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Les banques ont besoin de 62 milliards d'euros
Espagne
Publié dans Le Temps d'Algérie le 22 - 06 - 2012

Les autorités espagnoles ont dévoilé jeudi les résultats des audits indépendants réalisés sur le secteur bancaire, qui aura besoin de jusqu'à 62 milliards d'euros, un chiffre bien inférieur aux attentes du marché et aux 100 milliards proposés par la zone euro.
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, en visite au Brésil, s'est réjoui des résultats des audits et a demandé que l'aide européenne soit versée "le plus rapidement possible". L'Eurogroupe s'est mis d'accord le 9 juin sur un plan de sauvetage des banques espagnoles d'un montant maximum de 100 milliards d'euros.
Mais la demande d'aide officielle de l'Espagne, d'abord attendue pendant une réunion jeudi de l'Eurogroupe à Luxembourg, sera finalement déposée "dans les jours qui viennent", a annoncé le ministre de l'Economie, Luis De Guindos.
De quoi alimenter encore l'impatience des marchés, qui ont montré jeudi leur inquiétude en imposant à ce pays des taux d'intérêt très élevés pour emprunter deux milliards d'euros, comme ils l'ont fait ces derniers jours dans l'attente des détails du plan d'aide.
Celui-ci doit prendre pour base les conclusions rendues jeudi par deux cabinets indépendants, l'Américain Oliver Wyman et l'Allemand Roland Berger, choisis pour faire un audit complet du secteur bancaire, fragilisé depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.
Il s'agissait d'"identifier la force du système financier espagnol face une détérioration hypothétique de la situation économique très significative et très prononcée", a expliqué au cours d'une conférence de presse le secrétaire d'Etat à l'Economie, Fernando Jiménez Latorre.
Deux scénarios ont été envisagés, l'un de base et l'autre plus dur, avec notamment une récession et une baisse des prix de l'immobilier plus intenses, en calculant les besoins en capitaux qui en découlent pour les banques sur une période de trois ans, jusqu'en 2014.
Le cabinet Oliver Wyman a évoqué un besoin de 16 à 62 milliards d'euros selon les scénarios, le cabinet Roland Berger le chiffrant, quant à lui, à entre 25,6 milliards et 51,8 milliards, a expliqué le gouverneuradjoint de la Banque d'Espagne, Fernando Restoy.
Des chiffres qui sont dans la fourchette basse des attentes du marché, qui tablait sur 60 à 80 milliards, tandis que l'agence de notation Fitch prévoyait 60 à 100 milliards et une autre, Standard & Poor's, 50 à 82 milliards.
Le résultat des audits "garantit que l'assistance financière mise à disposition par nos partenaires européens est plus que suffisante", a déclaré M. Rajoy lors d'une rencontre avec des chefs d'entreprises à Sao Paulo.
"C'est pour cette raison que je réitère mon souhait que l'aide financière soit approuvée le plus tôt possible, parce que l'assainissement de notre système bancaire est un pas indispensable dans le processus de récupération de l'économie", a dit le chef du gouvernement espagnol.
Quelques heures plus tôt, la quatrième économie de la zone euro avait envoyé un message rassurant en levant un peu plus que prévu (2,220 milliards au lieu des un à deux milliards visés) mais, encore une fois, elle a payé le prix fort.
Pour emprunter à cinq ans, l'Espagne a notamment franchi, pour la première fois depuis la création de l'euro, la barre symbolique des 6%. Cette envolée des taux "n'est pas une surprise" car "l'attention est centrée sur le rapport d'audit attendu après la clôture des marchés européens", avait alors souligné Ishaq Siddiqi, d'ETX Capital.
Mais le soutien européen à ses banques ne signifiera pas pour autant la fin des problèmes de l'Espagne : si "l'Espagne accapare toute l'attention" dans la zone euro, comme le souligne Bankinter, c'est que derrière le sauvetage de ses banques se profile le spectre d'un possible besoin d'aide globale de ce pays.
"Cela semble difficile d'imaginer que l'Espagne évitera un sauvetage plus complet" de son économie, estiment les analystes de Rabo Bank. Pour rassurer une fois pour toutes les marchés, Madrid a encore appelé jeudi à une action de la Banque centrale européenne (BCE).
Ce qu'elle doit faire, c'est "déboucher les tuyaux du crédit, parce que c'est la seule qui a du crédit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo. L'espoir d'une action européenne pour calmer les investisseurs a déjà insufflé une certaine détente, ces derniers jours, sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise et plus réactif aux rumeurs.
"Cette détente est attribuable aux récents commentaires dans la zone euro de responsables appelant les fonds de secours à acheter de la dette publique sur le marché secondaire", explique Patrick Jacq, de BNP Paribas, même si pour lui cette solution ne suffit pas à régler tous les problèmes.
La zone euro réfléchirait à puiser dans les fonds de secours européens pour acheter des titres de dette des pays fragiles, selon le chef du gouvernement italien Mario Monti. Une idée reprise par Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE.


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