La balance commerciale du Japon a subi un déficit historique en juillet, déséquilibrée par une chute des exportations vers la Chine, les "dragons" d'Asie et l'Europe où l'activité a ralenti. La troisième puissance économique mondiale a déploré un déficit commercial de 517,4 milliards de yens (5,2 milliards d'euros), le pire jamais enregistré pour un mois de juillet, deux fois plus élevé que les attentes des économistes. En juillet de l'année précédente, l'archipel avait réussi à dégager un léger bénéfice commercial, quatre mois à peine après la triple catastrophe du 11 mars 2011 dans le nord-est du pays (séisme, tsunami et accident nucléaire) qui avait quasi paralysé son industrie pendant plusieurs semaines. Mais lors de ce mois de juillet 2012, les exportations du Japon ont dévissé de 8,1% sur un an, à 5 313,3 milliards de yens (53,2 milliards d'euros). A l'exception des voitures, tous les produits et pièces détachées japonaises faisant d'ordinaire le bonheur des clients étrangers ont été boudés. Le repli des exportations a concerné non seulement les équipements lourds pour l'industrie (systèmes pour centrales électriques, centrifugeuses, machines textiles) et les matières premières transformées (produits sidérurgiques et chimiques, papier) mais aussi les produits électroniques (appareils photo, caméscopes) et les semi-conducteurs. La forte baisse des revenus tirés des ventes à l'étranger provient en partie de la flambée du yen, qui a fortement grimpé notamment vis-à-vis de l'euro depuis l'été dernier. Cette montée de la devise japonaise, prisée des investisseurs japonais et étrangers lorsque l'économie se porte mal, a réduit mécaniquement la valeur des revenus des groupes nippons à l'étranger, particulièrement en zone euro, une fois convertis en yens. Confrontés à une grave crise d'endettement et au bord de la récession sur fond d'austérité généralisée, les pays européens ont eu de surcroît tendance à réduire leurs achats de matériel japonais. Au final, les exportations nippones vers l'Union européenne ont plongé d'un quart et le Japon a subi avec elle un déficit commercial historique. Plus grave encore, les effets du ralentissement économique se sont aussi fait sentir sur les livraisons à destination de la Chine (-11,9%), le premier partenaire commercial du Japon, et des quatre autres économies industrialisées d'Asie - Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour - (-14,2%). Les livraisons ont en revanche augmenté vers les Etats-Unis (+4,7%) grâce à une forte progression des ventes de voitures, les constructeurs nippons ayant le vent en poupe sur le marché américain. Les importations ont pour leur part repris leur hausse, ininterrompue pendant deux ans et demi à l'exception du dernier mois de juin. Elles se sont élevées de 2,1% en juillet sur un an, à 5.830,7 milliards de yens (58,4 milliards d'euros). Les achats de gaz naturel liquéfié (GNL) ont bondi d'un quart, en raison du besoin des compagnies d'électricité japonaises d'élever la production de leur centrales thermiques afin de compenser l'arrêt de la quasi totalité des réacteurs nucléaires du pays. Deux réacteurs ont été relancés en juillet, 16 mois après l'accident de Fukushima qui a entraîné l'arrêt progressif du parc nucléaire soumis à de nouvelles mesures de sécurité. Les 48 autres unités du pays restent à l'arrêt pour l'instant, tandis que les autorités réfléchissent à l'avenir de l'énergie nucléaire au Japon. L'archipel importe l'essentiel de son GNL d'Australie, de Malaisie et du Qatar. Les importations de téléphone ont par ailleurs bondi de 35,4%, dopées par l'intérêt croissant des Japonais pour les "téléphones intelligents" américains et sud-coréens. L'aggravation du déficit commercial nippon, s'il se confirme, risque d'amputer la croissance de l'archipel, déjà réduite au deuxième trimestre par une quasi stagnation de la consommation intérieure. Certains économistes prévoient que l'activité pourrait se contracter au Japon d'ici à la fin de l'année.