Le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est dit prêt, avant-hier, à mettre son veto au projet de budget pluriannuel 2014-2020 de l'Union européenne s'il prévoyait des hausses de dépenses inacceptables, laissant augurer de longues et difficiles négociations lors du sommet extraordinaire des 22 et 23 novembre. Interrogé à la fin du sommet européen pour savoir s'il était prêt à opposer son veto à ce projet qui suscite de vives divergences entre Etats membres, M. Cameron, a répondu: la réponse courte est oui, ajoutant qu'on ne peut pas toujours ajouter des dépenses aux dépenses dans l'UE. Ce ne serait pas acceptable de voir une forte augmentation dans les dépenses quand les budgets nationaux subissent des coupes. David Cameron, est le chef de file des Amis du dépenser mieux formés avec la France, l'Allemagne, l'Autriche, les Pays Bas, la Suède et la Finlande, partisans d'une réduction drastique du futur budget de l'UE pour 2014-2020 pour le mettre au diapason de l'austérité imposée par la crise. Tous sont contributeurs nets au budget commun. Ils s'opposent aux Amis de la cohésion, une alliance plus ou moins soudée de 17 pays menés par la Pologne. Ces Etats refusent que l'enveloppe de la cohésion, qui représente 40% du budget global, ne fasse les frais de l'austérité au motif que les bénéficiaires des fonds ne parviennent pas toujours à les utiliser pleinement. Les négociations entre les deux groupes ont tourné au dialogue de sourds. La négociation sera longue en raison de nos divergences, a reconnu vendredi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors de la conférence de fin de sommet. Le chef de l'Etat français François Hollande, lui a fait écho. Je crois que le prochain (sommet) qui s'annonce va nous permettre de faire plusieurs nuits, a-t-il dit. Interrogé sur la position de la France, il a enfoncé le clou en ironisant: Vous anticipez sur ce que nous allons passer comme nuits ensemble. Bien sûr qu'il y aura des tensions, des discussions, a-t-il reconnu. La France souhaite avoir un budget suffisant, une enveloppe raisonnable pour financer à la fois les fonds structurels et la politique agricole commune (PAC), a-t-il expliqué. M. Hollande a souhaité la stabilité du budget de la PAC en proportion, sans plus de détails, promettant une position assez proche entre la France et l'Allemagne. L'enveloppe globale du budget de l'UE est fixée sur sept ans et constitue le principal mécanisme de redistribution au sein de l'Union. La Commission européenne a proposé en juillet un budget pluriannuel de 1 033 milliards d'euros en crédits d'engagements et de 987 milliards en crédits de paiements pour la période 2014-2020 afin de tenir compte de l'adhésion de la Croatie, soit une hausse de près de 5% par rapport à la période 2007-2013. Supervision bancaire : Hollande se félicite d'un calendrier plus rapide que prévu François Hollande s'est réjoui, avant-hier, de l'accord conclu lors du sommet de Bruxelles sur la supervision bancaire, affirmant qu'elle interviendrait dans un délai plus rapide encore que ce qui était prévu lors du précédent sommet en juin. C'est une étape importante pour permettre d'aller vers l'union bancaire. Cette union bancaire se fait dans un délai plus rapide encore que le délai prévu au mois de juin, a déclaré le président français lors d'une conférence de presse à l'issue de la première journée du sommet. L'Europe ne prend pas du retard, elle prend de l'avance par rapport à ce qu'elle avait elle-même fixé comme agenda, a-t-il insisté, ajoutant que le cadre législatif pour la supervision bancaire serait en place au 1er janvier 2013. Selon lui, il n'était pas possible d'aller plus vite. Ce soir, j'ai la confirmation que le pire est passé pour la crise de l'euro, a-t-il réaffirmé. Interrogé sur les conditions dans lesquelles il avait pu finalement s'entendre avec la chancelière allemande Angela Merkel, après l'affichage des divergences entre les deux pays, il a affirmé qu'il n'avait pas voulu poser un ultimatum. Sur le calendrier de mise en place de la supervision, il n'y a pas eu de compromis, nous nous sommes retrouvés sur la même démarche, la même position, a dit M. Hollande, se félicitant d'un parfait accord avec nos amis allemands qui ont compris que l'union bancaire devait avoir des étapes, et nous aussi. Interrogé sur l'idée allemande d'un super commissaire européen doté d'un droit de veto sur les budgets nationaux, défendue juste avant le sommet par Mme Merkel, il a simplement dit: C'est une thèse tout à fait respectable mais qui n'a pas été discutée ce soir. Banques espagnoles : Différend franco-allemand sur la recapitalisation directe La recapitalisation directe des banques espagnoles ne sera pas possible à titre rétroactif, a affirmé, avant-hier, la chancelière allemande Angela Merkel, allant à l'encontre de la position défendue par la France qui espère encore arracher un accord sur ce point délicat. Evoquant l'aide décidée par l'UE pour les banques espagnoles, Mme Merkel a indiqué qu'il "n'y aura pas de recapitalisation directe à titre rétroactif", lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet européen de Bruxelles. "Quand la recapitalisation sera possible, elle sera seulement possible pour l'avenir", a-t-elle insisté. La France souhaite que la recapitalisation directe des banques par le pare-feu de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES), soit rétroactive et bénéficie, dans certains cas, aux établissements espagnols, afin que leur sauvetage ne pèse pas sur la dette de ce pays. Débat pas encore tranché "Nous avons plaidé pour la rétroactivité", avait affirmé dès juillet le ministre français des Finances, Pierre Moscovici. Dans la nuit de jeudi à vendredi, une source gouvernementale française à Bruxelles a affirmé que le débat sur ce sujet n'était pas tranché. "Le travail technique commence au niveau des ministres", a indiqué cette source, souhaitant un "accord" début 2013 au niveau des dirigeants européens. Cette même source a avancé une possible solution de compromis entre la position de la France et celle de l'Allemagne qui, avec les Pays-Bas et la Finlande, s'oppose à toute rétroactivité. "Une des possibilités serait que les Etats prennent pour eux une partie des pertes des banques, pour que ça les responsabilise et, sous certaines conditions à définir, que le MES intervienne en direct sur certaines banques y compris pour les situations passées", a-t-elle estimé. Depuis jeudi, Madrid voit s'éloigner la possibilité de bénéficier très rapidement d'une recapitalisation directe de ses banques par le MES. Rajoy content La possibilité de recapitaliser directement les banques "aura lieu en 2013, mais quand, on ne le sait pas encore", a souligné le chef du gouvernement italien, Mario Monti. Moins optimiste, un diplomate européen a estimé que "les banques espagnoles ne seront pas recapitalisées avant fin 2013, probablement 2014". L'Espagne semble en avoir pris son parti. "Je suis très content", a déclaré dans la nuit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. "Il n'est pas dit que c'est urgent pour l'Espagne", a-t-il ajouté vendredi matin, jugeant déjà positif que la recapitalisation directe soit un sujet sur la table des discussions. "Nous avons estimé que le renflouement de nos banques représentera 4% du PIB, ce qui n'est pas beaucoup", a estimé un diplomate espagnol. "Nous pouvons gérer cela sans problème", a-t-il ajouté. La recapitalisation directe des banques doit empêcher que les crises bancaires ne se transforment en crise de la dette. Ce dispositif est censé intéresser particulièrement l'Espagne, qui s'est vue accorder une ligne de crédit de 100 milliards d'euros pour ses banques et craint de voir sa dette exploser. Samaras croit dans le versement rapide du prêt UE-FMI à la Grèce Le Premier ministre grec Antonis Samaras, s'est déclaré confiant dans le versement rapide à la Grèce d'une tranche du prêt UE-FMI accordé en février, le pays n'ayant des réserves suffisantes que jusqu'au 16 novembre. "Je crois que d'ici mi-novembre, fin novembre, cette affaire sera terminée, les réserves de l'Etat ne permettant de tenir que jusqu'au 16 novembre", a indiqué M. Samaras, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet européen à Bruxelles. La Grèce attend impatiemment depuis des mois le déblocage d'une tranche de 31,2 milliards d'euros destinée notamment à recapitaliser ses banques, tirée sur un prêt total de 140 milliards d'euros consenti au pays l'hiver dernier par ses bailleurs de fonds internationaux. Le versement de cette ligne de crédit a pris du retard depuis la crise politique en Grèce au printemps suivie de longues tractations entre le gouvernement grec de coalition et les représentants de la troïka des créanciers UE-BCE-FMI, sur les nouvelles économies qu'Athènes doit faire en 2013 et 2014. M. Samaras a souligné que son gouvernement "était déterminé à faire voter au parlement" les économies réclamées, de plus de 13 milliards d'euros. "La Grèce se trouve sur la bonne voie actuellement, le climat a changé au sein de l'Europe" vis-à-vis du problème grec, a-t-il dit. Sacrifices reconnus Il s'est félicité du fait que les dirigeants de la zone euro ont "salué les progrès de la Grèce pour remettre sur les rails le programme d'ajustement", dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles, en marge du sommet européen. "Les sacrifices du peuple grec sont reconnus et notre sortie de la zone euro est exclue. Le progrès est si important qu'on peut pas le mettre en danger par des commentaires ou demandes excessifs", a dit M. Samaras. En raison de la récession qui frappe le pays pour la cinquième année consécutive, M. Samaras a indiqué qu'il allait essayer de convaincre ses partenaires européens de garantir plus de fonds communautaires pour la Grèce dans le cadre communautaire d'appui (CCA). La Grèce, qui bénéficie de ces fonds depuis son entrée dans l'UE en 1981 comme plusieurs pays du club, "va voir ces fonds se réduire d'ici 2020 de 20 milliards d'euros à 11 milliards d'euros" un calcul qui avait été fait avant la crise de la dette, a rappelé M. Samaras. Le Premier ministre grec a, par ailleurs, indiqué que le Président français et le président du conseil italien, François Hollande, et Mario Monti, se rendraient prochainement en Grèce, après la visite le 9 octobre de la chancelière allemande Angela Merkel.