Au sud du massif des Aurès, Biskra est l'une des plus belles oasis d'Algérie, vu ses palmeraies, ses mosquées, ses dunes de sable blanc et ses centres. En effet, les cures de sable ont disparu de la région de Biskra comme si elles n'avaient jamais existé. L'oasis de Aïn Benoui était le lieu de prédilection des curistes du sable qui y affluaient des quatre coins du pays attirés par l'espoir de se soulager des maladies chroniques en enfouissant les parties malades de leurs corps sous le sable ardent du Sahara. Des foules d'hommes et de femmes de tout âge envahissant à chaque été cette localité, les Ziban n'ont conservé cette année aucune trace même pas celles de leurs pas de la saison passée, effacées aussitôt par les ondulations incessantes des dunes. Pourtant, au cours des dernières années, les premières chaleurs estivales drainaient vers Biskra des milliers de personnes convaincues des effets thérapeutiques des cures d'ensablement contre, notamment certaines maladies dermiques, les lombalgies (mal de dos) et les rhumatismes. La technique de la cure consistait à enfouir la partie souffrante du corps sous le sable pendant 10 à 30 minutes selon la capacité du concerné à tolérer la chaleur. La séance était répétée plusieurs fois par jour et pendant une semaine et même plus. Le service était assuré par des hommes jouissant d'une bonne corpulence et d'une expérience dans la pratique de cette forme de médication populaire. La plupart de ces hommes venaient de la commune d'El Hadjeb dont dépend la localité de Ain Benoui, toute proche de Biskra, en empruntant la RN 3 qui mène vers les autres wilayas du sud et de l'extrême sud-est. Cette année, cet oasis située à une dizaine de kilomètres de la ville de Biskra est un désert trop silencieux. Les échoppes de fortune érigées par des commerçants pour "le business" saisonnier avec les curistes se sont comme évaporées. La plaque placée sur la RN-46 pour indiquer aux automobilistes l'emplacement de Aïn Benoui a soudainement...disparu. Selon le président de l'Assemblée populaire communale d'El Hadjeb, les dramatiques incidents liés à l'usage de cette médication ont poussé les autorités publiques à proclamer l'interdiction catégorique de ces cures assortie de sanctions coercitives contre les contrevenants. De leur côté, les autorités sanitaires ont lancé, à l'époque, des avis mettant en garde contre les risques encourus par les personnes s'adonnant à cette "pseudo-thérapie" qualifiée de "primitive" et de "dépourvue d'effet curatif". Pour rappel, 21 personnes avaient trouvé la mort pendant la pratique de ces cures durant l'été 1999 et quatre autres durant la saison estivale de l'année passée (2006). Parmi les victimes, certaines étaient mortes de coups de soleil (insolation), alors que d'autres souffraient déjà de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires. Sur l'économie locale, l'effet du désintérêt pour ces cures s'est fait rudement sentir. Les ménages, qui tiraient une partie substantielle de leurs revenus des activités commerciales et de services gravitant autour de cette médication populaire, ont été obligées..."d'aller voir ailleurs". Pour les responsables locaux, l'oasis de Aïn Benoui n'a pas perdu pour autant tout son attrait et reste susceptible d'attirer des investissements touristiques qui mettraient en valeur ses étendues dorées de sable, couvrant les piémonts des majestueux massifs de l'Atlas saharien, lesquelles intéresseraient un jour un opérateur, ou pourquoi pas des opérateurs pour s'y installer là où les curistes prenaient place, défiant la nature et attendant de guérir.