Le gouvernement grec, parvenu à un accord politique sur les mesures de rigueur, attend désormais l'aval de la troïka des créanciers du pays dont les responsables arrivent dimanche à Athènes, pour boucler un nouveau plan d'économies budgétaires sur 2013 et 2014. Les représentants de la troïka, les Allemands Matthias Mors (Commission européenne) et Klaus Masuch, (Banque centrale européenne), et le Danois Poul Thomsen, du Fonds monétaire international (FMI), qui doivent produire un rapport très attendu sur l'état de la Grèce, vont examiner les mesures d'un montant de 13,5 milliards d'euros sur lequel les trois partis représentés au gouvernement se sont finalement mis d'accord la veille. Selon une source du ministère des Finances, avant-hier, les mesures comprennent environ 7 milliards d'euros de coupes dans les retraites, les salaires de certaines catégories de fonctionnaires (juges, universitaires, policiers ou pompiers) et les aides sociales. Près de 3,5 milliards d'euros d'économies proviendront "de réformes structurelles" dans la fonction publique via la fusion ou la suppression d'organismes, ou du départ en retraite anticipée de près de 15 000 fonctionnaires. Enfin les recettes fiscales devraient augmenter de 3 milliards sur les deux années, selon la même source. Deux mois de tractations Le paquet a été présenté une première fois, jeudi soir, par la Grèce à ses partenaires de la zone euro lors d'une réunion technique d'un groupe de travail de hauts fonctionnaires des ministères des Finances de la zone euro (Euroworking group) à Bruxelles, chargée de préparer la réunion des ministres du 8 octobre. Le choix des mesures, dont près de la moitié doivent être inclues dans le pré-projet du budget 2013, que le gouvernement compte introduire au parlement lundi, est le résultat de plus de deux mois de tractations. L'heure de la rencontre entre les représentants de la troïka et le gouvernement grec n'a pas été rendue publique. Le nouveau tour de vis, qui reste à voter au parlement, vient s'ajouter à trois plans d'austérité draconiens déjà adoptés par le parlement grec depuis le début de la crise de la dette en 2010. Il est une condition préalable pour poursuivre les versements des prêts UE-BCE-FMI à Athènes. En échange, Athènes attend le versement d'une tranche vitale de 31,5 milliards d'euros destinée surtout à recapitaliser ses banques, et tirée sur une deuxième ligne de crédit de 130 milliards d'euros accordée au printemps à la Grèce par la zone euro et le FMI pour lui éviter la faillite. Simultanément à ce geste de bonne volonté pour assainir ses finances publiques, la Grèce espère obtenir un "prolongement" de deux ans de sa période d'ajustement budgétaire, c'est-à-dire d'ici 2016 au lieu de 2014. Etaler les mesures sur 4 ans au lieu de 2 Le Premier ministre Antonis Samaras, devrait officiellement formuler cette demande auprès de ses partenaires lors du sommet européen du 18 octobre. L'objectif du gouvernement serait d'étaler les nouvelles mesures douloureuses sur quatre ans au lieu de deux afin d'apaiser la grogne sociale. La perspective de nouveaux sacrifices sur les salaires et pensions a d'ailleurs déjà provoqué une réaction des syndicats, qui ont observé mercredi une grève générale de 24 heures d'avertissement, dans le privé et le public, avec des manifestations émaillées de violences à Athènes et Salonique. La Grèce traverse sa cinquième année consécutive de récession, le recul du PIB devant atteindre près de 7% fin 2012. Le taux de chômage a plus que doublé en deux ans à 24%, frappant surtout les jeunes. Un récent rapport sur l'économie grecque de l'Institut de l'Emploi du syndicat du privé GSEE, souligne que les plans d'assainissement dictés par l'UE et le FMI "ont prolongé la récession et augmenté le chômage", annulant les efforts du pays. "Le pouvoir d'achat en Grèce entre 2010 et 2012 a baissé dramatiquement d'environ 25% en revenant au niveau de 2000. Si cette politique continue, les conséquences seront catastrophiques, et on reviendra au niveau de 1990", prévient ce rapport.