Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne se tendait nettement, hier, pour repasser au-dessus des 7%, dans un marché qui ne s'attend pas à de grandes avancées lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro et s'inquiète de plus en plus de la dégradation de la conjoncture économique. Peu après l'ouverture, le rendement espagnol, qui évolue en sens inverse de la demande, atteignait 7,026% contre 6,912% vendredi à la clôture. Il n'avait pas dépassé le seuil des 7% depuis le 19 juin dernier. La prime de risque payée par le pays à l'Allemagne montait à 566 points de base (5,66 points de pourcentage). Dans la foulée, le rendement italien à 10 ans grimpait à 6,113% contre 6,016%. Les investisseurs doutent de la capacité des deux pays à assainir leurs finances publiques, vu la dégradation de la situation économique, souligne Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas. Désormais, les deux bouées de sauvetage que représentaient le sommet européen de la fin juin et la réunion de la Banque centrale européenne la semaine dernière sont derrière nous. Le marché n'attend pas de grandes avancées lors de l'Eurogroupe, ajoute-t-il. Les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent cet après-midi à Bruxelles, mais la plupart des décisions sur la Grèce, Chypre et les banques espagnoles devraient être repoussées à une prochaine réunion, le 20 juillet. Le sommet des 28 et 29 juin a ouvert de nouveaux chantiers, que l'Eurogroupe doit au plus vite tenter de concrétiser pour rassurer les marchés. Pour soulager l'Espagne en particulier, la décision a été prise de permettre au futur fonds de secours de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES), de prêter directement aux banques. Mais cela ne devrait pas se concrétiser avant la première moitié de l'année 2013.Et les ministres des Finances de la zone euro devraient poser comme conditions aux banques ibériques qu'elles augmentent leur niveau de fonds propres, selon le journal espagnol El Pais.Les tensions sur le marché des dettes périphériques, réputées les plus fragiles, profitaient une fois de plus à la dette allemande, valeur-refuge par excellence. Le taux du Bund allemand à 10 ans reculait à 1,312% contre 1,326% vendredi.