Les cours du cacao ont grimpé à un sommet depuis neuf mois à Londres, la semaine dernière, dopés par les craintes sur la récolte ivoirienne, tandis qu'arabica et sucre reculaient, dans un marché déçu par l'inaction des grandes banques centrales et pénalisé par un dollar renchéri. Cacao La hausse des cours de la fève brune s'est accélérée, se hissant jeudi dernier, jusqu'à 1 660 livres la tonne à Londres, au plus haut depuis début novembre, et jusqu'à 2 409 dollars la tonne à New York, un sommet depuis plus de quatre mois."La plupart des achats sur le marché du cacao sont provoqués par les inquiétudes persistantes sur les conditions météorologiques en Afrique de l'Ouest", ont expliqué les experts de la revue spécialisée Public Ledger. "Les opérateurs redoutent que la sécheresse se poursuive dans la région et pénalise les rendements des plantations", ont-ils souligné. Les préoccupations du marché se concentraient notamment sur la qualité des fèves en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale de cacao), où les plantations avaient déjà été sévèrement affectées au début de l'année par l'harmattan, un vent chaud et sec. De plus, les opérateurs redoutent que le phénomène climatique El Nino, qui pourrait se traduire au troisième trimestre par une sécheresse excessive réduisant l'offre de cacao non seulement en Afrique de l'ouest, mais aussi en Indonésie (troisième pays producteur). Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en septembre valait 1 647 livres sterling vendredi vers 12H00 GMT contre 1 587 livres une semaine auparavant, vers la même heure. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en septembre valait 2 372 dollars la tonne contre 2.320 dollars une semaine plus tôt. Café A l'image de la semaine précédente, les prix du café ont emprunté des voies divergentes, le robusta grimpant mercredi dernier, à Londres à 2 248 dollars la tonne, au plus haut depuis 11 mois, tandis que l'arabica chutait le même jour à 170.60 cents la livre à New York, son plus bas niveau depuis un mois. L'arabica, comme les autres actifs considérés à risque, a pâti de la déception des investisseurs après l'absence de nouvelles mesures de la part des banques centrales européenne et américaine pour stimuler une économie à la peine. Le renchérissement du dollar face à un euro sous pression a contribué à rendre encore moins attractif l'arabica libellé dans la monnaie américaine pour les acquéreurs munis d'autres devises. Cependant, "le robusta se montre particulièrement résistant, profitant d'une demande accrue pour le café meilleur marché" face à un repli de la production mondiale de café, a estimé l'Organisation internationale du Café, dans un rapport publié jeudi dernier. L'institution, qui rassemble les principaux pays producteurs et consommateurs, table désormais sur une récolte mondiale de 131,4 millions de sacs (de 60 kg) sur la saison 2011-2012, en baisse de 2,3% sur un an. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en septembre valait 2.230 dollars vendredi vers 12H00 GMT contre 2.239 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en septembre valait 172,50 cents contre 175,15 cents sept jours auparavant. Sucre Les prix du sucre n'ont pas échappé à la déception des investisseurs face à l'inaction des banques centrales, ni à la pression exercée par le net renchérissement du dollar. Cependant, les cours restaient "soutenus par les craintes que de médiocres pluies de mousson en Inde (deuxième plus gros pays producteur) ne pèsent sur le niveau des récoltes" et ne poussent le pays à réduire sévèrement ses exportations, ce qui aviverait les tensions sur le marché mondial, a tempéré Sudakkshina Unnikrishnan, analyste de Barclays Capital. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 607,80 dollars vendredi contre 609,07 dollars le vendredi précédent pour le contrat d'août. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en octobre cotait 21,97 cents contre 22,31 cents sept jours auparavant. Nouvelle flambée des céréales Les cours agricoles se sont consolidés cette semaine à la Bourse de Chicago, la flambée des prix, provoquée par la sécheresse exceptionnelle qui frappe les Etats-Unis, pesant sur la demande. "C'est la huitième semaine de cette hausse historique sur le marché du maïs, du soja et du blé", a remarqué Don Roose de Dax Wedemeyer, US Commodities. "Mais après une flambée en début de la semaine dernière, nous constatons une consolidation des échanges car même si les récoltes ont perdu du rendement et sont très pauvres, nous perdons aussi de la demande", a-t-il ajouté, notant que plusieurs acteurs avaient procédé à des prises de profits. Le maïs a atteint lundi dernier, un nouveau plus haut niveau pour le boisseau de livraison en décembre, à 8,1750 dollars en cours de séance. "Le marché s'est évidemment tellement habitué aux nouvelles positives pour les prix des grains et du soja qu'il faudrait vraiment une énorme surprise pour alimenter une nouvelle flambée des prix, les prix du maïs et du blé ayant déjà monté en flèche d'environ 50% depuis juin", estiment les analystes de Commerzbank. Les acteurs du marché sont aussi prudents dans l'attente de la publication du rapport du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande le 10 août. "De nombreuses estimations privées font état de rendements beaucoup plus faibles que ce qu'a annoncé USDA le mois dernier", a remarqué Don Roose. Les cours du maïs ont par ailleurs été soutenus par l'annonce jeudi dernier, d'une progression importante des ventes la semaine dernière. L'USDA a notamment fait part de la vente d'1,5 million de tonnes de maïs américain au Mexique, "l'exportation de maïs américain la plus importante depuis 21 ans", notent les experts de Barclays. Les prix du blé sur le marché américain ont eux été affectés par la situation en Russie, aussi en proie à la sécheresse mais qui a rassuré en relevant ses prévisions de production à 50 millions de tonnes, suffisamment élevées pour prévoir un surplus destiné à l'exportation. Des averses dans le Midwest, région du centre des Etats-Unis, ont contribué à une stabilisation des prix du soja après une très forte hausse en début de semaine. Ces pluies "pourraient aider à raffermir les rendements", ont noté les experts de Barclays. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre valait vers 15H00 GMT vendredi 8,0950 dollars contre 7,9325 dollars la semaine précédente à la clôture. Le boisseau de blé à même échéance se négociait à 9,0625 dollars contre 9,1125 dollars vendredi dernier. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en novembre valait 16,3550 dollars contre 16,0175 dollars une semaine plus tôt.