La bataille contre la faim peut être gagnée moyennant un partenariat avec les gouvernements, la société civile, les organisations d'agriculteurs et le secteur privé, ont déclaré, jeudi dernier, à Istanbul la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la FAO, lors d'une Conférence rassemblant des décideurs de l'agroalimentaire sur les investissements dans l'agriculture de l'Asie centrale à l'Afrique du Nord pour améliorer la sécurité alimentaire. A la Conférence de haut niveau sur la promotion de l'investissement agricole privé et des échanges commerciaux de la mer Noire à la Méditerranée une vaste zone dotée d'un fort potentiel d'accroissement de la production vivrière bien que confrontée à de sérieux problèmes de sécurité alimentaire -, la BERD et la FAO ont appelé le secteur privé, aussi bien national qu'étranger, à investir massivement et de façon responsable dans l'agriculture, secteur déterminant pour résoudre les enjeux de sécurité alimentaire à long terme. Les deux organisations ont en outre invité les gouvernements à créer un environnement de politique propice aux investissements du secteur privé. "C'est sans doute la plus grande réunion du secteur privé jamais organisée sur la sécurité alimentaire. Nous avons été impressionnés par la réponse positive de toutes les entreprises invitées", a souligné le Président de la BERD, Sir Suma Chakrabarti, en s'adressant aux dirigeants et responsables de haut rang de l'agrobusiness. Et d'ajouter: "Cela montre que le secteur privé se soucie de la sécurité alimentaire. Cette réunion constitue un nouveau pas en avant pour aider le secteur privé à accroître la production et l'emploi, avec le concours de l'expertise de la BERD et de la FAO dans les secteurs de l'alimentation et de l'agriculture". "Le monde ne pourra être libéré de la faim - et il ne pourra donc y avoir de sécurité alimentaire sans la participation active de tous les secteurs de la société, y compris du secteur privé", a affirmé le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, à la Conférence, en ajoutant qu'outre des investissements significatifs, des contributions financières et en nature, le secteur privé peut apporter un appui politique précieux à la sécurité alimentaire, qui "n'est pas facile à quantifier, mais qui est crucial . Il nous faut dégager un consensus et mobiliser tous les acteurs vers ce but. L'intervention du secteur privé confère ainsi aux efforts nationaux et internationaux de lutte contre la faim une nouvelle légitimité". La Conférence s'est penchée sur les moyens d'améliorer les conditions du commerce agricole entre les pays en transition et le pourtour méridional et oriental de la Méditerranée. En outre, dans l'optique de développer l'agriculture et d'optimiser l'efficacité des chaînes de valeur alimentaires, différents modèles d'intégration verticale ont été examinés. Les coopératives agricoles ont été désignées comme un des modèles propres à soutenir des systèmes alimentaires plus inclusifs. La participation du secteur privé dépendant fortement des politiques agricoles, une attention particulière a été accordée aux moyens de favoriser le dialogue public-privé, afin de garantir que les partenaires clés puissent faire entendre leur voix dans les processus d'élaboration des politiques et permettre de les enrichir, en servant les intérêts de millions de petits exploitants. Depuis le début de leur partenariat en 1994, la FAO et la BERD ont déployé plus de 90 projets d'assistance technique pour un montant total d'environ 12 millions de dollars. Ces projets ont contribué à relever les enjeux institutionnels et réglementaires, ainsi qu'à améliorer la transparence et l'efficacité tout au long de la filière alimentaire dans les pays où opère la BERD