Alors que la saison de récolte des noix de cajou tire à sa fin, les producteurs de la Casamance, au sud du Sénégal, commencent à s'organiser pour avoir plus de poids dans la fixation des prix de leurs produits. Les intermédiaires indiens pour la plupart qui exportent les noix brutes empochent généralement l'essentiel des profits, alors que les producteurs ont à peine assez d'argent pour subvenir à leurs besoins. " Nous sommes en train de nous organiser. Nous pensons pouvoir résoudre ce problème ", a dit un producteur, et membre de la Coopérative des producteurs agricoles de la Casamance. Ce dernier, a récolté 7 tonnes de noix de cajou en 2011. " Logiquement, le revenu de la vente de ces noix aurait dû me permettre de tenir pendant toute l'année, mais à cause de la faiblesse des prix, je ne vais pas m'en sortir. Tous les producteurs de la région sont dans la même situation ", ajoute ce producteur. Les noix de cajou sont un des piliers de l'économie de la Casamance, après le tourisme. Selon le gouvernement, elles rapportent 35 milliards de francs CFA (65 millions de dollars) par an. La province produit environ 100 000 tonnes métriques de noix de cajou par an, mais n'en exporte que la moitié en raison de la médiocrité des infrastructures de transport. Selon Mamadou Dabo, analyste de la chaîne de valeur du cajou pour l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) à Dakar, la capitale sénégalaise, le nord de la Guinée-Bissau exporte en outre 50 000 tonnes de noix via le Sénégal. La production de cajou est en pleine croissance dans toute l'Afrique de l'Ouest selon l'USAID, la région a produit 85 pour cent de la récolte mondiale en 2011 et la majorité des exportations sont à destination de l'Inde et du Brésil. Chaque année, un prix est fixé pour l'ensemble de la production - pendant la première moitié de l'année 2012, il a oscillé entre 400 et 500 francs CFA (74 et 92 dollars) le kilo. En 2011, le prix a fluctué entre 350 et 615 francs CFA (0,65 et 1,14 dollar) selon la région. Les producteurs se plaignent de ne pas avoir leur mot à dire concernant les prix. Or, selon l'un des exportateurs de noix de cajou sénégalais en Casamance, c'est le marché qui fixe les prix selon " la fameuse loi de l'offre et de la demande ". Le prix des noix de cajou fluctue en fonction des niveaux de production et de la valeur du dollar américain, auquel il est indexé. Comme ceux-ci varient considérablement, c'est également le cas pour le prix des noix brutes, qui descend parfois jusqu'à 75 francs CFA (0,13 dollar) le kilo. Cette politique de prix fixe ne laisse aucune marge de manœuvre aux producteurs, a expliqué le porte-parole des producteurs de la communauté rurale d'Adéane, à l'est de Ziguinchor, la capitale de la région. Les producteurs sont également limités par le manque d'accès au transport, qui les empêche de se rendre en ville pour vendre leurs noix à un prix plus élevé. Or, les unités de transformation sont rares au Sénégal. Il est par ailleurs difficile d'obtenir des prêts pour financer les récoltes. Le processus de transformation des noix de cajou comprend la séparation du fruit et de l'amande et le séchage des noix décortiquées. D'après un représentant de, de l'USAID, les noix brutes sont achetées à des prix bien moins élevés que les noix transformées. Selon lui, il serait possible de réorganiser le secteur de manière à favoriser les producteurs s'ils s'organisaient mieux eux-mêmes. Au Sénégal, seules quelques coopératives transforment manuellement les noix. C'est le cas d'une coopérative de femmes à Thiès, à 60 km de la capitale, Dakar, et d'un groupe de Sokone, près de la côte. Selon l'Alliance africaine pour la promotion de la noix de cajou, la transformation industrielle permettra de développer la production, les producteurs pourront vendre leurs noix à des prix plus élevés et des emplois seront créés. Actuellement, 95 % des noix de la Casamance sont exportées brutes, mais, cette situation est amenée à changer, ne serait-ce que progressivement.