Les chefs des entreprises du bâtiment et des matériaux de construction affiliés à la CIPA, Confédération des industriels algériens, ont longuement déploré, hier lors d'une réunion, les contraintes auxquelles ils font face. A commencer par la nouvelle réglementation qui régit l'exploitation du sable et des carrières, matière premières par excellence du secteur, mais aussi du prix du ciment ou encore des conditions sévères des marchés publics. Il y a aussi, signalent-ils, le manque de répondant des banques qui rechignent à accorder des crédits. Résultat : des incertitudes pèsent sur la réalisation du programme de réalisation de 1 million de logements d'ici à 2009. Excès de langage ou réalité objective du terrain ? Les professionnels font, en tout cas, pression pour attirer l'attention des pouvoirs pour réagir sous une forme ou une autre. Selon le président de la Fédération des matériaux de construction, M. Beldjezar, "50 % des entreprises du secteur ont mis la clé sous le paillasson, s'écroulant sous le poids des contraintes". Concernant les entraves imposées par le code du marché jugé draconien, l'on cite la caution financière de soumission de 1% et de garantie de bonne exécution qui "tourne, elle aussi, autour de 5 et 6 %, selon le marché". Ce qui a fait dire à M. Moula, un entrepreneur, que l'entreprise est perçue plus comme un financier que comme un agent économique. Cette condition exige des centaines de millions pour faire face par exemple à cinq chantiers. M. Yousfi, président de la CGEOA a posé le problème de l'efficacité du dialogue avec le gouvernement. "Nous avons tenu 19 réunions avec le chef du gouvernement, depuis M. Ouyahia sur les questions du financement bancaire mais aucun résultat", se désole-t-il. Selon M. M'heni de la CIPA, seul "le dossier de la compensation des chèques a pu être réglé". La solution serait que "les banques doivent se moderniser et maîtriser leurs coûts", souligne M. Yousfi qui trouve "excessive de plus de trois points, la fixation des intérêts" par les banques alors qu'ils doivent être calculés en fonction du rythme de l'inflation. Les banques étrangères ne sont pas elles aussi épargnées. "Elles raflent notre épargne et facturent lourdement leurs services à l'économie". Les opérateurs du secteur du bâtiment épingle les banques sur le fait que celles-ci privilégient la propension à financer le commerce extérieur au détriment des investissements productifs. Au sujet de la fluctuation des prix des matières premières, on se met à rêver d'un accord sur le modèle de ce qui a été fait entre la Badr et les producteurs de lait.