Le premier sommet entre les dirigeants africains et leurs homologues d'Amérique latine qui vient de s'achever à Abuja, au Nigeria, a été une occasion pour les chefs d'Etat et de gouvernement des deux continents, pour discuter de la coopération Sud-Sud. Le sommet a abordé des sujets aussi complexes et cruciaux que la lutte contre la pauvreté, la paix et la sécurité, le commerce, l'éducation, la santé etc. Des sujets qui devraient unir l'Afrique et l'Amérique du Sud et donner un nouveau coup d'envoi à une coopération d'ores et déjà particulièrement active. Au regard de la déclaration finale de ce premier sommet, tout prouve que le rapprochement, tel que préconisé par les dirigeants des deux continents, constituera un instrument d'une importance vitale pour le renforcement du rôle de chacun des pays d'Afrique et d'Amérique latine dans le contexte de la situation internationale. Le climat général qui se dégage aujourd'hui après la tenue de cette rencontre à haut niveau, pousse à dire que l'activité future centre les deux continents va mettre en pratique toutes les décisions y afférentes. Car vu de l'extérieur, l'esprit d'Abuja 2006, est aussi la foi d'une nouvelle solidarité latino-africaine et l'attachement aux principes d'un " nouvel ordre économique international ". Pendant longtemps les pays du tiers-monde, tant en Afrique qu'en Amérique latine, se sont heurtés aux aspects des relations internationales au demeurant ceux de la " jungle et de la loi du plus fort ". La présence assez remarquée du président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika à cette première rencontre, est d'abord la preuve d'une continuité dans l'action de l'Algérie tendant à sortir les peuples africains du sous-développement et de la domination extérieure. C'est aussi, toute la constance de la politique extérieure algérienne, visant à régir désormais, les relations internationales. D'ailleurs, le chef de l'Etat, dans son intervention à huit clos devant ses pairs, a mis l'accent sur le nécessaire progrès des relations entre les deux continents dans une fraternité qui ne doit pas rester au stade de vague sentiment, mais prendre une forme concrète dans tous les secteurs, afin de faire face, ensemble à tous les défis. Le président Boutèflika dans ses propos, a offert une réelle garantie quant aux critères devant régir l'unité entre l'Afrique et l'Amérique latine, face à la changeante scène internationale. En effet les calamités naturelles et les crises actuelles, générales ou de l'énergie, sont à même de renforcer le sens de la solidarité Afrique-Amérique du Sud dont les pays doivent désormais ressentir tout l'impact. Par ailleurs, le chef de l'Etat, a mis en lumière toute l'importance d'un véritable partenariat d'exception Sud-Sud par l'avènement de liens solides entre les deux ensembles. Le président a également lancé un appel à la mobilisation de tout le monde pour combler le fossé qui sépare chaque état du monde développé. Monsieur Abdelaziz Bouteflika, a également mis l'accent sur la nécessaire définition d'objectifs communs qui favorisent le rapprochement tous azimut à même de renforcer toutes les capacités de négociation. Donc, il s'agit d'un partenariat à travers lequel, il faut toujours y croire au regard des grandes potentialités humaines, économiques et culturelles que recèlent l'Afrique et l'Amérique du Sud. Selon les propos du chef de l'Etat, il faut, qu'ensemble, on y apporte, à tout moment, les correctifs nécessaires. En réalité, le premier sommet Afrique-Amérique latine, pose déjà les principes de base d'une nouvelle coopération plus fructueuse, mais qui reste à parfaire. Un courant de solidarité souffle actuellement entre les deux continents, mais il tarde à devenir réalité. Malheureusement, il y a lieu de dire que si les pays d'Amérique latine, se sont présentés à ce sommet en rang serré, il n'en est pas de même pour les pays africains. L'Union africaine, paralysée par les divergences entre ses membres, est moins que jamais en mesure de mettre sur pied une nouvelle politique de partenariat avec le continent latino-américain, alors qu'elle ne parvient plus à s'entendre sur les différents foyers de tension qui minent le continent. L'Union africaine, paravent commode mais illusoire, ne peut dissimuler que ses membres ont des orientations, des politiques et des stratégies divergentes sinon contradictoires avec l'esprit de la lettre et du message du sommet d'Abuja. Sans compter que, chez les uns et les autres, les chevaux de Troie proaméricains sont légion. Le rendez-vous d'Abuja entre l'Afrique et l'Amérique latine, a été marqué par la participation du Maroc, et ce en dépit d'une absence trop longue dans les instances de l'Union africaine. La présence du Maroc à ce sommet est interprétée par divers observateurs, comme une manœuvre du palais royal pour véhiculer ses propres thèses d'autonomie du Sahara occidental auprès des pays d'Amérique latine. Nombre de diplomates africains présents à Abuja, ont vu d'un mauvais œil cette participation marocaine, qui n'a de sens que dans la mesure où, elle s'adresse beaucoup plus aux géants du continent latino-américain au détriment de la stabilité de la région du Maghreb arabe. De l'avis de certains observateurs, le partenariat qui se dessine entre l'Amérique latine et l'Afrique, piloté par le Brésil, semble vouloir se démarquer du modèle de coopération proposé par la Chine. Le Brésil a souvent, de par la personnalité de son président et de son approché, parlé de coopération. Lors des tournées effectuées en Afrique par le président Lula, il s'est limité à dire qu'il a besoin de pétrole ou de métal. Il a parlé avec beaucoup d'insistance de coopération Sud-Sud avec un "contenu politique ". Au lendemain de ce sommet Afrique-Amérique latine, on laisse d'ores et déjà entendre que la Chine va jouer très fortement les " individualités étatiques " qui les intéressent. D'autres observateurs soulignent que ces sollicitations viennent en dehors du continent. Ce n'est pas l'Afrique qui a été vers la Chine , l'Inde ou l'Amérique latine, se sont plutôt ces derniers qui viennent vers l'Afrique, et de ce fait, on estime que ces échanges de coopération sont moins équilibrés.