Le chef du gouvernement italien Mario Monti est arrivé, hier, en Russie pour discuter du pétrole, gaz et notamment d'investissements d'un milliard d'euros dans le Caucase, lors d'une première visite depuis le départ de son prédécesseur Silvio Berlusconi, ami affiché de Vladimir Poutine. M. Monti s'est tout d'abord entretenu avec de Premier ministre russe Dmitri Medvedev à Moscou, avant de rencontrer plus tard dans la journée le président russe à Sotchi, ville située sur les bords de la Mer Noire et qui accueillera les Jeux olympiques d'hiver en 2014. En marge de la rencontre Medvedev-Monti, la société italienne Rizzani de Eccher a annoncé son intention d'investir près d'un milliard d'euros dans un projet d'aménagement de stations de ski dans le Caucase russe. La somme sera investie dans la construction de l'infrastructure commerciale et hôtelière du complexe touristique, a rapporté la compagnie russe Northern Caucasus resorts. La Russie veut aménager des stations de sports d'hiver sur les sites de Lago-Naki (Adyguée), Arkhyz (Karatchaïévo-Tcherkessie), Elbrouz (Kabardino-Balkarie), Mamisson (Ossétie du Nord) et Matlas (Daguestan), ainsi que des stations balnéaires sur les bords de la Mer Caspienne au Daguestan. Un projet, dont le montant est évalué concernant les stations de ski à environ 11,5 milliards d'euros, et qui apparaît très ambitieux, d'autant plus que les régions choisies sont minées à des degrés divers par la violence depuis la guerre en Tchétchénie, une des républiques du Caucase russe. Néanmoins, plusieurs investisseurs ont déjà signé, parmi lesquels la Caisse française des dépôts et consignations et des sociétés chinoises et sud-coréennes. Outre ce projet dans le Caucase, l'Italie est engagée dans plusieurs projets énergétiques avec la Russie. Fin avril, les groupes pétroliers russes " Rosneft " et italien " Eni " ont signé un accord de partenariat stratégique pour explorer en commun des gisements de pétrole en mer de Barents (Arctique) et en mer Noire. Les deux groupes ont signé un accord sur le financement de travaux de prospection géologique sur ces gisements. " Eni " est également impliqué dans le projet de gazoduc South Stream, qui doit acheminer le gaz russe vers l'Europe occidentale sur 3.600 kilomètres en évitant l'Ukraine. Il aura une capacité de 63 milliards de mètres cubes par an et devrait être mis en service d'ici la fin 2015. L'italien Alenia Aeronautica est par ailleurs partenaire du russe Soukhoï dans le programme Superjet 100, régulièrement présenté comme l'espoir de l'aéronautique civile russe, qui a décliné après la chute de l'Union soviétique. La Russie et l'Italie entretiennent de bonnes relations, notamment lorsque Silvio Berlusconi occupait les fonctions de chef du gouvernement italien. L'ex-président du Conseil et Vladimir Poutine ont affiché en effet leur amitié. M. Berlusconi s'est rendu fréquemment en Russie pour des visites officielles mais aussi privées et il a à plusieurs reprises fait l'éloge de Vladimir Poutine, qui l'a en retour qualifié d'un des plus grands hommes politiques européens. Après son départ du pouvoir fin 2011, M. Berlusconi s'est à nouveau rendu en Russie et même participé à la cérémonie d'investiture à la présidence, le 7 mai, de M. Poutine. La visite de Monti doit mettre en évidence que même sans l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, ami personnel de Poutine, les relations russo-italiennes sont dynamiques, a indiqué une source au ministère russe des Affaires étrangères. Le départ de Berlusconi n'a pas conduit à une réduction de la coopération russo-italienne, au contraire sous Monti elle peut être placée sur des bases plus rigoureuses, selon l'expert Sergueï Outkine.