Les prix du pétrole poursuivaient leur repli, hier, en cours d'échanges européens, dans un marché miné par des indicateurs ternes aux Etats-Unis, les difficultés de la zone euro et le ralentissement de la croissance chinoise, qui alimentaient les craintes sur la demande de brut. À la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, pour livraison en octobre, valait 113,89 dollars, en baisse de 29 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 25 cents, à 95,05 dollars. "Une nouvelle série d'indicateurs économiques moroses aux Etats-Unis a tiré les marchés vers le bas", avant-hier, et continuait de hanter le marché du pétrole, hier, observait David Hufton, analyste du courtier PVM. L'annonce aux Etats-Unis d'une contraction inattendue de l'activité manufacturière en août et d'un recul des dépenses de construction en juillet a fait lourdement trébucher les prix, des indicateurs jugés alarmants pour la croissance économique américaine et la demande énergétique du pays, premier consommateur de brut de la planète. Ces statistiques morses s'ajoutent à "pléthore de statistiques décevantes sur les perspectives de croissances économiques en Chine et dans la zone euro", autres régions grandes consommatrices de pétrole, notait M. Hufton. Selon lui, "la perspective de mesures supplémentaires par les banques centrales aux Etats-Unis, dans la zone euro et en Chine apparaissent de plus en plus probables pour enrayer la détérioration de l'environnement économique", mais elles pourraient ne pas suffire à dissiper les inquiétudes du marché. Les investisseurs faisaient d'ailleurs montre de prudence, hier, à la veille d'une réunion de politique monétaire très attendue de la Banque centrale européenne (BCE). Les marchés spéculent sur la mise en place par l'institution d'une limite aux taux d'emprunt des pays en difficulté de la zone euro, au-delà de laquelle seraient déclenchés des rachats systématiques d'obligations. Les investisseurs restaient de surcroît sur leurs gardes dans l'attente du rapport mensuel sur l'emploi américain demain, et avant le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE) publié aujourd'hui, au lieu d'hier habituellement, en raison du, lundi, férié cette semaine aux Etats-Unis. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait faire état d'une chute de 5,2 millions de barils des stocks américains de brut lors de la semaine achevée le 31 août. Les réserves d'essence sont quant à elles attendues en baisse de 3,6 millions de barils et celles de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) en baisse de 2,2 millions de barils des stocks. "Une partie du recul de ces stocks peut s'expliquer par les conséquences de l'ouragan Isaac, qui a entraîné la semaine dernière la fermeture (préventive)" d'importantes capacités de raffinerie au sud des Etats-Unis et l'interruption momentanée de 90% de la production américaine de brut dans le golfe du Mexique, expliquaient les experts de Commerzbank. Même si les dégâts pour le secteur pétrolier se sont avérés moins importants que prévu et que les perturbations de l'offre se sont rapidement atténuées, les chiffres du DoE "devraient soutenir les prix du baril", estimait-on chez Commerzbank. En Asie, les cours du pétrole reculaient hier, après une forte correction à la baisse la veille à Londres et New York, lestés par des indicateurs économiques en berne aux Etats-Unis, les difficultés de la zone euro et le ralentissement de la croissance chinoise. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre cédait 3 cents à 95,27 dollars dans les échanges électroniques en Asie, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance s'érodait de 24 cents à 113,94 dollars.