Malgré les séjours des représentants de l'unesco, le plan de sauvegarde de la ville de Béjaïa reste sans écho. Quels sont les critères pour la sauvegarde de la ville de Béjaïa ? Telle est la question que les pouvoirs locaux doivent poser au plus haut niveau puisque la sauvegarde de sites culturels et historiques est sujet à un décret exécutif portant création et délimitation du secteur à sauvegarder. La ville de Béjaïa est, à elle seule, un pan de l'histoire du pays où chacune des occupations a laissé son empreinte. Béjaïa est une des seules villes où dans les temps préhistoriques la présence de l'homme est attesté en divers endroits. Les vestiges recueillis remontent au paléolithique moyen, du côté des Aiguades et du Pic des singes. De même, le passage des Almohades, des Hammadites, des Turcs, des Espagnols et des Français est encore visible à travers certains vestiges tels que Bab El Fouka, la porte Sarazine, La Casbah, des remparts Hammadites, le Bordj Moussa et bien d'autres sites culturels et historiques.Le caractère voire les traits civilisationnels de ces diverses phases historiques ont fini par laisser chez populations béjaouies un héritage culturel spécifique que l'on retrouve, aujourd'hui encore chez, certaines familles, où même l'intonation du langage propre à la ville est conservée, les Béjaouis se reconnaissant par leur art culinaire, vestimentaire et urbanistique. C'est ce dernier qui pourra permettre à Béjaïa de délimiter le secteur à sauvegarder. En effet, le vieux Bougie renferme des habitations typiquement mauresques avec leurs fresques, leurs faïences appelées communément "zelidj", leur patio, leurs cours ou "amrah" une architecture que l'on retrouve dans les vieilles villes telles que Tlemcen, Alger, Constantine avec leurs petites ruelles et escaliers. Aujourd'hui, avec la nouvelle conception de détruire ces maisons pour ériger des petits immeubles, il est impératif de sauvegarder l'espace du vieux bâti et prendre des mesures pour la restauration de ces maisons afin de sauver l'histoire de la ville. On rappellera, par ailleurs, que des représentants de l'Unesco ont séjourné dans la ville à deux reprises et que des contrats ont été établis avec les autorités locales et centrales afin de permettre aux premiers d'introduire un dossier de sauvegarde de la ville de Béjaïa. Cette sauvegarde permettra par la même occasion la gestion de la ville et la relance de l'activité de la ville qui tend à périr. Des villes ont pu renaître grâce à de telles opérations dans d'autres pays. Nos voisins, quant à eux, ont réussi en plus de la sauvegarde de leur patrimoine culturel à faire de ces vieilles villes une attraction touristique des plus convoitées par les Européens avides de cette culture, de l'odeur des souks et des produits artisanaux. En attendant l'inscription du secteur à sauvegarder, la ville de Béjaïa et ses vestiges historiques continuent à subir l'érosion la nature et la destruction de l'Homme.