La Banque centrale européenne, qui a offert depuis deux mois un répit certain à la zone euro avec la mise en place d'un nouveau programme de rachat de dette des Etats, ne devrait pas faire d'annonce la semaine prochaine, alors qu'elle fête le un an de Mario Draghi, à sa tête. Le PMI Selon les analystes, il ne faut s'attendre ni à une baisse du principal taux d'intérêt de la BCE ni à de nouvelles mesures en faveur des banques lors de la prochaine réunion mensuelle de son conseil des gouverneurs, jeudi, à Francfort (ouest). "Le consensus parmi les économistes escompte désormais une nouvelle baisse de taux à 0,5% (contre 0,75% actuellement, son plus bas niveau historique, ndlr) au premier trimestre 2013", écrit Jennifer McKeown de Capital Economics, alors que récemment encore un tel mouvement était jugé possible avant la fin de l'année. Mais aux yeux de la BCE, ouvertement déçue du peu d'effet de la dernière baisse opérée en juillet, cette mesure n'apporterait rien, souligne Mme McKeown qui s'attend à ce que l'institution se concentre plutôt sur les moyens pour aider à la bonne transmission de sa politique monétaire.La BCE pourrait aussi réfléchir à la manière d'inciter les banques de la zone euro à prêter davantage aux ménages et entreprises alors qu'elles y sont toujours réticentes. Taux espagnols et italiens en recul Pour l'instant, la décision en septembre de lancer un nouveau plan de rachat de dette publique (programme OMT), sans limite de montant ni de temps, a suffi à contenter les marchés, sans que le moindre centime n'ait été déboursé.Les taux espagnols et italiens, qui avaient atteint des sommets au cours de l'été, ont reculé, les places boursières ont cessé de jouer au yo-yo et le scénario d'un éclatement de la zone euro a été mis en sourdine. Autant d'éléments à mettre au compte de M. Draghi, selon les économistes. L'Italien, tout en se faisant le héraut de la stabilité des prix, que la BCE a mandat d'assurer, n'a pas hésité depuis qu'il en a pris les rênes le 1er novembre 2011, à multiplier les actions pour défendre la zone euro et signifier "l'irréversibilité" de la monnaie unique, malgré les critiques des "faucons" en son sein, dont celles de la Banque centrale allemande. Dès la première réunion du conseil des gouverneurs sous sa houlette, il a baissé les taux après les deux hausses opérées par son prédécesseur Jean-Claude Trichet. Puis il a offert plus de 1 000 milliards d'euros de prêts aux banques de la région sur une période inédite de trois ans dans l'espoir de relancer le crédit mais aussi, secrètement, de faire baisser les taux d'emprunt des pays en difficulté. Surtout, il a frappé un grand coup au cours du mois de juillet en affirmant que la BCE était "prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro". Une déclaration qui a cueilli à froid ses collègues qu'il n'avait pas prévenus. Ce qui ne l'a pas empêché de convaincre le conseil des gouverneurs d'adopter l'OMT. Seule la Bundesbank a voté contre et s'est empressée de critiquer cette décision, avec le risque d'en affaiblir la portée. Elle juge qu'elle pourrait entraîner de l'inflation et s'apparenter à un financement des Etats, ce qui est interdit à la BCE. Mais M. Draghi a réussi à s'assurer le soutien de la chancelière allemande et de son ministre des Finances, isolant ainsi la Bundesbank. "Il a été politiquement intelligent et très pragmatique, tout en agissant toujours dans le cadre du mandat de la BCE", estime Marco Valli, économiste chez UniCredit. L'action de la BCE ne peut toutefois sauver la zone euro à elle seule, souligne Holger Schmieding, de la banque Berenberg. "Elle peut fournir un filet de sécurité et s'assurer que l'euro ne tombe pas, victime de marchés irrationnels. Néanmoins, le travail majeur doit être effectué par les gouvernements, au travers de réformes budgétaires et structurelles", ajoute-t-il.Face à une situation économique qui reste très mauvaise et un chômage qui bat des records, M. Draghi devrait tenir le même message jeudi et appeler, comme il le fait régulièrement, les gouvernements à profiter de l'accalmie qu'il leur offre pour réformer leurs économies et renforcer la gouvernance en zone euro. Tenir "pendant cinq ans ou plus" pour sortir de la crise, assure Merkel La chancelière allemande Angela Merkel a estimé qu'il fallait tenir "pendant cinq ans ou plus" pour surmonter la crise de l'euro, lors d'une réunion de son parti à Sternberg (est)."Nous devons retenir notre souffle pendant cinq ans ou plus", a déclaré la chancelière lors du congrès régional de son parti, l'Union démocrate-chrétienne (CDU), dans le Land (Etat-région) du Mecklembourg-Poméranie antérieure, selon l'agence allemande DPA. "Beaucoup d'investisseurs ne croient pas que nous puissions tenir nos promesses en Europe", a-t-elle souligné, avant d'ajouter: "Nous devons faire preuve de rigueur pour convaincre le monde qu'il est rentable d'investir en Europe". Avant un sommet européen de nouveau crucial les 24 et 25 novembre, Angela Merkel va enchaîner les rencontres avec les dirigeants européens. Mercredi prochain, elle doit prononcer un discours-programme devant le Parlement européen, avant de rencontrer le Premier ministre britannique David Cameron dans la soirée. Le 12 novembre, elle se rend au Portugal puis doit recevoir le 15 le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.