Les professionnels de la filière lait affiliés à la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) n'écartent pas une éventuelle crise du lait. Pour la CIPA, «il est impératif de lancer une véritable réflexion en vue de réglementer l'activité laitière». La tension que subissent les professionnels de cette filière stratégique a suscité, en effet, des inquiétudes chez les acteurs de la production laitière. Dans cette situation, un doigt accusateur est pointé sur l'Office algérien interprofessionnel du lait (ONIL). «Le quota de poudre de lait accordé mensuellement par l'organisme régulateur est en deçà de la capacité de production de l'unité de transformation», indique à ce sujet la CIPA dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Les transformateurs de l'ouest, du centre et de l'est du pays souffrent sérieusement de cette situation, selon la même source. Parlant de «diktat» des revendeurs de poudre de lait de surcroît «d'origine douteuse», la CIPA indique dans le même document que la production actuelle des laiteries dont certaines ont mis la clé sous le paillasson «ne milite nullement en faveur de la poursuite de la profession». Allant plus loin dans ce constat, la CIPA a qualifié de «draconien» le mode de distribution de la poudre de lait aux transformateurs. La confédération, sans le dire clairement, a même accusé l'ONIL de créer un climat de suspicion entre les producteurs. Par la même occasion, elle relève l'échec de la politique d'encouragement à la collecte de lait. Cette stratégie commence «à battre de l'aile», est–il noté dans le communiqué où la CIPA appelle les pouvoirs publics à s'investir «concrètement dans la politique d'acquisition de vaches laitières et de collecte de lait cru. A travers cette sortie, il est clair que le torchon brûle entre les transformateurs et l'ONIL. La CIPA compte d'ailleurs débattre le 10 juin prochain autour de cette situation lors d'une réunion qu'elle tiendra au siège de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, de l'agriculture et des pêches. Des solutions sont à rechercher surtout en cette période où la demande en lait augmente, que ce soit pour la fabrication des glaces durant la saison estivale ou pour le mois de Ramadhan. Car, faut –il le noter, le spectre d'une nouvelle tension sur le lait intervient à quelques jours de ce mois. Cette situation de crise montre surtout que l'organisation de la filière est loin d'être achevée, comme en témoignent cette sortie de la CIPA et les tensions récurrentes que connaît ce produit. Une réaction est à attendre du côté de l'ONIL. A titre indicatif, l'Algérie importe annuellement de grandes quantités de poudre de lait (pour un montant avoisinant les 3 milliards de dollars) que l'ONIL distribue depuis la crise alimentaire mondiale de 2008 avec le système de quotas. La décision du gouvernement d'encourager l'intégration du lait cru dans le système de production ne semble pas avoir apporté les résultats escomptés. Il reste à espérer que l'enveloppe de 130 milliards de dinars dégagés dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014 pour le soutien des filières stratégiques (lait, pomme de terre et céréales) contribuera à améliorer la production d'une filière fortement dépendante des importations. S. I.