Le ministre grec des Finances négociait, hier, les derniers détails d'un nouveau mémorandum à signer avec les prêteurs UE et FMI, engageant la Grèce dans un nouvel effort de redressement en échange de son maintien sous perfusion financière, a indiqué une source du ministère. Nous en sommes à la dernière rédaction du texte final, a indiqué cette source, soulignant que le ministre, Yannis Stournaras, entendait conclure aujourd'hui, à temps pour présenter le texte lors d'une réunion des hauts fonctionnaires de la zone euro chargés de préparer les conseils des ministres des Finances (Euroworking group). Le ministre tente d'adoucir les conditions que veut imposer au pays la troïka représentant les bailleurs de fonds de la Grèce (UE-BCE-FMI) en matière de dérégulation du droit du travail, et de boucler tout le paquet, a précisé cette source. Avant-hier soir, les partenaires de gauche de la coalition gouvernementale emmenée par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, avaient réaffirmé leur opposition à ces mesures, visant notamment à faciliter les licenciements. Le résultat des discussions pilotées à distance par M. Stournaras, pour le compte de la Grèce devra toutefois être en principe avalisé par la coalition gouvernementale comportant trois partis, avant que le texte comportant le nouveau plan grec de rigueur ne soit soumis au parlement. Selon cette source, Athènes et ses bailleurs de fonds sont convenus de signer un nouveau mémorandum, parallèlement à l'adoption au parlement des nouvelles mesures d'austérité qu'il prévoit. Il s'agirait du troisième mémorandum depuis 2010, quand le pays au bord de la faillite a dû accepter une sévère purge de rigueur en échange de prêts de l'UE et du FMI. Selon un fac-similé du projet de texte diffusé par le site financier grec Capital.gr, et un résumé fourni par l'agence de presse grecque Ana (semi-publique), ce mémorandum prévoira que la Grèce aura les deux ans supplémentaires qu'elle réclame, jusqu'en 2016, pour assainir son budget. Le quotidien Süddeutsche Zeitung, basé à Munich, écrivait la même chose hier. Aucun accord final n'a toutefois été conclu à ce stade, selon la BCE et la Commission à Bruxelles. La même source du ministère s'est refusé à commenter, affirmant que les textes circulant n'étaient pas la version finale du mémorandum. Selon le draft (projet) de l'accord en anglais diffusé par Capital.gr, la Grèce s'engage à réaliser en 2013 le plus gros, soit 9,2 milliards d'euros, des économies budgétaires d'un total de 13,5 milliards qu'elle doit réaliser d'ici 2014. Elle compte économiser 6,3 milliards en coupes dans des salaires publics, pensions de retraites et allocations sociales, et prévoit de licencier 25 000 fonctionnaires d'ici fin 2013, dont 5 000 courant 2012. Le nouveau train de rigueur inclut aussi le report de deux ans, à 67 ans, de l'âge légal de départ à la retraite. En accord avec ses prêteurs, le pays revoit aussi à la baisse ses objectifs de privatisation, en tablant sur des revenus de 6,6 milliards d'euros d'ici fin 2014, et de 10 milliards d'ici 2016 (contre 19,5 milliards prévus au départ pour 2015). Budget : "pas encore d'accord" sur 2 ans de plus dit Bruxelles La Commission européenne a indiqué, hier, qu'il n'y avait "pas encore d'accord" sur l'octroi au gouvernement grec de deux ans supplémentaires pour assainir son budget, comme l'affirme le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. "Je ne peux rien confirmer de ce qu'il y a dans l'article du Süddeutsche Zeitung", a dit le porte-parole du commissaire chargé des Affaires économiques, Olli Rehn. "Il n'y a pas encore d'accord", a ajouté le porte-parole, Simon O'Connor. Un peu plus tôt un membre du directoire de la BCE, Jörg Asmussen, interrogé sur ces informations de presse, a tenu des propos similaires. "J'ai lu ça aussi. Il n'y a pas jusqu'ici d'accord définitif de la troïka (les créanciers de la Grèce: la BCE, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, ndlr) avec le gouvernement grec", a-t-il affirmé sur la chaîne publique allemande ARD. "Il y a des progrès à Athènes mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté. Le grand quotidien de Munich a affirmé dans son édition de mercredi qu'Athènes va devoir ramener son déficit sous la barre des 3% de son Produit intérieur brut (PIB) en 2016 et non plus dès 2014 comme prévu jusqu'à présent. Les délais accordés à la Grèce pour la mise en place de réformes sur son marché du travail et dans le secteur de l'énergie, ainsi que de nouvelles privatisations vont en outre être prolongés, selon la même source. Le Premier ministre Antonis Samaras, peut également compter sur le fait que les partenaires européens de la Grèce vont débloquer rapidement une nouvelle tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros, ajoute la Süddeutsche Zeitung.