conduire le changement, celui que les Français m'ont demandé de mettre en œuvre, que si je ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale", a-t-il souligné. Une défaite de la gauche aux élections législatives, peu probable selon des sondages, obligerait M. Hollande à nommer un Premier ministre de droite, car s'il nommait un gouvernement socialiste celui-ci serait contraint à la démission par l'Assemblée nationale. De tradition en France, chaque fois qu'une majorité hostile au président de la République a été élue à l'Assemblée nationale, celui-ci en a tout de suite tiré les conséquences en nommant un Premier ministre issu de cette majorité, sachant qu'un gouvernement d'une autre couleur politique serait mort-né. Selon un sondage publié, samedi dernier, la gauche remporterait de 292 à 346 sièges. La droite aurait de son côté 231 à 285 sièges, le Modem de 0 à 3 et le Front national de 0 à 3 également. Pour sa part, le Front de gauche qui a soutenu le candidat PS entre les deux tours de la présidentielle pourrait avoir de 23 à 26 sièges selon les sondages. L'UMP aurait de 214 à 262 élus à l'Assemblée, le Nouveau centre disposerait de 13 à 16 sièges et le Parti radical de Jean -Louis Borloo de 4 à 7 sièges. Particularité du scrutin cette année, 336 circonscriptions sur 577 ont été redécoupées. Il s'agit par cette mesure de tenir compte des évolutions démographiques tout en créant onze circonscriptions pour représenter les Français de l'étranger. Les députés sont élus au scrutin majoritaire à deux tours dans les 577 circonscriptions redécoupées à la faveur de ces élections. Pour être élu au premier tour, il faut réunir la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de suffrage égal au quart des électeurs inscrits. Au deuxième tour, la majorité relative, c'est-à-dire le plus grand nombre de voix, suffit. Peuvent se maintenir au second tour, les candidats arrivés en tête et ceux ayant obtenu des suffrages d'au moins 12,5% des inscrits au premier tour. En cas d'égalité des suffrages, le plus âgé des candidats est élu. L'outre-mer ouvre le bal Les Français de l'outre-mer, de l'Atlantique aux Antilles-Guyane ont voté hier, un jour avant ceux de la métropole, au premier tour d'élections législatives, les électeurs de Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel voisin du Canada, ont été comme de coutume les premiers à se rendre aux urnes, à partir de 08H00 sous un soleil radieux. Leur emboîteront le pas à 13H00 les électeurs de Guyane, puis à 14H00 ceux de Guadeloupe, de Martinique, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, puis ceux de Wallis-et-Futuna à partir de 22H00, suivis de ceux de la Nouvelle-Calédonie. Les deux départements de l'Océan indien que sont la Réunion et Mayotte commenceront à voter aujourd'hui, juste avant les 43,2 millions d'électeurs de la métropole. Deux semaines d'entre-deux tours sont nécessaires pour permettre aux candidats finalistes de faire campagne dans les trois circonscriptions de la Polynésie française. Environ 1,5 million d'électeurs ultramarins appelés aux urnes ce week-end devront départager 222 candidats dans 24 circonscriptions des départements et collectivités d'outre-mer. Le redécoupage électoral a doté l'outre-mer dans sa totalité de 27 sièges contre 22 dans la précédente législature: la Polynésie en a gagné un troisième, Mayotte un deuxième, la Réunion est passée de 5 à 7 députés et une circonscription a été créée pour représenter spécifiquement Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Cette nouvelle circonscription réunit deux îles caraïbéennes très différentes: Saint-Barthélemy est ancrée à droite, Nicolas Sarkozy y a obtenu plus de 82% des voix à la présidentielle, tandis que Saint-Martin a placé François Hollande en tête avec 51,5%. Autre particularité, aucun candidat résidant de "Saint-Barth'" ne se présente après le retrait pour "raisons personnelles" de Benoît Chauvin, conseiller à la collectivité. Restent 5 candidats saint-martinois et une candidate parachutée du Front national, originaire du Val d'Oise et qui n'est jamais venue sur les îles au cours de la campagne. Jusqu'à présent, les deux îles étaient représentées par le député de la 4ème circonscription de la Guadeloupe voisine, le socialiste Victorin Lurel. Celui-ci, devenu ministre des Outre-mer, est l'un des 25 membres du gouvernement Ayrault à concourir pour la députation. Tout ministre battu devra renoncer à son maroquin, a prévenu M. Ayrault, lui-même candidat. Les indépendantistes en rangs serrés en Nouvelle-Calédonie En Nouvelle-Calédonie, traditionnellement à droite, l'indépendance et la vie chère ont été les thèmes récurrents de la campagne. La droite est partie en rangs dispersés tandis que les indépendantistes ont su refaire leur unité à la faveur de cette échéance. Au terme de longues discussions, le FLNKS a choisi de présenter des candidats unitaires dans chacune des deux circonscriptions. Depuis 1986, aucun indépendantiste n'a siégé au Palais-Bourbon. L'abstention, traditionnelle pour des scrutins nationaux en outre-mer, risque une nouvelle fois d'être élevée. En 2007, elle avait frôlé les 47%.