Le cabinet londonien Oxford Business Group, qui vient d'évaluer le secteur de l'électricité a indiqué dans son dernier rapport, publié hier, que le gouvernement algérien a dévoilé, au mois d'août dernier, un projet d'investissement de 2000 milliards de dinars algériens soit 19,51 milliards d'euros, entre 2012 et 2016 qui permettra de renforcer la production et la distribution d'électricité. " Depuis juillet, le pays est frappé par une série de coupures de courant, ce qui a entrainé des répercussions sur les entreprises locales et suscité des manifestations dans plusieurs régions du pays. Afin d'enrayer le phénomène de délestage, un programme d'investissement du Ministère de l'Energie et des Mines (MEM) entend doubler la production d'électricité d'ici 2016 avec l'installation de 12 000 MW de capacité supplémentaire ", estime OBG. Selon les estimations de Sonelgaz, la société nationale chargée de la production et de la distribution d'électricité, l'infrastructure algérienne serait actuellement en mesure de supporter une demande de 9700 MW, mais les températures particulièrement élevées cette année en juillet et août ont entraîné des pics de consommation. Toujours selon Sonelgaz, la consommation a atteint les 9463 MW à la mi-juillet, soit une hausse de 13% par rapport à la même période en 2011. Des responsables de l'Union Générale des Commerçants et Artisans Algériens (UGCAA) ont indiqué en juillet que les coupures de courant avaient occasionné des pertes se chiffrant autour de 2 milliards de dinars (19,51 millions d'euros) pour ses membres, les plus touchés étant les commerçants de produits alimentaires. Les manifestations contre les délestages d'électricité à répétition dans des villes telles que Constantine ont, dans certains cas, conduit à des confrontations entre la police et les manifestants. Sonelgaz avait initialement prévu d'augmenter la capacité de 4000 MW sur les cinq prochaines années, chiffre insuffisant au vu de la demande croissante en énergie. En 2006, le programme d'investissement de Sonelgaz reposait sur des prévisions de croissance annuelle de l'ordre de 6 à 7%. " Mais l'Algérie vit actuellement l'une des plus fortes hausses de consommation électrique de la région : en 2012, la demande a augmenté de 14,5% en glissement annuel, l'année précédente c'est une hausse de 14% qui avait été enregistrée ", souligne encore le rapport. Chez Sonelgaz, on estime que la demande va s'élever à 11 436 MW en 2013 et pourrait approcher les 20 000 MW en 2017. Le MEM a indiqué qu'environ la moitié des 2000 milliards de dinars (19,51 milliards d'euros) d'investissements prévus sera consacrée à la construction de neuf nouvelles centrales électriques au cours des cinq prochaines années, pour une capacité de l'ordre 8050 MW. Les responsables du MEM comptent déjà sur la réception de 1200 MW d'ici la fin 2012, même si la plupart des projets sont encore en phase de développement. La Société Algérienne de Production de l'Electricité (SPE), filiale de Sonelgaz, a lancé en août deux avis d'appel d'offres pour la construction de quatre nouvelles centrales électriques en turbine à gaz. Des entreprises nationales et étrangères sont invitées à répondre à ces appels d'offres qui portent sur la réalisation de centrales d'une capacité de 51 MW à Tamanrasset, de 30 MW à Illizi, de 34 MW à Béni Abbès et de 60 MW à El Goléa. Les offres relatives aux quatre projets seront examinées pendant la première semaine d'octobre. La SPE a également annoncé mi-août avoir confié au groupe sud-coréen Daewoo EC la réalisation d'une centrale électrique en cycle combiné d'une capacité de 1200 MW à Ras Djinet (dans la province de Boumerdès), et ce pour un montant total de 73,4 milliards de dinars (715,9 millions d'euros). Daewoo supervisera tout ce qui touche à la conception, à l'ingénierie, à la construction et à la préparation du projet qui prévoit l'installation d'une nouvelle centrale en cycle combiné pour venir s'ajouter à la centrale actuelle à turbine vapeur d'une capacité de 650 MW. La durée des travaux ne devrait pas dépasser les cinq ans. Le programme d'investissement dans le secteur comprend aussi d'importantes améliorations du réseau de distribution. En effet, un taux insuffisant de couverture électrique et des infrastructures en partie obsolètes ont constitué un obstacle à la croissance du secteur. Dans le cadre du plan quinquennal, Sonelgaz prévoit l'ajout de 300 postes haute tension, 10 000 km de réseau de transport haute tension et 500 km de réseau gaz nécessaires à l'alimentation des nouvelles centrales. Sonelgaz a évoqué les difficultés d'obtention de permis pour effectuer les travaux de maintenance et la réticence des autorités locales et municipales à accorder des titres fonciers pour expliquer la lenteur de la mise en place des investissements précédents et des travaux de maintenance. Cela explique pourquoi les programmes de développement n'ont pas pu évoluer au même rythme que la demande, avec pour conséquence des coupures de courant régulières en période de pics de consommation en été et en hiver. Reste désormais au gouvernement à déterminer un mode de financement pour le programme. Sont actuellement à l'étude un financement par le capital de Sonelgaz et par le Trésor public. On note toutefois des avancées sur plusieurs contrats de construction, ce qui est un bon signe pour la croissance du secteur à l'avenir. " Si la nécessité pour l'Algérie de stimuler sa production électrique n'est pas nouvelle, l'urgence de la situation actuelle pourrait bien donner au pays l'impulsion nécessaire à la mise en œuvre du plan d'investissement en faisant en sorte que les besoins de financement et leur suivi soient assurés ", indique enfin OBG.