Le Premier ministre syrien Riad Hijab a fait défection, ce qui représente le coup le plus dur contre le régime après 16 mois d'une révolte sans précédent contre le régime de Bachar al-Assad. Il a fait défection, a affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Il y a des informations contradictoires sur le lieu où il se trouve. Certaines affirment qu'il a pu gagner la Jordanie et d'autres qu'il a été arrêté avant de fuir, a-t-il précisé. De son côté, la télévision d'Etat a indiqué dans un bandeau que Riad Hijab a été démis de ses fonctions de Premier ministre, et que Omar Ghalawanji, vice-Premier ministre et ministre de l'Administration locale, avait été désigné pour expédier temporairement les affaires courantes. Selon le quotidien gouvernemental Techrine, M. Hijab avait présidé, avant-hier, deux réunions au ministère de l'Administrions locale sur les mesures à prendre pour réaménager les régions purifiées des groupes terroristes armés, terme par lequel les autorités désignent opposants et rebelles. Le 6 juin, le président Bachar al-Assad avait chargé M. Hijab, alors ministre de l'Agriculture, de former un nouveau gouvernement, après les législatives de mai. Le Premier ministre syrien, Riad Hijab, qui a fait défection a annoncé avoir rejoint l'opposition, a déclaré, hier, son porte-parole sur la télévision Al-Jazeera du Qatar. " M. Hijab a pris sa décision de faire défection en raison des "crimes de guerre" et de "génocide" en Syrie ", a affirmé ce porte-parole Mohamed Otri, qui intervenait en direct d'Amman, affirmant que le Premier ministre syrien se trouve en lieu sûr avec sa famille. Attentat au siège de la radio-télévision à Damas Le siège de la radio-télévision syrienne à Damas a été visé, hier matin, par un attentat à la bombe ayant fait un nombre indéterminé de blessés. L'explosion a eu lieu dans les bureaux de la direction générale de la radio-télévision officielle, qui n'a pas interrompu ses programmes. Une bombe a explosé au troisième étage du bâtiment de la radio-télévision syrienne faisant des blessés, a déclaré le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi. Cet attentat montre combien vils sont ceux qui appuient les groupes conspirant contre la Syrie. Ils se trouvent au Qatar, en Turquie, en Arabie saoudite ou appartiennent au Mossad (israélien), a-t-il dénoncé. Le bâtiment est situé sur la place des Omeyyades, dans un quartier ultra-protégé de la capitale. Pour pénétrer dans l'immeuble, il faut passer plusieurs contrôles des services de sécurité. Divergence sur l'identité des ravisseurs des Iraniens Des informations divergentes circulaient, avant-hier, sur l'identité des ravisseurs de 48 ressortissants iraniens enlevés samedi dernier, en Syrie, l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) revendiquant le rapt toutefois attribué par un responsable de l'opposition à un groupe extrémiste sunnite. L'Iran affirme qu'il s'agit de pèlerins chiites enlevés près de Damas sur la route de l'aéroport et a demandé pour leur libération l'aide de la Turquie et du Qatar, qui soutiennent l'opposition syrienne, selon les médias officiels. Les combattants de la brigade Al-Baraa de l'Armée syrienne libre (ASL) ont capturé 48 miliciens iraniens qui étaient en mission de reconnaissance à Damas, affirme un membre de l'ASL dans une vidéo diffusée sur YouTube. Lors des interrogatoires, il a été révélé que certains étaient des officiers des Gardiens de la révolution, ajoute le même rebelle montrant des documents appartenant aux otages iraniens, notamment un permis de port d'armes. Il a aussi mis en garde Téhéran en affirmant que d'autres Iraniens seraient enlevés si Téhéran continuait à soutenir le régime du président Bachar al-Assad. Berlin contre une intervention militaire Le ministre allemand de la Défense a une nouvelle fois exclu, avant-hier, une intervention militaire en Syrie, mettant en garde contre une réponse automatique à l'échec des efforts diplomatiques, dans un entretien au journal Welt am Sonntag. Selon le ministre Thomas de Maizière, la démission de Kofi Annan de son poste d'émissaire spécial de l'Onu et de la Ligue arabe en Syrie ne change rien à la position de l'Allemagne sur l'envoi de troupes dans ce pays qui est le théâtre d'une révolte sanglante depuis plus de 16 mois. L'échec de la diplomatie ne doit pas automatiquement mener au début de l'option militaire, explique M. de Maizière au journal. Le ministre allemand reconnaît certes qu'il est frustrant d'assister à ces meurtres en Syrie, sans directement être en mesure d'intervenir contre cela, alors que les insurgés syriens évoquent le chiffre de 20.000 tués depuis le début du conflit. Mais il estime que l'Allemagne doit continuer à fournir une aide humanitaire et un soutien logistique aux éléments démocratiques de l'opposition syrienne.