Le pétrolier français Maurel et Prom a reconnu que les appétits de groupes internationaux, parmi lesquels plusieurs sociétés chinoises et notamment le géant Sinopec, sont attisés depuis plusieurs mois par ses activités au Gabon mais qu'aucun accord ne se profile. La société Maurel et Prom dément être proche d'un accord, mais on ne dément pas avoir été contactés par différentes sociétés, dont plusieurs chinoises, concernant divers actifs au Gabon. Mais il n'y a pas d'accord à un horizon prévisible, a-t-on indiqué au sein du groupe. Les contacts actuels ne portent pas sur l'acquisition de la totalité de la société, a-t-on ajouté. Le groupe a été contacté par différents groupes, dont Sinopec, depuis plusieurs mois, a-t-on insisté, précisant qu'aucun de ces contacts n'est suffisamment avancé pour faire l'objet d'une communication quelconque. Tout accord éventuel devrait par ailleurs être approuvé au préalable par les autorités gabonaises, a-t-on relevé. L'agence Bloomberg, citant trois sources proches du dossier non identifiées, avait rapporté peu avant que Sinopec, premier raffineur d'Asie en termes de capacité, avait entamé des négociations informelles pour acquérir Maurel et Prom. Ces sources précisaient que l'opération pourrait valoriser Maurel et Prom à plus de 2 milliards de dollars (1,55 milliards d'euros). Le titre s'est envolé dès l'ouverture, jeudi dernier, à la Bourse de Paris, particulièrement calme pour cause de jour férié en France, prenant jusqu'à 14%. Il a terminé la séance en hausse de 8,33% à 11,64 euros, tandis que le CAC 40 a progressé de 1,35%. Sa capitalisation boursière ressort à 1,41 milliard. Sinopec n'était pas joignable immédiatement. Un expert du secteur a relevé qu'un tel rachat par le groupe chinois serait la chose la plus improbable car Sinopec a des problèmes politiques au Gabon. Ils ont fait une acquisition qui s'est mal passée mais peut-être cherchent-ils à y rétablir leur position. Sinopec a acheté le groupe canadien Addax Petroleum en juin 2009 pour 7,2 milliards de dollars. A l'époque, Addax exploitait des champs pétroliers dans le Kurdistan irakien, au Nigeria, au Cameroun ainsi qu'au Gabon. Un éventuel rachat de Maurel et Prom par des mastodontes du secteur est fréquemment évoqué: le groupe a démenti en juin des rumeurs de rachat, évoquées dans la presse, par le géant pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell et l'américain Anadarko. Trop petit pour rester indépendant Maurel et Prom n'a pas été approché, ni par Shell, ni par d'autres, avait alors indiqué un porte-parole du pétrolier. Il faut dire que la direction du groupe fait publiquement savoir depuis de longues années que Maurel et Prom est trop petit pour rester indépendant, évoquant l'hypothèse d'un rachat pur et simple ou d'un mariage entre égaux. Jusqu'à présent, les éventuels prétendants n'ont visiblement pas donné satisfaction. Et les sociétés internationales qui ont approché le groupe français ne s'intéressent, pour l'instant du moins, qu'à ses activités au Gabon. Au premier semestre 2012, 95,7% de sa production provenait du Gabon (le reste de Colombie), où le pétrolier a dépassé le cap des 20 000 barils/jour le 24 octobre, contre 15 300 b/j au 30 juin. Cette hausse provient du raccordement de deux des quatre plate-formes supplémentaires prévues au deuxième semestre et de la mise en production progressive de nouveaux puits. Maurel et Prom est l'un des principaux opérateurs au Gabon mais il reste loin du français Total et de l'anglo-néerlandais Shell qui s'arrogent environ 60% de la production gabonaise (entre 220 000 et 280 000 barils/jour). Le groupe, qui fait de l'exploration et de la production, a cédé en 2007 des actifs au Congo au groupe pétrolier italien Eni pour 1,09 milliard d'euros. Il a également vendu en mai 2009 sa filiale colombienne Hocol à la compagnie publique colombienne Ecopetrol, pour 742 millions de dollars, et introduit Maurel et Prom Nigeria (MPN) à la Bourse de Paris en décembre 2011. Il est aujourd'hui présent dans 10 pays. Au premier semestre 2012, il a enregistré une hausse de 24% de son chiffre d'affaires à 226 millions d'euros (données retraitées) pour une production moyenne de 14 700 barils de pétrole par jour.