Coïncidant avec les célébrations du cinquantenaire de l'Indépendance, les organisateurs du Salon international du livre d'Alger, qui a ouvert ses portes mercredi dernier au public, ont choisi l'Algérie comme invité d'honneur de cette 17ème édition. Le Sila a été inauguré cette année par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, au Palais des Expositions. Accompagné du Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, et de plusieurs membres du gouvernement, le chef de l'Etat a fait le tour des stands où des explications lui ont été fournies par les organisateurs sur les différents exposants et le déroulement de cette manifestation culturelle. Le président a entamé sa tournée par le stand de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel où il a reçu des explications sur le rôle de cet établissement dans la diffusion de la culture en Algérie. Le chef de l'Etat a également passé en revue les stands des maisons d'édition "Dalimen", "Barzakh", "Casbah", "Chihab" et l'Entreprise nationale des arts graphiques où il a reçu un accueil chaleureux et des publications récentes de ces maisons d'édition notamment celles produites et publiées spécialement à l'occasion de la célébration du 50ème anniversaire du recouvrement de la Souveraineté nationale. Pour la circonstance, le chef de l'Etat a appelé les responsables de ces maisons d'édition à accorder un intérêt particulier à la production des livres sur l'histoire de l'Algérie notamment sur la glorieuse Révolution. La délégation a ensuite visité le stand de la maison d'édition égyptienne "Echourouq" où un accueil particulier lui a été réservé et des livres ont été offerts au président. Outre son intérêt pour le livre arabe, le chef de l'Etat s'est enquis des publications de certaines maisons d'édition étrangères dont "Hachette" (France) qui a participé avec un nombre important de titres. Le président de la République a également visité le stand de la maison d'édition britannique "Words Worth" qui a consenti d'importantes remises sur les prix de ses produits exposés à l'occasion du salon. Le président Bouteflika a visité le stand du doyen de la presse algérienne, le quotidien "El Moudjahid" qui a exposé ses Unes depuis sa création en juin 1956. Hommage à Rachid Boudjedra Un hommage a été rendu, jeudi dernier, à l'écrivain algérien Rachid Boudjedra lors d'une rencontre organisée pour la première journée du Sila qui se tient jusqu'au 29 septembre. Lors d'une rencontre-débat animée par le journaliste Youssef Sayeh, Rachid Boudjedra est revenu sur son parcours artistique et personnel ainsi que sur l'engagement politique exprimé dans ses œuvres romanesques. Evoquant ses débuts de romancier avec la parution en France en 1969 de son premier roman "La répudiation", Rachid Boudjedra a parlé d'une "nécessité de rembourrer une faille personnelle", qui a été, selon lui, à l'origine de son entrée en littérature. Un travail de romancier influencé par sa double formation, philosophique et mathématique, estime l'écrivain, et qui lui a permis d'introduire une "dimension métaphysique" dans ses romans, poursuit-il, une dimension dont il revendique la primauté dans le champ littéraire maghrébin. Par ailleurs, la nécessité d'exprimer "une vision politique du monde", traduisant son engagement, notamment marxiste, est, selon Rachid Boudjedra, au cœur de sa démarche d'écrivain. C'est dans ce sens que l'auteur a évoqué la forte présence de la matière historique dans ses œuvres, de la guerre de Libération nationale dans ses deux derniers romans,"Hôtel Saint-Georges" et "Les figuiers de barbarie", passant par l'histoire de la civilisation arabo-islamique avec " les 1001 années de nostalgie" ou "Le prise de Gibraltar" jusqu'au pamphlet dénonçant la violence de l'intégrisme islamiste dans "Fis de la haine". L'écrivain a également tenu à revenir sur son travail de poète, assez méconnu, selon Youssef Sayeh, bien que Rachid Boudjedra ait d'abord publié des poèmes sous le titre "Pour ne plus rêver" en 1965, a-t-il rappelé. La poésie que Boudjedra considère comme inséparable de son travail de romancier, et qui se traduit par la grande place accordée à "la poétique du texte romanesque", en particulier dans son roman " La prise de Gibraltar", paru d'abord en langue arabe. Youssef Sayeh a saisi l'occasion de l'évocation du travail de poète de Rachid Boudjedra pour annoncer que les œuvres poétiques de ce dernier seront publiées en octobre par les éditions Barzakh, annonce confirmée par les éditeurs.