GDF Suez va lancer en Normandie et en Bretagne deux projets de production d'électricité à partir des courants marins, affichant ainsi ses ambitions dans le secteur en pleine éclosion des énergies marines renouvelables (EMR), où son rival EDF a pris une longueur d'avance. L'énergéticien français a annoncé cette semaine vouloir lancer des parcs d'hydroliennes, ces énormes turbines électriques sous-marines, dans les zones du Raz Blanchard, au large de la Manche, et du passage du Fromveur, au large du Finistère, qui concentrent 80% du potentiel d'énergie hydrolienne français. L'ambition de GDF Suez est de pouvoir, à travers ces deux projets, installer et exploiter dès 2015 des unités de production hydrolienne sur ces deux zones et devenir un acteur de référence dans les énergies marines renouvelables, a souligné le groupe dirigé par Gérard Mestrallet. Le premier site choisi est le Raz Blanchard, un des courants marins les plus puissants d'Europe, qui s'écoule entre la Basse-Normandie et l'île anglo-normande d'Aurigny (Alderney). Cette zone concentre à elle seule la moitié du gisement hydrolien national et GDF Suez dit vouloir obtenir les autorisations nécessaires afin de pouvoir installer dès 2015 un parc pilote de 3 à 6 turbines pour une puissance de 3 à 12 mégawatts. Le groupe et sa filiale Eole Generation ont déjà sélectionné pour cette zone l'hydrolienne HyTide fabriquée par Voith Hydro, coentreprise entre l'allemand Siemens et le norvégien Voith. Le deuxième site choisi est le passage du Fromveur, situé au sud de l'île d'Ouessant, considéré comme le deuxième plus grand gisement hydrolien français. Le groupe projette d'y développer un parc hydrolien à l'horizon 2016. Un accord en ce sens a été signé avec la société d'ingéniérie hydrolienne Sabella. Eole Génération aura ainsi accès à des études sur le site et à des données sur le prototype d'hydrolienne D10. Potentiel d'emplois supérieur à l'éolien en mer Le groupe cherche à se positionner dans le domaine bourgeonnant des énergies marines, sur lesquelles il est en retard sur son grand rival EDF. L'électricien tricolore -déjà sorti victorieux au printemps de l'appel d'offres gouvernemental en matière d'éolien offshore, dans lequel GDF Suez avait fait chou blanc- est en train d'achever un parc hydrolien de démonstration en Bretagne, à Paimpol-Bréhat (au large des Côtes-d'Armor), présenté comme une première mondiale. La mise en service de ce parc doté de quatre hydroliennes de 16 mètres de diamètre fabriquées par l'irlandais OpenHydro est prévue à la fin de l'été. Cette technologie est encore balbutiante mais elle est jugée très prometteuse pour la France, qui dispose du deuxième potentiel hydrolien en Europe après le Royaume-Uni. Outre leur contribution aux objectifs nationaux et européens de réduction des émissions de CO2, les énergies marines renouvelables (EMR) représentent un important gisement potentiel d'emplois. Selon le Gican, groupement des industriels du naval, elles pourraient générer à terme plus d'emplois que les 10 000 postes déjà prévus dans l'éolien offshore. En mars, l'ancien gouvernement avait annoncé un plan d'action en vue de favoriser l'implantation d'usines d'hydroliennes sur le territoire, alors que les projets dans ce domaine se multiplient en Europe, particulièrement en Ecosse. L'ex-ministre de l'Energie Eric Besson avait annoncé le lancement d'ici deux ans d'un appel d'offres pour exploiter des éoliennes au Raz Blanchard. Une porte-parole de GDF Suez a précisé que le projet du groupe dans cette zone pourrait s'inscrire dans le cadre de l'appel d'offres, s'il est lancé en 2014 comme cela avait été évoqué. Le constructeur naval DCNS, qui cherche à se diversifier dans les EMR et a acquis l'an dernier 11% d'OpenHydro, prévoit quant à lui d'ores et déjà d'ouvrir en 2014 une usine d'hydroliennes à Cherbourg.