Les prix du pétrole accentuaient leur rebond, avant-hier, en fin d'échanges européens, après avoir plongé de plus de 3 dollars la veille, mais le marché restait prudent, miné par une salve d'indicateurs moroses et un avertissement de l'agence Moody's sur 15 grandes banques. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, valait 90,60 dollars, en hausse de 1,37 dollar par rapport à la clôture de la veille. Il est descendu dans les premiers échanges à 88,49 dollars, un plus bas depuis début décembre 2010, avant de regagner du terrain. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, gagnait 1,20 dollar à 79,40 dollars, après avoir glissé en début d'échanges européens à 77,56 dollars, son plus bas niveau depuis le 6 octobre. Les cours du baril tentaient de reprendre leur souffle, après avoir dégringolé de près de 3,50 dollars la veille, tombant sous la barre de 90 dollars à Londres pour la première fois depuis un an et demi. Jeudi, a été une "journée affreuse", relevait David Hufton, analyste du courtier PVM, "le marché a été terrassé par une salve d'indicateurs économiques moroses, et l'annonce de Moody's a été le coup de grâce". Une baisse de l'activité manufacturière en juin en Chine, deuxième pays consommateur de brut au monde, mais aussi dans la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis) ainsi qu'une nouvelle contraction de l'activité du secteur privé en Europe ont ainsi nettement refroidi les opérateurs la veille. La décision la veille par l'agence d'évaluation financière Moody's d'abaisser les notes de 15 grandes banques occidentales actives sur les marchés mondiaux, dont les américaines Bank of America et Citigroup, a renforcé la nervosité des investisseurs. La publication, avant-hier, d'un nouveau recul en juin du baromètre Ifo mesurant le climat des affaires en Allemagne, n'était pas non plus pour les rasséréner, alors que les craintes s'accroissent autour de l'Espagne, que le marché redoute de voir contrainte de demander un plan de sauvetage international. "Le marché du pétrole est sous une immense pression: la zone euro est en crise, la demande de matières premières de la Chine ralentit, la croissance économique américaine cale", et dans ce contexte, "l'aversion pour les actifs risqués tire les prix du pétrole vers le bas", soulignait M. Hufton. Pour les experts de Commerzbank, la situation du marché était aggravée par la présence d'un important excédent de production sur le marché. Ainsi, le Département de l'Energie américain (DoE) a fait état cette semaine d'un gonflement inattendu des stocks de brut de 2,9 millions de barils lors de la semaine achevée le 15 juin, à un niveau proche d'un record en 22 ans atteint en mai. "A moins que les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne réalisent des coupes importantes dans leur production, la baisse des prix devrait s'amplifier", avertissaient les analystes de Commerzbank. Selon le cabinet Oil Movements, qui recense les mouvements de transports maritimes de pétrole dans les ports, les exportations d'or noir par mer en provenance des pays de l'Opep devraient diminuer de 20.000 barils par jour au cours des quatre semaines s'achevant le 7 juillet. Mais ce niveau devrait s'avérer "très insuffisant" pour renforcer les prix, estimait Commerzbank. Les cours du pétrole se redressaient en Asie sur des effets techniques, les investisseurs profitant de la plongée des cours la veille pour se couvrir. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, gagnait 34 cents à 78,54 dollars, dans les échanges matinaux. Le baril de Brent de la mer du Nord échéance août prenait 36 cents à 89,59 dollars.