L'Organisation des compagnies aériennes arabes (AACO) approuve et soutient les démarches entreprises par l'Algérie pour contester la taxe carbone imposée unilatéralement par l'Union européenne (UE) à tous les avions survolant son espace aérien, a affirmé hier, à Alger, M. Abdelouahab Toufaha. "Je sais que l'Algérie a entrepris des démarches officielles pour contester cette mesure (taxe carbone). Nous les soutenons et approuvons", a-t-il déclaré en marge des travaux de la 45ème Assemblée générale de l'AACO, dont les travaux se poursuivent à huis clos. Selon lui, en imposant la taxe carbone l'UE porte "atteinte à la souveraineté des pays" et viole la réglementation régissant le transport aérien dans le monde. Il a, toutefois, précisé que la contestation officielle est du ressort des gouvernements et non pas des compagnies aériennes, qui sont des opérateurs économiques sans aucun pouvoir politique. "Sachant que l'UE est une organisation politique il revient donc aux gouvernements de réagir et de contester ces mesures et décisions d'ordre international. Les compagnies aériennes commerciales vont suivre après", a-t-il souligné. Même si les positions des Etats ne sont pas toutes claires, il est bon de savoir qu'il existe un consensus international sur la non-conformité de cette mesure européenne, a-t-il rassuré. Entrée en vigueur le 1er janvier 2012, cette taxe oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique. D'après l'Agence internationale de l'aviation civile (IATA), l'imposition de cette taxe représenterait une surcharge de 23,8 milliards de dollars pour le secteur de l'aviation sur les 8 prochaines années. Les compagnies membres de l'organisation sont, selon le SG de l'AACO, prêtes à assumer leurs responsabilités en matière de protection de l'environnement et s'oppose à toute décision unilatérale et non conforme à la réglementation internationale, à l'image de la fameuse taxe carbone. Concernant la situation du transport aérien arabe, M. Toufaha, a fait savoir qu'elle est en "constante progression" tant sur le plan international que domestique, et ce malgré l'avènement du phénomène communément appelé le "Printemps arabe". La part de marché des compagnies aériennes arabes est passée de 3% en 2001 à plus de 10% en 2011, a-t-il relevé. Il est cependant trop tôt pour parler de "bloc de compagnies aériennes arabes" comme cela est le cas des compagnies européennes qui possèdent 25% du marché mondial, a-t-il ajouté. Pour lui, une accélération du développement du transport aérien dans le monde arabe nécessite une "réforme" de l'intérêt que lui portent les gouvernements arabes, qui doivent le percevoir en tant que moyen indispensable pour leur croissance économique. "La vision des pays arabes au rôle du transport aérien dans le développement économique doit être revue. Le transport aérien qui était un luxe propre aux élites des sociétés, est devenu accessible à toutes les couches de la société", a-t-il conclu.