Les prix du pétrole se repliaient, hier, en cours d'échanges européens, dans un marché toujours inquiet pour la demande mondiale de brut, et qui digérait de surcroît la mise en service par les Emirats arabes unis d'un nouvel oléoduc évitant le détroit d'Ormuz. À la mi-séance, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, et dont était, hier, le dernier jour de cotation, valait 102,34 dollars, en baisse de 6 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 41 cents à 86,69 dollars. La veille, les Emirats arabes unis ont exporté leur première cargaison de pétrole par l'oléoduc évitant le détroit d'Ormuz, et qui aboutit au terminal de Foujeirah sur la mer d'Oman. Cet oléoduc de 360 kilomètres de long permet aux Emirats, pays produisant environ 2,5 millions de barils par jour (mbj), d'échapper aux menaces répétées de l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transitent environ 30% du trafic pétrolier maritime mondial, pour répliquer aux sanctions internationales contre Téhéran. Avec l'ouverture de cette nouvelle infrastructure, le volume de brut des pays du Golfe qui peut être acheminé par des oléoducs de la région en évitant le détroit d'Ormuz s'élèvera à 6,3 millions de barils par jour, observait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden. Alors que les menaces de l'Iran de perturber le trafic de brut dans le détroit d'Ormuz avaient gonflé les cours du baril depuis le début de l'année, ce nouvel oléoduc émirati est un facteur globalement négatif pour les prix du brut, soulignait M. Pollard. Cependant, en dépit de cet oléoduc, un blocage (par l'Iran) du trafic dans le détroit d'Ormuz priverait le monde d'une partie importante de la production d'hydrocarbures des pays du Golfe, ce qui justifie le maintien d'une prime de risque sur les cours du baril, tempéraient les experts de Commerzbank. Par ailleurs, les investisseurs digéraient un discours du Premier ministre chinois Wen Jiabao, qui a prévenu, avant-hier, que l'économie de la Chine, deuxième consommateur de brut du monde, risquait de devoir affronter des moments difficiles pendant encore un moment Ces remarques suggérant la difficulté des autorités chinoises à stimuler une croissance stable de l'économie du pays ont pesé sur les prix du pétrole dans les échanges asiatiques, même s'ils peuvent aussi conforter les attentes de nouvelles mesures de soutien à l'économie par Pékin, notait M. Pollard. Le marché s'inquiétait ainsi toujours de la vigueur de l'économie mondiale dans un contexte économique morose. La semaine dernière, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) avait souligné une dégradation des conditions économiques pesant sur la consommation des pays développés. Les investisseurs faisaient par ailleurs montre de prudence avant une salve d'indicateurs économiques aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut de la planète, dont les chiffres des ventes de détails pour juin ainsi que de l'activité industrielle dans la région de New York en juillet, publiés hier, avant l'inflation et la production industrielle pour juin, aujourd'hui. En Asie, les cours du pétrole étaient en baisse hier matin, au lendemain des premiers envois de brut par les Emirats arabes unis via un oléoduc qui évite le détroit d'Ormuz, menacé de fermeture par l'Iran à plusieurs reprises. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, perdait 34 cents à 86,76 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord échéance août lâchait 5 cents à 102,35 dollars.