La valse des consultations sur la crise en zone euro, avec l'Espagne à nouveau en ligne de mire suite à l'appel à l'aide de la Catalogne, se poursuit mercredi avec la visite à Berlin du chef du gouvernement italien Mario Monti. Troisième dirigeant européen à s'inscrire sur le carnet de bal d'Angela Merkel, qui a déjà reçu la semaine dernière le président français François Hollande et le premier ministre grec Antonis Samaras, M. Monti s'est voulu d'emblée rassurant.Dans une interview diffusée mercredi par le quotidien économique Sole 24 Ore, il exclut à nouveau de demander un plan de sauvetage: «Je ne veux certainement pas que l'Italie, après les efforts et les résultats obtenus, soit soumise à une sorte de tutelle intrusive, comme il est advenu dans des pays qui avaient besoin d'aides pour clore leurs propres budgets. Nous, nous ne sommes pas dans cette situation».M. Monti juge par ailleurs que la campagne virulente menée par la Bundesbank contre les projets de rachats d'obligations publiques de la Banque centrale européenne (BCE) pourrait être «un but contre son camp».De tels achats viseraient à réduire les écarts très élevés entre les taux allemands et italiens ou espagnols, ce qui pourrait selon lui aussi bénéficier à l'Allemagne, en contenant l'inflation. Une conférence de presse commune entre Mme Merkel et M. Monti est prévue vers 12h15 GMT.Le président de la BCE Mario Draghi a lui-même pris la plume pour défendre sa politique, dans une colonne à paraître jeudi dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit. Il y assure que la BCE agira toujours en toute indépendance et dans le cadre de son «mandat», mais affirme que la politique monétaire «nécessite parfois des mesures exceptionnelles». Les espoirs des économistes reposent plus que jamais sur l'institution de Francfort, qui a promis des actions sur le marché de la dette publique, sans en définir les contours jusqu'ici, et qui réunit dans un peu plus d'une semaine son conseil des gouverneurs.M. Draghi, a encore dopé les attentes entourant cette réunion du 6 septembre en annulant sa visite en fin de semaine à la grande réunion des banquiers centraux de Jackson Hole, aux Etats-Unis, pour cause d'un «agenda de travail chargé». Certains économistes estiment toutefois que la BCE pourrait temporiser avant d'en dire plus sur son projet de rachat d'obligations publiques.Selon eux, M. Draghi et ses collègues seraient tentés d'attendre le 12 septembre, journée s'annonçant cruciale pour la monnaie unique. A cette date, la Cour constitutionnelle allemande doit rendre une décision préliminaire très attendue sur la mise en place d'un mécanisme de secours permanent en zone euro ainsi que sur le pacte budgétaire, censé encadrer plus sévèrement les politiques nationales. Le même jour, les Pays-Bas connaîtront des législatives anticipées dont l'Europe sera l'enjeu central.Au-delà de l'Italie et de la BCE, c'est l'Espagne qui occupait mercredi tous les esprits, au lendemain d'un appel à l'aide de plusieurs milliards d'euros de la Catalogne. Madrid, où François Hollande est attendu jeudi, a par ailleurs confirmé que le pays s'était enfoncé un peu plus dans la récession au deuxième trimestre, avec un recul du Produit intérieur brut de 0,4%. Ce retour de l'Espagne au premier plan des inquiétudes coïncidait avec une accalmie à propos de la Grèce, après une tournée effectuée par le Premier ministre Antonis Samaras, qui semble avoir inspiré confiance à Berlin comme à Paris et Bruxelles.Mercredi le quotidien Handelsblatt se fendait d'un portrait flatteur à son sujet, et inhabituel en Allemagne où la Grèce est souvent vertement critiquée. «M. Samaras se présente désormais comme un réformateur. Avec succès: les chances d'un maintien de son pays dans la zone euro ont augmenté», a écrit le journal. Et Mme Merkel elle-même a adouci son discours, déclarant par exemple jeudi dernier que son «coeur saignait» face aux sacrifices imposés en particulier aux retraités grecs.