La balance commerciale du Japon est repassée légèrement dans le vert en février grâce à une progression des exportations d'automobile, mais a continué de souffrir de la flambée de la facture énergétique. Le commerce extérieur de la troisième puissance économique mondiale a affiché un bénéfice de 32,9 milliards de yens (300 millions d'euros), mettant fin à une série de quatre mois consécutifs de déficit, a annoncé, avant-hier, le ministère des Finances. En janvier, la balance commerciale avait enregistré la perte mensuelle la plus importante jamais constatée depuis le lancement de cette statistique en 1979, sur fond de conjoncture mondiale hésitante. Le mois de janvier est traditionnellement moins favorable aux exportations nippones en raison des fêtes du début d'année qui durent une semaine, au cours de laquelle nombre d'entreprises sont fermées. Les économistes ont toutefois été surpris par ce retour en territoire positif en février, même si le surplus de la balance commerciale a fondu de 94,8% depuis le même mois de 2011. Les exportations ont diminué de 2,7% sur un an, mais de façon nettement moins nette que lors des mois précédents. "Personne ne s'attendait à ce que la baisse des exportations ralentisse aussi fortement", a expliqué Taro Saito, économiste à l'Institut de Recherche NLI. Parmi les facteurs ayant permis cette bonne surprise, il a souligné "une reprise de l'économie américaine beaucoup plus rapide que prévue". Les ventes d'automobile ont bondi de plus d'un quart vers les Etats-Unis, contribuant à une progression d'ensemble des livraisons de voitures Made in Japan dans le monde. Ce secteur stratégique est en phase de reprise après de lourdes difficultés d'approvisionnement subies après le séisme du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon. De façon générale, les exportations ont néanmoins continué de s'affaisser, notamment celles de produits sidérurgiques, particulièrement vers les pays d'Asie, et celles de semi-conducteurs. Tous produits confondus, elles ont notablement diminué vers la Chine et l'Union européenne, des contrées dont les croissances respectives suscitent l'inquiétude à des degrés divers. Les exportations constituaient auparavant l'un des moteurs de croissance du Japon, mais elles souffrent depuis 2011, année gâchée par les catastrophes naturelles, les ratés de la croissance mondiale et la vigueur du yen. Les autorités comptent sur un certain rebond de l'activité internationale en 2012 pour doper ces ventes japonaises à l'étranger et favoriser une reprise économique dans l'archipel, en récession l'an passé. Toujours en février, les importations ont progressé de 9,2% sur un an, du fait de la forte augmentation de la facture pétrolière et gazière. Non seulement les tarifs des hydrocarbures ont grimpé mais le Japon a dû élever ses volumes d'achat pour faire tourner ses centrales thermiques, qui doivent compenser l'arrêt quasi total de la production d'électricité nucléaire dans l'archipel un an après la catastrophe de Fukushima. Yasuo Yamamoto, économiste à l'Institut de Recherche Mizuho, a prévenu que la hausse des cours de l'or noir risquait de plomber le commerce extérieur japonais toute cette année. "Le balance commerciale devrait hésiter entre déficits et surplus pendant un moment", a-t-il pronostiqué.