La rencontre du Groupe de contact sur la Syrie, qui se tient aujourd'hui à Genève, ne verra pas l'adoption de l'approche du médiateur onusien Kofi Annan visant la constitution d'un gouvernement de transition en Syrie. L'entretien qui s'est déroulé, hier, entre la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, et son homologue russe, Serguei Lavrov, à Saint Petersbourg, à la veille de la tenue de la réunion de Genève sur la Syrie, n'a pas convaincu Moscou de soutenir la proposition de Kofi Annan. Non parce que le médiateur onusien a pris cette initiative sans consultations préalables avec les membres permanents du Conseil de sécurité, mais du fait de la proposition elle-même, laquelle se place hors du cadre du plan adopté par le Conseil de sécurité. La constitution d'un gouvernement de transition devant être l'aboutissement d'un dialogue inter-syrien, gouvernement et opposition, Moscou et Pékin, qui s'opposent à toute intervention étrangère militaire en Syrie, soulignent expressément le respect de la souveraineté du pays. L'annonce de la proposition de Kofi Annan à la veille de la réunion du Groupe de contact n'est pas fortuite au vu des réactions des uns et des autres. Moscou, tout soulignant que l'agenda de la réunion de Genève n'est pas défini, a rappelé les objectifs de cette rencontre. Un débat sur les voies à même de permettre la traduction effective des six points contenus dans le plan Annan, dont la cessation des violences en Syrie, ce qui devrait inéluctablement être au centre de la réunion de Genève au vu du rôle que jouent certains dans leur soutien logistique et politique à l'opposition représentée par le Conseil national syrien (CNS) et son bras armé en Syrie, l'Armée syrienne libre (ASL). Soutien affiché, pour rappel, par la Turquie, le Qatar et de l'Arabie Saoudite, sans que ces derniers pèsent sur le CNS ou l'ASL pour qu'il se conforme au plan du médiateur onusien. Le Groupe de contact sur la Syrie, qui se veut une alternative aux réunions des «amis de la Syrie», va devoir faire face aux divergences de fond de ses membres. Kofi Annan a, ainsi, reçu un niet de Washington de voir l'Iran prendre part à la rencontre de Genève. A la déclaration du médiateur onusien, «Téhéran est une partie dans la solution de la crise en Syrie», Hillary Clinton a signifié son refus tout en observant un silence quant au message de Kofi Annan : «J'appelle les groupes armés à jeter leur armes dans l'intérêt de la Syrie et du peuple syrien.» Après l'absence d'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution contre la Syrie suite au double veto sino-russe, le consensus entre les membres permanents du CS s'est traduit dans le plan Annan. Un consensus qui traduit les nouveaux rapports illustrés par le recul du rôle américain et l'émergence des acteurs du groupe du Brics (Brésil, Inde, Russie, Chine et Afrique du Sud). C'est dans ce contexte que la crise syrienne, son traitement et ses retombées s'inscrivent dans l'approche de Washington et ses alliées dans la région, au vu de la position géopolitique de la Syrie et ses liens privilégiés avec les membres du Brics. En convoquant, hier, une rencontre préparatoire de hauts fonctionnaires des membres permanents du Conseil de sécurité, Annan tente d'inscrire sa proposition aux travaux de la réunion que tient aujourd'hui le groupe de contact sur la Syrie. Le médiateur onusien, au cours de ses déplacements à Damas, a pu saisir la réalité de la crise syrienne et l'attachement du peuple syrien à son intégrité et sa souveraineté. Ce qui a été par ailleurs souligné par Lavrov, jeudi à partir de Tunis : «Le peuple syrien est le seul à même de décider de son destin et de celui du président Bachar Al-Assad.» Ceci pour rappeler que tout processus politique devant être promu pour le règlement de la crise syrienne passe inéluctablement par un dialogue inter-syrien avec la cessation des violences dans le pays d'où qu'elles viennent. Telle est le défi à relever par les présents à la rencontre de Genève dont certains trouvent leurs intérêts dans une crise qui veulent voire perdurer dans le pays.