[L'Opep est-elle en danger?] Selon le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, elle «court un risque réel», après avoir dépassé le plafond de 30 millions de barils par jour, fixé le mois de décembre 2011. L'Opep se réunit aujourd'hui à Vienne en Autriche. L'état des lieux n'incite guère à l'optimisme. Selon le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole «court un risque réel», après avoir dépassé le plafond de 30 millions de barils par jour fixé au mois de décembre 2011. «J'espère qu'il y aura une prise de conscience sur l'effet négatif (de l'augmentation de la production du pétrole, Ndlr) sur les prix, notamment ces dernières semaines et que l'Opep court ainsi un risque réel», a indiqué Youcef Yousfi dans une déclaration recueillie par l'APS en marge du 5e séminaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les «Faucons» de l'Opep (IranVenezuela...) ont, dans leur viseur, l'Arabie Saoudite, qui a contribué à la dégringolade des prix de l'or noir en «gonflant», de façon délibérée, son offre. Elle est passée de 9,45 millions de barils par jour (mbj) à plus de 10 mbj en avril 2012. Plusieurs membres de l'Organisation ont affiché leur mécontentement. «Je pense clairement qu'il y a une surproduction actuellement sur le marché» a indiqué le ministre du Pétrole équatorien, Wilson Pastor-Morris. Son homologue libyen, Abdurahmane Ben Yazza, a estimé l'excèdent de l'offre de l'Opep à 1,8 million de barils par jour (mb/j). Le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez, parle, quant à lui, d'une surproduction de 3 mb/j. La production de l'Opep dépasse par conséquent largement le plafond des 30 millions de barils par jour qui avait été fixé au mois de décembre de l'année dernière. Elle s'élève désormais à 31,85 millions de barils par jour, depuis le mois d'avril 2012. Les dégâts pour les pays (Algérie, Iran, Venezuela...) dont les économies dépendent essentiellement de leurs exportations en hydrocarbures sont annonciateurs de lendemains qui déchantent. Les cours de l'or noir ont, en effet, chuté de près de 30 dollars à Londres en l'espace de trois mois. Le Brent de la mer du Nord est passé de 128 dollars à moins de 100 dollars tandis qu'à qu'à New York, le brut léger texan qui flirtait avec la barre des 110 dollars se négocie autour des 83 dollars. Cela ne peut pas être sans répercussions sur l'économie nationale. La baisse du prix du baril de pétrole représente une sérieuse menace. Elle peut provoquer la remise en cause des chantiers initiés dans le cadre du projet de développement économique 2009-2014. Cette hypothèse est évoquée désormais avec insistance par les spécialistes et les institutions financières internationales. L'Algérie serait épargnée et à l'abri dans le cas où le prix du baril de pétrole oscillerait autour des 100 dollars. La Banque mondiale le souligne dans son rapport semestriel qui porte sur les perspectives économiques mondiales, publié mardi. «Concernant les pays exportateurs de pétrole de la région (Mena, Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ndlr), la BM souligne qu'un prix du brut au-dessus des 100 dollars leur permettra de poursuivre leurs dépenses dans le secteur des infrastructures et dans les projets sociaux...» rapporte une dépêche de l'APS datée du 12 juin. «L'orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années (en Algérie Ndlr) a... rendu la situation budgétaire vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole, le prix permettant d'équilibrer le budget étant aujourd'hui légèrement supérieur à 100 dollars le baril», avait fait remarquer, de son côté en début d'année, le Fonds monétaire international. Les prévisions des deux institutions de Bretton Woods se rejoignent à quelque six mois d'intervalle. Elles sonnent comme des mises en garde pour l'Algérie et les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui militent pour un baril de pétrole à 100 dollars. De sérieuses mises au point sont à prévoir aujourd'hui à Vienne.