Le chef du gouvernement italien Mario Monti est lundi en Russie pour discuter pétrole, gaz et investissements d'un milliard d'euros dans le Caucase, lors d'une première visite depuis le départ de son prédécesseur, Silvio Berlusconi, ami affiché du président Vladimir Poutine. M. Monti s'est tout d'abord entretenu avec le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, à Moscou, avant de rencontrer le président russe à Sotchi, ville située sur les bords de la mer Noire et qui accueillera les Jeux Olympiques d'hiver en 2014. "C'est très bien qu'avec l'Italie de bonnes et profondes relations nous lient. Et elles se poursuivent quels que soient les changements dans le monde extérieur", a déclaré M. Poutine, selon des images de la télévision russe. Il a ensuite exprimé sa satisfaction quant au volume d'échanges entre les deux pays, qui ont augmenté de 25% pour atteindre 45,9 milliards de dollars (37,9 milliards d'euros) en 2011. En marge de la rencontre Medvedev-Monti, la société italienne Rizzani de Eccher a d'ailleurs annoncé son intention d'investir près d'un milliard d'euros dans un projet d'aménagement de stations de ski dans le Caucase russe. La somme sera investie "dans la construction de l'infrastructure commerciale et hôtelière du complexe touristique", a rapporté la compagnie russe Northern Caucasus Resorts. La Russie veut aménager des stations de sports d'hiver sur les sites de Lago-Naki (Adyguée), Arkhyz (Karatchaïévo-Tcherkessie), Elbrouz (Kabardino-Balkarie), Mamisson (Ossétie du Nord) et Matlas (Daguestan), ainsi que des stations balnéaires sur les bords de la mer Caspienne au Daguestan. Un projet très ambitieux, d'autant plus que les régions choisies sont minées à des degrés divers par la violence depuis la guerre en Tchétchénie, une des républiques du Caucase russe. Néanmoins, plusieurs investisseurs ont déjà signé, parmi lesquels la Caisse française des dépôts et consignations et des sociétés chinoises et sud-coréennes. Outre ce projet dans le Caucase, l'Italie est engagée dans plusieurs projets énergétiques avec la Russie. Fin avril, les groupes pétroliers russe Rosneft et italien Eni ont signé un accord de partenariat stratégique pour explorer en commun des gisements de pétrole en mer de Barents (Arctique) et en mer Noire. Eni est également impliqué dans le projet de gazoduc South Stream, qui doit cheminer le gaz russe vers l'Europe occidentale sur 3.600 kilomètres en évitant l'Ukraine. L'italien Alenia Aeronautica est par ailleurs partenaire du russe Soukhoï dans le programme Superjet 100, régulièrement présenté comme l'espoir de l'aéronautique civile russe. Lorsque Silvio Berlusconi occupait les fonctions de chef du gouvernement italien, les relations entre les deux pays étaient particulièrement bonnes. L'ex-président du Conseil et Vladimir Poutine ont en effet régulièrement affiché leur amitié. M. Berlusconi s'est rendu fréquemment en Russie pour des visites officielles mais aussi privées et il a à plusieurs reprises fait l'éloge de Vladimir Poutine, qui l'a en retour qualifié d'"un des plus grands hommes politiques européens". Après son départ du pouvoir fin 2011, M. Berlusconi s'est à nouveau rendu en Russie et a même participé à la cérémonie d'investiture de M. Poutine à la présidence le 7 mai. "La visite de Monti doit mettre en évidence que même sans l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, ami personnel de Poutine, les relations russo-italiennes sont dynamiques", a indiqué une source proche du ministère russe des Affaires étrangères, au quotidien Vedomosti. "Le départ de Berlusconi n'a pas conduit à une réduction de la coopération russo-italienne, au contraire, sous Monti elle peut être placée sur des bases plus rigoureuses", a renchéri l'expert Sergueï Outkine, cité également par le quotidien.