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Les dessous de la guerre entre chiites et sunnites
Le Moyen-Orient est assis sur une poudrière
Publié dans La Tribune le 17 - 01 - 2012

Depuis quelques mois, la communauté chiite a été la cible de nombreux attentats en Irak où les blocages politiques au sein du nouveau gouvernement sont motivés par des rivalités essentiellement ethnico-religieuses. Dans l'ancienne Babylone, les chiites, qui représentent 60% de la population irakienne, sont à chaque fois pris pour cible, notamment lors des processions religieuses à Kerbala, un haut lieu de pèlerinage de fidèles de l'imam Ali, le gendre du prophète Mohamed. Après près de dix ans de paix tacite, en dépit de la persistance des tensions entre la minorité chiite et les Talibans, l'Afghanistan a renoué avec la violence religieuse. Une série d'attaques quasi simultanées dans trois villes afghanes a fait au moins 63 morts et plus de 150 blessés. Ces attaques à la bombe ont été revendiquées par le Lashkar-e-Jhangy, un groupe pakistanais directement lié à la nébuleuse islamiste Al-Qaïda, cette organisation fondée par le wahhabite saoudien Oussama Ben Laden, tué en mai dernier dans une opération commando de l'armée américaine près d'Islamabad. Ce même mouvement extrémistes a perpétré aussi des attentats pareils au Pakistan où 20% de la population sont des chiites. Mais c'est surtout en Irak que les attaques subies par les chiites sont fort nombreuses et risquent même de déclencher une véritable guerre confessionnelle et provoquer la partition du pays.

Tous unis contre les chiites du Moyen-Orient
En 2005, le roi de Jordanie Abdallah II avait averti les Américains contre le danger de la formation d'un «croissant chiite» dans la région, suscitant une violente réaction iranienne, indirectement accusée d'étendre son influence au Moyen-Orient en soutenant les chiites irakiens, syriens, libanais et jordaniens. Si le roi de Jordanie affirme avoir été mal compris, les autres dirigeants des pays voisins à l'Irak ont ouvertement affiché leur position vis-à-vis de l'Iran qui a fait du chiisme sa religion officielle depuis l'époque de Nadir Shah qui a régné dans l'ancienne Perse entre 1736 et 1747. Ainsi, l'ancien président égyptien déchu, Hosni Moubarak, avait uni sa voix à celles des monarchies du Golfe pour alerter les Etats-Unis qui s'apprêtaient à envahir l'Irak sur le «risque chiite» dans le monde arabo-musulman. L'Arabie Saoudite était allée jusqu'à refuser à l'armée américaine d'utiliser son espace aérien pour attaquer le régime de Saddam Hussein (sunnite). Ryadh avait justifié son refus par sa crainte de voir les chiites prendre le pouvoir en Irak, ce qui aura des conséquences directes sur l'ensemble de la Péninsule arabique où les chiites sont exclus de la vie politique et étroitement surveillés par les services de sécurités. Les chiites sont, en fait, soupçonnés de servir les intérêts de Téhéran qui se pose comme le défenseur des droits de cette communauté, depuis longtemps marginalisée. Cela explique l'envoi d'un millier de soldats saoudiens, appartenant aux forces armées du Conseil de la coopération du Golfe, pour éteindre le feu de la révolte populaire au Bahreïn. Enthousiasmés par le vent de la contestation qui a secoué le monde arabe depuis la fin décembre 2010, les chiites bahreinis s'étaient soulevés au milieu de l'année dernière contre le règne absolu de la dynastie des Al-Khalifa. Le mouvement de contestation chiite avait été réprimé dans le sang au Bahreïn. La présence des soldats saoudiens sur place était une vraie caution pour les Al-Khalifa qui peuvent ainsi continuer à marginaliser les chiites. Ces derniers ne désarment pas et poursuivent dans la sérénité leur lutte pour arracher leurs droits les plus élémentaires. Le Yémen n'échappe pas a ce conflit chiites-sunnites. Dans la province de Saada (nord-ouest du Yémen), les Zaïdites sont en guerre larvée depuis des années contre le pouvoir central de Sanaa, fortement dominé par les sunnites. A Saada aussi, l'aviation saoudienne avait intervenu pour soutenir le régime d'Ali Abdallah Salah à réprimer les chiites Zaïdites. Ryadh a également soutenu Sanaa avec des moyens matériels et financiers pour éviter l'émergence des chiites au Yémen. Les Al-Saoud n'ont pas oublié de réprimer la minorité chiite qui vit en Arabie Saoudite. Le dernier mouvement de contestation des chiites dans la région orientale du Royaume a été sévèrement réprimé par les services de sécurité de la monarchie, n'hésitant pas au passage d'accuser l'Iran de chercher à déstabiliser le pays qui renferme la première réserve de pétrole brut dans le monde.

Guerre froide entre Ryadh et Téhéran
On aura tous remarqué que lorsqu'il y a des tensions religieuses entre les chiites et les sunnites, les dirigeants saoudiens et iraniens se mettent en mouvement. Cette religieuse entre deux communautés d'une même croyance concerne directement l'Arabie Saoudite, capitale de l'islam sunnite, et l'Iran capitale de l'islam chiite. L'invasion américaine de l'Irak en 2003 a ouvert la voie à une nouvelle guerre froide entre ces deux pays qui veulent s'imposer comme des puissances régionales, aux côtés de la Turquie et maintenant du Qatar. La haine qu'éprouvent les chiites et les sunnites émane de cette volonté de dominer économiquement et géopolitiquement le Moyen-Orient où Israël constitue un important élément dans cette bataille d'influence. L'Iran chiite représente aussi un danger à la survie de l'Etat d'Israël, d'où les tensions permanentes et les menaces constante de Tel-Aviv de déclarer la guerre à Téhéran, accusé de développer le nucléaire militaire. Mais c'est surtout l'Arabie Saoudite qui entretient cette rivalité religieuse qui se sent menacée par la puissance iranienne. Ryadh s'est ainsi alliée aux Etats-Unis pour contrecarrer toute tentative de renaissance de l'ancien empire perse qui s'étendait jusqu'à la péninsule arabique (une partie de l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Bahreïn) à l'ouest et jusqu'à la partie orientale de l'ancienne Mongolie. Au Liban où les chiites représenteraient environ 25% de la population, la crainte de voir le Hezbollah prendre le pouvoir se fait de plus en plus sentir. L'Occident s'acharne d'ailleurs à diaboliser les chiites du Hezbollah qu'il considère comme un réel danger pour la sécurité d'Israël et pour la stabilité de tout le Moyen-Orient. L'Iran est soupçonné de soutien direct au Hezbollah. Le régime syrien, dominé par la minorité alaouite qui s'est reconvertie au chiisme n'échappe pas à cette guerre fratricide entre chiites et sunnites. L'Occident joue aussi son rôle dans ce conflit et peut utiliser cette carte à n'importe quel moment pour sauvegarder ses intérêts dans la région. Pour le moment, l'Occident, à sa tête les Etats-Unis, préfère s'allier aux sunnites même s'il surveille de près le régime wahhabite en Arabie Saoudite, considéré comme un grand bailleur de fonds au profit des organisations salafistes à travers le monde. Cela explique, par ailleurs, cette pression occidentale sur le régime des Khamenei et les sanctions infligées à Téhéran à cause de son programme controversé.

Y a-t-il un possible rapprochement entre sunnite et chiites ?
En l'an 1743, le fondateur de la dynastie des Afsharid en Iran, Nadir Shah a tenté de se rapprocher des sunnites pour mettre fin à cette guerre sans fin entre ces frères ennemis. Il avait proposé le Jaâfari comme cinquième école, aux côtés de l'école malikite, hanafite, chaféite et hanbalite. En contrepartie, le Shah s'était engagé à renoncer aux rites chiites maudissant les trois imams. Le dirigeant perse avait réussi à obtenir pour les fidèles chiites de se rendre à La Mecque pour la saison du pèlerinage. Mais quelque temps plus tard, l'empire ottoman qui contrôlait le Moyen-Orient à cette époque avait fini par refuser ce rapprochement. Au début du siècle dernier, une nouvelle tentative de rapprocher les deux communautés avait été opérée par le chiite libanais Mujtahid Abd al-Husayn Sharef al-Dîn. Entre 1911 et 1936, cet imam a adressé plusieurs correspondances à Al-Azhar, cette institution considérée comme la haute autorité religieuse sunnite dans le monde arabe. Ces tentatives se sont soldées par un échec mais cela n'a pas découragé un autre chiite irakien Mohamed Kashif al-Husayn al-Ghita de tenter sa chance en 1931 pour réconcilier les deux communautés. L'imam égyptien Mustapha al-Cheikh Maraghi s'est aussi engagé dans cette noble mission mais sans résultats probants, étant donné que le conflit opposant les chiites et les sunnites ne concernait plus deux communautés mais deux puissances régionales l'Arabie Saoudite et l'Iran. A l'état actuel, vu l'instabilité dans laquelle baigne le monde arabe, l'impasse dans laquelle se retrouve le dialogue israélo-palestinien, la crise syrienne et les tensions entre l'Occident et Téhéran au sujet du Détroit d'Ormuz et du nucléaire, l'espoir d'un rapprochement entre sunnite et chiite s'amenuise. La situation politique et sécuritaire en Irak et au Liban complique davantage la situation et exacerbe les vieilles rivalités. L'Arabie Saoudite a toujours considéré l'Irak comme un Etat-tampon et tente du mieux qu'elle peut d'étendre son influence à Baghdad pour éviter l'exclusion des sunnites des centres de décisions. Ce qui s'avère être une tâche difficile puisque le gouvernement est dirigé par un chiite Nour al-Maliki. En résumé, le Moyen-Orient est assis sur une poudrière, et seul le dialogue peut éviter le pire.

L. M.


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