Deux mois à peine après sa nomination à la tête du gouvernement syrien, Riad Hijab, a été démis de son poste lundi, selon la télévision d'Etat, visée peu avant ce limogeage, par un attentat qui a fait un "nombre indéterminé" de blessés à Damas. La télévision officielle a annoncé que Riad Hijab, désigné au poste de Premier ministre sur fond de révolte populaire, devenue conflit armé, avait été limogé et que Omar Ghalawanji, vice-Premier ministre et ministre de l'Administration locale, était désigné pour "expédier temporairement les affaires courantes". Pour sa part, le quotidien gouvernemental Techrine, a indiqué que M. Hijab avait présidé dimanche deux réunions centrées "sur les mesures à prendre pour réaménager les régions purifiées des groupes terroristes armées", responsables, selon les autorités, des troubles qui secouent la Syrie depuis mars 2011. Selon le porte-parole de M. Hijab, ce dernier qui se trouve actuellement en Jordanie, doit quitter prochainement ce pays pour se rendre au Qatar. "M. Hijab ira à Doha, où sont basés les médias internationaux. Il s'y rendra demain, après-demain ou d'ici quelques jours", a déclaré le porte-parole Mohamed Otri, sans donner plus de détails. Le limogeage de Riad Hijab intervient au lendemain de la défection de trois officiers des renseignements politiques à Damas, qui ont trouvé refuge en Jordanie, a indiqué le colonel Kassem Saad Eddine, porte-parole de l'Armée syrienne libre (rebelles) en Syrie. Par ailleurs, le premier cosmonaute syrien, le général Mohammad Ahmad Fares, 61 ans, s'est, lui, réfugié en Turquie, selon l'agence de presse turque, Anatolie. L'annonce du limogeage de Riad Hijab est intervenue aussi quelques heures après un attentat au siège de la radio-télévision d'Etat à Damas faisant un "nombre indéterminé de blessés", d'après le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi. "Une bombe a explosé au troisième étage du bâtiment de la radio-télévision syrienne faisant des blessés", a précisé le ministre ajoutant toutefois que les programmes n'ont pas été interrompus. Cet attentat est intervenu alors que l'armée a affirmé il y a deux jours contrôler totalement la capitale après avoir repris le quartier de Tadamoun. L'attaque contre la télévision officielle est survenue également trois semaines après un sanglant attentat à l'explosif qui avait coûté la vie à quatre hauts responsables de la sécurité, dont le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha. L'enquête avait démontré que c'était un agent de la maintenance du bureau du chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar, qui avait placé des explosifs dans le bureau où devait se tenir une réunion, dans un bâtiment des services de sécurité. Samedi, les rebelles syriens avaient attaqué "sans succès" le bâtiment de la télévision d'Etat à Alep (nord), et le même jour, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) confirmait qu'un présentateur de la même chaîne, Mohammad al-Saïd enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, avait été exécuté. Toujours à Alep, deuxième ville du pays, les combats se poursuivent entre les forces gouvernementales et les rebelles. Lundi, des bombardements et des tirs d'arme automatique ont eu lieu dans plusieurs quartiers de cette ville, causant la mort de huit personnes et d'un commandant rebelle, selon l'OSDH. Les violences ont fait lundi 28 morts à travers la Syrie, selon la même ONG. Dimanche, 131 personnes ont péri, dont 42 soldats, d'après l'OSDH. En vue de la bataille d'Alep qu'elle juge "décisive", l'armée syrienne a achevé dimanche l'envoi d'importants renforts dans cette ville, théâtre d'affrontements armés depuis le 20 juillet. Selon un responsable de la sécurité, au moins 20.000 militaires ont été déployés sur le front d'Alep, où les rebelles comptent pour leur part entre 6.000 et 8.000 hommes, d'après le journal pro-gouvernemental al-Watan. Sur le plan diplomatique, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité une résolution appelant à la fin des violences dans ce pays et critiquant l'incapacité du Conseil de sécurité à résoudre la crise syrienne notamment après l'échec du plan de l'émissaire international Kofi Annan, qui a démissionné la semaine passée de son poste. M. Annan n'est pas parvenu à obtenir l'application de son plan de paix en six points, qui comprenait notamment un cessez-le-feu et un dialogue politique entre les parties en conflit.