La Chine a annoncé un ralentissement de l'inflation à 1,7% au mois d'octobre, son niveau le plus bas depuis début 2010, ce qui devrait donner de la marge de manœuvre au gouvernement pour lutter contre le ralentissement de la croissance, selon les analystes. L'inflation dans la deuxième économie mondiale s'était encore élevée à 1,9% en septembre et à 2% en août. Il faut remonter à janvier 2010 pour trouver un chiffre plus bas (1,5%). La hausse du mois dernier est inférieure à la moyenne des prévisions des économistes interrogés par l'agence Dow Jones, qui s'attendaient à une progression de 1,9% de l'indice des prix le mois dernier dans la deuxième économie mondiale. Il tombe à pic durant le congrès du parti communiste alors que la hausse des prix est un fréquent sujet de mécontentement populaire. Les prix des produits alimentaires, particulièrement sensibles pour les catégories les plus modestes de la population, ont progressé en octobre de 1,8% sur un an, et baissé de 0,8% sur un mois, a précisé le Bureau national des Statistiques (BNS). Le ralentissement de l'inflation en Chine va de pair avec celui de la croissance, tombée à 7,4% au troisième trimestre, son rythme le plus bas depuis le 1er trimestre 2009, en pleine crise financière mondiale. L'indice des prix à la production, un indicateur avancé de l'inflation à venir, a pour sa part reculé en octobre de 2,8%, selon le BNS. Cette baisse est moins forte qu'en septembre, lorsque les prix à la production avaient reculé de 3,6%. Par rapport au mois de septembre, les prix à la production ont progressé de 0,2%, tandis que les prix à la consommation ont baissé de 0,1%. "Le risque inflationniste reste faible à court terme", a réagi Sun Junwei, une économiste de la banque HSBC, qui estime que "cela va donner de la marge de manœuvre à la banque centrale pour maintenir une politique monétaire relativement accommodante ainsi qu'une politique budgétaire destinée à soutenir la reprise économique". Les décideurs à Pékin "restent focalisés sur un renforcement de l'activité industrielle, et ne s'inquiètent que très peu de l'inflation", a estimé pour sa part dans une note d'analyse Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight. Pour éviter un ralentissement trop brutal, la banque centrale a pris depuis décembre dernier des mesures d'assouplissement monétaire, baissant à trois reprises les réserves obligatoires des banques pour leur permettre de prêter davantage, et réduisant par deux fois les taux d'intérêt directeurs en juin et juillet. Pékin a également relancé cet été l'investissement dans certaines infrastructures comme les transports ferroviaires. "La principale tâche de la banque centrale est maintenant d'empêcher que la croissance ralentisse encore davantage tout en empêchant la formation d'une bulle d'actifs", a commenté Lu Ting, économiste chez Bank of America - Merrill Lynch. Pour répondre à la crise financière de 2008, Pékin avait adopté un plan de relance de 400 milliards d'euros et ouvert en grand les vannes de crédit. Stimulant la demande intérieure, ces mesures avaient eu pour corollaire une accélération de la hausse des prix, qui avait culminé en juillet à 6,5% en rythme annuel en juillet 2011. L'inflation a depuis reculé en Chine, sous le triple effet d'une politique monétaire plus restrictive, de restrictions imposées pour éviter la formation d'une bulle spéculative dans le secteur immobilier et de prix moins élevés des matières premières sur le marché mondial. Rebond de la production industrielle à +9,6% en octobre Les hausses de l'activité industrielle, des ventes de détail et des investissements en capital fixe se sont accélérées au mois d'octobre en Chine, selon les chiffres publiés par le gouvernement, en plein congrès du parti communiste. Ces statistiques permettent d'espérer un rebond de la croissance dans la deuxième économie mondiale, qui est tombée à 7,4% au troisième trimestre, en baisse pour le septième trimestre consécutif et à son niveau le plus bas depuis la crise financière mondiale. La hausse de la production industrielle s'est légèrement accélérée le mois dernier, à 9,6% sur un an, contre 9,2% au mois de septembre, a rapporté le Bureau national des Statistiques. Sur les dix premiers mois de l'année, la production industrielle dans la deuxième économie mondiale, "atelier du monde", s'est élevée à 10% par rapport à la même période de l'an passé. Les ventes de détail en Chine, jauge de la consommation des ménages, ont elles progressé de 14,5% sur un an en octobre, contre 14,2% en septembre, selon le BNS. Pour les dix premiers mois de l'année, ces ventes ont augmenté de 14,1% par rapport à la même période de l'an passé. Enfin, la hausse des investissements en capital fixe en Chine s'est légèrement accélérée à 20,7% pour les dix premiers mois de l'année, contre 20,5% pour les neuf premiers. Les investissements en capital fixe se sont élevés à plus de la moitié du Produit intérieur brut (PIB) chinois l'an passé et bénéficient des mesures de soutien à l'activité du gouvernement pour juguler le ralentissement de la croissance.Le rebond de l'activité en octobre n'a pas provoqué d'accélération de la hausse des prix à la consommation, qui s'est au contraire ralentie le mois dernier à 1,7% en rythme annuel. Ces bonnes nouvelles interviennent au moment où les plus hauts dirigeants du pays sont réunis à Pékin pour le 18e congrès du parti communiste, qui doit voir de nouveaux dirigeants accéder aux plus hautes marches du pouvoir la semaine prochaine.