Le ralentissement de l'économie mondiale renforce le risque d'un effondrement de la demande pétrolière, a estimé le ministre vénézuélien du Pétrole, Rafael Ramirez, qualifiant de nécessité une stabilisation des prix du baril au-dessus de 100 dollars. Le système capitaliste connaît une crise profonde, et le ralentissement de la croissance dans les pays consommateurs a transformé en menace claire et imminente la possibilité d'un effondrement de la demande mondiale de pétrole, a indiqué M. Ramirez, en ouverture du 5e séminaire de l'Opep à Vienne. Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont réunis, mercredi et jeudi, au Palais Hofburg, aux côtés de représentants des pays consommateurs et de membres de l'industrie pétrolière. Des prix stables au-dessus de 100 dollars représentent le minimum nécessaire pour que les ressources pétrolières continuent d'être développées et pour approvisionner rapidement le marché quand il en a besoin, a ajouté Rafael Ramirez. Le cours du baril de Brent coté à Londres a dégringolé de 25% depuis fin mars, sombrant début juin sous 100 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi. Sur la même ligne que l'Iran, le ministre vénézuélien avait fermement condamné mardi la forte hausse de la production ces derniers mois dans les pays du Golfe, accusant notamment la surproduction de l'Arabie saoudite de tirer les prix du baril vers le bas. M. Ramirez a aussi dénoncé les critiques des pays consommateurs contre l'Opep, souvent accusée de laisser s'envoler les prix du brut. Alors que l'offre de pétrole dans les pays en-dehors de l'Opep ne se développe pas assez vite, les projets de développement (dans les pays du cartel) se heurtent au refus persistant des pays consommateurs et des compagnies pétrolières de payer aux pays le juste prix pour leurs ressources naturelles, a insisté le ministre sud-américain. Il a ensuite une nouvelle fois condamné les sanctions internationales contre l'Iran, alors qu'un embargo total de l'Union européenne contre le brut iranien doit être mis en place à partir du 1er juillet. Malheureusement, les sanctions, les menaces et même l'agression militaire sont devenus des outils habituels pour résoudre des différends internationaux, et singulièrement ceux liés au pétrole, a-t-il déploré. L'Opep va probablement maintenir sa production Le ministre koweïtien du Pétrole, Hani Hussein, a déclaré que l'Opep allait probablement maintenir sa production à 30 millions de barils par jour mais évoqué des divergences au sein du cartel. Il y a des divergences avant la réunion ministérielle, a déclaré le ministre à la presse à Vienne où il se trouvait. Mais les ministres vont probablement maintenir le plafond de 30 millions de barils/jour, a ajouté le ministre alors que certains membres de l'Opep veulent un accroissement de la production tandis que d'autres demandent une baisse. L'Arabie saoudite, poids lourd de l'Opep, a appelé à une augmentation de la production alors que d'autres membres, comme le Venezuela, souhaitent qu'elle soit abaissée en accusant des pays du Golfe de surproduire. La production doit être réduite. Nous estimons qu'il y a une surproduction de 3 millions de barils par jour, a déclaré le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez. M. Hussein a estimé que des facteurs géopolitiques, psychologiques et climatiques en plus du niveau des stocks étaient en train de peser sur les prix. Mardi, l'Opep a laissé sa prévision de demande de brut mondiale pour 2012 quasiment inchangée, notamment en raison des turbulences dans l'économie mondiale et de la volatilité des prix du pétrole. La Libye et l'Equateur estiment que le marché est en surproduction La Libye et l'Equateur ont tous deux estimé qu'il y avait une surproduction d'or noir sur le marché mondial, juste avant l'ouverture d'un séminaire de l'Opep à Vienne, dans un contexte de chute de prix du baril et de morosité de l'économie mondiale. Je pense qu'il y a une surproduction actuellement sur le marché, d'environ 1,6 million de barils par jour, a indiqué aux journalistes Wilson Pastor-Morris, ministre équatorien des Ressources non-renouvelables. Il y a actuellement une forte instabilité des prix, a ajouté M. Pastor-Morris à son arrivée au Palais Hofburg, où se déroule ce séminaire réunissant ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), représentants des pays consommateurs et membres de l'industrie pétrolière. Le cours du baril de Brent coté à Londres a dégringolé de 25% depuis fin mars, sombrant début juin sous 100 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi.De son côté, le ministre libyen du pétrole Abdurahmane Ben Yazza a estimé que le marché était en surproduction de 1,8 million de barils, précisant que le sujet devrait être discuté lors de la réunion à huis clos des ministres de l'Opep, où ils doivent faire le point sur le plafond de production adopté en décembre dernier. Ce dernier, fixé à 30 millions de barils par jour (mbj) pour la production de l'ensemble des Etats-membres, est très loin d'être respecté, l'offre du cartel s'étant hissée en avril à 31,85 mbj, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Pour le ministre équatorien, il faut conserver ce plafond et le respecter. Les membres les plus conservateurs du cartel, Iran et Venezuela, sont vent debout contre les pays du Golfe, et notamment à l'Arabie saoudite, qu'ils accusent d'avoir fortement grossi sa production au cours des derniers mois, contribuant à faire chuter les cours du baril. Dienazi Alison-Madueke, ministre du Pétrole du Nigeria, s'est montré plus prudente: je ne veux pas m'avancer sur le fait qu'il y ait surproduction ou non, c'est exactement le genre de chose dont il faudra discuter, a-t-elle déclaré aux journalistes. Il y a une forte volatilité des prix, mais j'imagine que les prix devraient se stabiliser dans les six prochains mois, a-t-elle ajouté.