Au moins 28 personnes ont été tuées, hier, en Syrie, où un assaut d'envergure était en cours contre une localité de Deraa (sud) et des combats opposaient armée et rebelles près de la frontière avec la Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans la province de Homs (centre), une femme enceinte a été tuée dans le pilonnage de la ville de Qousseir, tandis que cinq autres personnes, dont trois insurgés, ont péri dans des combats avec l'armée et des tirs dans des quartiers rebelles de Homs. Près de Damas, sept civils dont quatre femmes et un enfant ont été tués par un obus qui s'est abattue sur une maison dans la ville rebelle de Douma à l'aube. Dans la province d'Alep (nord), des combats ont fait six morts parmi les rebelles et cinq parmi les soldats dans la région de Tall Slor, à la frontière avec la Turquie. Et à Hama (centre), deux femmes, un garçon de 13 ans et un policier ont été tués dans l'explosion d'une voiture piégée devant un siège des services de sécurité militaire. Dans la région de Deraa (sud), des chars et des transports de troupes forts de centaines de soldats ont pris d'assaut Khirbet Ghazalé au milieu de tirs nourris, peu après que cette localité eut été bombardée par les hélicoptères militaires, selon l'OSDH. Des témoins ont affirmé que l'armée est entrée sans résistance car les rebelles de l'Armée syrienne libre ont quitté la ville avant l'assaut. Avant-hier, au moins 118 personnes, en majorité des civils, ont péri dans la répression et les combats en Syrie vendredi, selon l'OSDH. D'après l'ONG, plus de 200 personnes avaient péri jeudi dans les violences, dont 150 dans la seule ville de Treimsa (centre), dans des bombardements et des combats, poussant la communauté internationale à appeler l'ONU à agir contre l'escalade scandaleuse de la violence en Syrie. Ban Ki-moon dénonce un permis de massacrer Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré, avant-hier, que l'inaptitude du Conseil de sécurité de l'ONU à faire pression sur le président syrien Bachar al-Assad équivalait à lui octroyer un permis de massacrer. S'exprimant après la tuerie de Treimsa, Ban Ki-moon a poussé le Conseil de sécurité, actuellement très divisé, à envoyer un message fort à tout le monde pour dire qu'il y aura des conséquences si le plan de paix prôné par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, n'est pas respecté. "J'appelle tous les Etats membres à prendre une décision collective et décisive pour faire arrêter immédiatement la tragédie en Syrie", a déclaré M. Ban dans un communiqué. L'inaction devient un permis de massacrer. "La tuerie de Treimsa, un massacre horrible qui a coûté la vie à 150 personnes, fait planer de sérieux doutes sur la volonté du président Bachar al-Assad de se conformer au plan de paix", a encore dit le secrétaire général de l'ONU. Hollande incite la Russie et la Chine à approuver les sanctions Le président français François Hollande s'est adressé, avant-hier, à la Russie et à la Chine après la tuerie de Treimsa en Syrie, en prévenant que si elles refusent des sanctions contre ce pays, c'est le chaos et la guerre qui s'installent. "Je dis aux Russes, aux Chinois: en ne faisant rien pour que nous puissions avancer plus directement vers des sanctions plus fortes (des Nations unies), c'est le chaos et la guerre qui s'installent en Syrie au détriment de (vos) intérêts mêmes", a déclaré M. Hollande sur la chaîne de télévision privée française BFM TV. Interrogé sur la tuerie de Treimsa, il a déclaré: " L'effroi, nous le partageons, nous le ressentons, mais nous ne pouvons pas en rester là. Si nous avons chaque jour des morts, c'est qu'un régime a décidé d'utiliser la force pour écraser sa propre population. ça met encore davantage certains des pays qui s'opposent à ce que le Conseil de sécurité puisse prendre une résolution aggravant les sanctions ou l'action plus vigoureuse des Nations unies devant leurs propres responsabilités", a ajouté M. Hollande. Washington évoque une vision de cauchemar. Les Etats-Unis ont évoqué, avant-hier, une vision de cauchemar après la révélation d'un nouveau massacre en Syrie, estimant que cela imposait plus que jamais la nécessité d'une résolution musclée de l'ONU contre Damas. Evoquant un cauchemar l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, a jugé que les violences dans le village de Treimsa, qui ont fait au moins 150 morts jeudi, illustraient de façon dramatique la nécessité de mesures contraignantes en Syrie. De son côté, le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Josh Earnest, a affirmé que ce dernier événement éliminait tout doute quant à la nécessité de voir la communauté internationale agir de façon coordonnée à l'ONU dans le dossier syrien. Mme Clinton parle de plus de 200 hommes, femmes et enfants tués dans un massacre perpétré par le régime syrien dans le village de Treimsa, et appelle à un cessez-le-feu immédiat dans et autour de la ville de Hama pour permettre à la mission d'observation de l'ONU d'entrer dans Treimsa. "Ceux qui ont commis ces atrocités seront identifiés et rendront des comptes", a martelé la chef de la diplomatie américaine, actuellement en tournée en Asie. Les observateurs de l'ONU enquêtent sur les morts de Treimsa Des observateurs de l'ONU déployés en Syrie se sont rendus, hier, à Treimsa, une localité du centre du pays où l'armée syrienne a tué plus de 150 personnes jeudi, ont annoncé la porte-parole des observateurs, Sausan Ghosheh, et un militant dans la région. Mme Ghosheh a confirmé qu'un groupe d'observateurs s'était rendu sur les lieux. Oui, ils sont entrés à Treimsa, a-t-elle dit, faisant état d'un convoi de 11 véhicules. Un militant de Hama (centre) a affirmé que le groupe avait rencontré des habitants sur place et inspecté les endroits pilonnés et les lieux tâchés de sang.