Depuis 2003, les Etats-Unis et les pays occidentaux poursuivent sans relâche une campagne sévère de déstabilisation du monde arabo-musulman en exploitant à fond les brèches confessionnelles qui existent entre les sunnites et les chiites. Nul ne peut douter que cette campagne, qui fait ravage et cause des victimes innocentes dans les deux communautés, ne sert, en vérité, que l'intérêt de ceux qui continuent à mettre le feu sous le parapluie du " Printemps arabe" et qui se mêlent, toujours, dans une perspective de " théâtralité " démocratique, à son agitation. Donc, Américains et Européens s'ébranlent dans cette direction, perçant la gangue du quotidien des musulmans et des Arabes dans un schéma global où se modulent les traditions impérialistes qui correspondent à l'éclatement de la structure sociale et à la déstabilisation des institutions. La manipulation orchestrée entre les sunnites et les chiites, c'est-à-dire entre deux communautés qui se côtoient au quotidien dans leurs pays respectifs, joue comme une dérégulation constante de la tension sociale. Washington et les autres capitales occidentales se partagent les rôles pour une sclérose de la vie politique, économique et sociale du monde arabe. Ils sont à leur expérience spécifique depuis la chute du régime du président Saddam Hussein. Le consensus d'explosion est plus net qu'ailleurs. Et la coupure entre sunnites et chiites est aux heures de péril, lorsque l'existence économique des grandes puissances se trouve menacée dans les pays producteurs de richesses. Cette tactique criminelle remuant les sensibilités confessionnelles, et mettant dans les rivalités les fidèles de deux communautés unies par une seule religion, consiste à maintenir la tension pour justifier, auprès de l'opinion internationale, l'ingérence étrangère. En d'autres termes, le rapprochement esquissé entre les stratèges déstabilisateurs des relations entre les deux communautés, sunnite et chiite, tient à favoriser l'explosion des pays arabo-musulmans sur des bases confessionnelles et éthiques (le cas du Soudan, du Liban etc). Ce qui se passe, aujourd'hui, en Syrie, porte la marque de cette volonté de force de division et la preuve de la mise en décomposition du peuple syrien qu'on veut fractionner par la violence et les armes en tribus ou fédérations, alaouite, druze et sunnite. Le monde arabe, soumis à toutes ces menaces et à une interminable secousse au quotidien, sert de terrain d'affrontement des rivalités entre les grands de ce monde. Un affrontement rampant et progressif, avec, comme indicateur, la multiplication des tempêtes sociales et politiques. Tout cela permet aux Américains et aux Européens, touchés principalement par la crise économique mondiale actuelle, de prendre des " mesures " à usage explosif afin de donner la naissance à une véritable guerre confessionnelle entre les sociétés arabes elles-mêmes. Les sociétés arabo-musulmanes doivent rester soucieuses de sauvegarder leur unité dans le cadre d'un équilibre subtil entre leurs composantes sunnites et chiites, car toute cette stratégie planifiée vise à instaurer une nouvelle carte qui servirait les Etats-Unis et les Européens, dans ce qu'on appelle depuis très longtemps la création du Grand Moyen-Orient, regroupant, selon ses concepteurs, un très grand nombre de pays, du Maroc à la frontière chinoise, avec les pays arabes, Israël, la Turquie, l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan. Cette théorie, qui " tend tout simplement à asseoir, avec la participation d'Israël, l'hégémonie américaine dans cette partie du monde, qui détient 65% des réserves pétrolières et près d'un tiers des réserves de gaz ". Cet égoïsme économique, qui sert les intérêts des pays dominateurs et leurs multinationales au détriment des peuples producteurs de matières premières, représente un danger et une atteinte à l'indépendance économique de chaque Etat, puisque Américains et Européens cherchent à acquérir un statut privilégié pour diriger le monde et son économie, mais aussi d'avoir en main des régimes dociles qui leur faciliteront les choses pour s'approprier les richesses qui manquent chez eux. Simultanément à cette diversion à entretenir entre sunnites et chiites, dont les têtes de file sont notamment Washington, Paris, Londres et Berlin, la Turquie, pays laïc, est en train de jouer un très grand rôle d'intermédiaire pour attiser la division dans le monde arabe. Ses dirigeants actuels se mettent sur le même plan établi dans ces capitales et permettent à leurs forces de recourir à de tels procédés pour imposer certaines situations, le cas de la Libye, la Tunisie et l'Egypte, et d'évoquer d'autres en phase, le cas de la Syrie, tout en visant à isoler l'Iran sous prétexte qu'il fabrique ou possède la bombe nucléaire. La Turquie, au regard des derniers événements qui se sont produits dans la région, semble être le premier allié des Occidentaux et des Américains, peut-être pour gagner une entrée au sein de l'Union européenne. L'impératif d'accès à cette Union pousse les dirigeants turcs à suivre ce mauvais chemin contre les Arabes. Ces graves dérives d'Etat, qui se disent les chantres de la démocratie, d'user de procéder aux malins pour que le monde sunnite et chiite s'affronte afin d'en tirer profit, sont inacceptables, en aucune circonstance. L'essentiel est la sauvegarde de la souveraineté nationale et économique de chaque Etat et les autres problèmes trouveront naturellement leur solution par la volonté de chaque Etat et de chaque peuple. Ce qui est certain, c'est que ces complots contre le monde arabo-musulman entrent en contradiction avec la souveraineté de chaque Etat. La politique impérialiste occidentale et américaine pratiquée, aujourd'hui, dans tout le Moyen-Orient, le Maghreb, l'Afrique et une certaine partie d'Asie, fait un espace aux contours imprécis. La convoitise y est grande et, non seulement, elle ne se limite pas à la couverture de l'Etat hébreu, mais à l'appropriation des richesses naturelles, notamment le pétrole et le gaz qui sont dans la ligne de mire des pays importateurs. Sur un autre plan, les Etats-Unis ont de tout temps refusé de concevoir que la République islamique d'Iran tienne le leadership dans la région tout en refusant de s'inscrire dans la stratégie de la Maison Blanche. Plus généralement, la cacophonie des intérêts américains et occidentaux repose sur les hydrocarbures qui sont un des enjeux cruciaux, aussi, tentent-ils d'asseoir cette rivalité entre les Arabes et les musulmans, pour ensuite s'attaquer ouvertement, par la voie d'Israël, au régime de Téhéran. Pour eux, le cas de l'Iran est révélateur. Depuis l'avènement de la République islamique, Téhéran est sorti du champ stratégique américain, son pétrole et son gaz étant dans la ligne de mire des superpuissances.