Le président syrien Bachar Al-Assad a estimé que seules les urnes pouvaient décider de son avenir, et a mis en garde contre un conflit à long terme avec les rebelles, dans une interview à la chaîne de télévision russe en langue arabe Rousya Al-Youm, dont la transcription a été publiée hier. Le départ ou non du président peut se décider seulement à travers les urnes, a déclaré M. Assad, ajoutant que le conflit avec les rebelles pourrait se prolonger à long terme si ceux-ci continuent de recevoir du soutien de l'étranger. "Je veux vivre et mourir en Syrie" D'autre part, le président Bachar Al-Assad a affirmé qu'il voulait vivre et mourir en Syrie et mis en garde contre les conséquences mondiales d'une intervention étrangère dans son pays. Je ne suis pas une marionnette Je suis syrien et je dois donc vivre et mourir en Syrie, a déclaré M. Assad, qui fait face depuis près de 20 mois à une révolte devenue conflit armé, Mardi dernier, le Premier ministre britannique David Cameron s'était dit favorable à une sortie sécurisée de M. Assad de Syrie si cela pouvait mettre fin à l'effusion de sang, l'opposition posant comme condition sine qua non à tout dialogue politique le départ de M. Assad. Alors que l'opposition et les rebelles syriens appellent la communauté internationale à agir en Syrie, le chef d'Etat a estimé qu'une telle intervention entraînerait un effet domino qui affecterait le monde de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique. Présentant son pays comme le dernier bastion de la laïcité, de la stabilité et de la coexistence dans la région, il a estimé que le coût de l'invasion étrangère de la Syrie, si elle avait lieu, serait supérieur à celui que le monde peut payer. Je ne pense pas que l'Occident aille dans cette direction, mais s'il le fait, personne ne peut prédire ce qui se passera après, a-t-il poursuivi, dans une vidéo mise en ligne par la chaîne. La Syrie est en proie depuis mi-mars 2011 à une révolte populaire devenue conflit armé. Les violences ont fait plus de 37.000 morts, selon une ONG syrienne. 8 000 Syriens se réfugient en Turquie en une nuit Quelque 8 000 Syriens ont franchi la frontière turque dans la nuit de jeudi à vendredi pour fuir les combats qui opposent l'armée du président Bachar Al-Assad et les rebelles au poste-frontière de Ras-al-Ain, a annoncé un responsable du ministère turc des Affaires étrangères. Cette nouvelle vague porte à plus de 120 000 le nombre total de réfugiés syriens en Turquie, après plus de vingt mois de guerre civile en Syrie, a précisé ce responsable. Parmi les réfugiés qui ont fui dans la nuit, 5.000 Syriens ont été conduits dans un camp dans la ville d'Akçakale, près de la frontière syrienne, et les autres vont être hébergés chez des parents en Turquie, a-t-il ajouté. Par ailleurs, plusieurs dizaines d'officiers de l'armée syrienne, dont deux généraux et onze colonels, ont fait défection hier,pour rejoindre la rébellion, a rapporté l'agence de presse Anatolie. Ces militaires accompagnés de membres de leurs familles, au total 71 personnes, ont été conduits dans le camp d'Apaydin, dans la province turque de Hatay, a ajouté Anatolie. Depuis le début mercredi soir des combats pour le contrôle du poste-frontière de Ras-al-Ain, six civils turcs résidant dans la ville voisine de Ceylanpinar ont été blessés par des balles perdues, a indiqué, hier, le responsable du ministère turc des Affaires étrangères. Navi Pillay "très inquiète" face aux problèmes du CICR La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a qualifié, hier, de "très inquiétante" l'admission par le Comité International de la Croix Rouge (CICR) qu'il ne parvenait plus à faire face à l'aggravation de la crise humanitaire en Syrie. "C'est toute l'importance du CICR: ils arrivent toujours à rejoindre les populations, sauf si cela leur est réellement impossible. Cette déclaration est donc très inquiétante", a estimé Navi Pillay, faisant référence aux déclarations faites la veille par le président du CICR, Peter Maurer. Le diplomate bernois avait admis que l'organisation "ne peut pas développer nos opérations suffisamment vite face à l'aggravation de la situation humanitaire en Syrie". "Il y a beaucoup de points blancs où aucune aide ne parvient, nous ne savons pas quelle est la situation ni combien de personnes sont concernées", avait-il ajouté. Mme Pillay a qualifié de "très significatif le fait que le CICR se soit dit incapable de mettre en oeuvre ces principales missions". La Haut commissaire a par ailleurs critiqué "l'échec" du Conseil de sécurité de l'ONU à mettre un terme à la crise en Syrie. "L'échec à venir en aide aux populations victimes est rendu évident par les faits survenus depuis plus de 18 mois et par les milliers de personnes tuées en Syrie", a-t-elle indiqué en marge du Forum de Bali sur la démocratie, qui s'est achevé hier. "J'appelle le Conseil de sécurité à suivre les conventions qu'il a lui-même adoptées, les normes qu'il a établies, c'est-à-dire assurer la paix et la sécurité dans le monde", a-t-elle poursuivi.