Une guerre contre les islamistes armés qui occupent le nord du Mali serait dévastatrice pour les pays voisins qui seront alors victimes d'un volcan aux cendres incandescentes, a affirmé, avant-hier, le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie. Ce pays longtemps décrit comme un modèle de démocratie en Afrique ressemble à un volcan sur le point d'entrer en éruption. Et si ce volcan se réveillait, il déverserait ses cendres incandescentes sur tous les Etats voisins, a déclaré Messaoud Ould Boulkheir, au cours d'une réunion du Parlement mauritanien. Compte tenu des frontières que nous partageons avec ce pays et de l'étroite imbrication des intérêts entre nos deux peuples frères, notre pays ne peut naturellement rester à l'écart d'un tel développement, a dit M. Ould Boulkheir. Les dirigeants ouest-africains ont approuvé dimanche dernier l'envoi d'une force militaire internationale de 3.300 soldats au Mali pour en chasser les islamistes qui occupent la partie Nord de ce pays. Ce plan doit être transmis, via l'Union africaine, avant fin novembre aux Nations unies, qui doivent décider de la suite à donner à cette opération militaire envisagée. M. Boulkheir a estimé que la Mauritanie doit avant tout œuvrer sérieusement à trouver une issue pacifique à ce casse-tête du nord du Mali, une solution qui garantit l'unité territoriale (du pays) et préserve (son) régime démocratique. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, en convalescence à l'étranger depuis un mois après avoir été blessé par balle et par erreur par un soldat le 13 octobre près de Nouakchott, avait rejeté le 5 août dernier l'envoi de troupes au sol au Mali pour y combattre les islamistes armés. " Un mauvais choix ", estime le chef d'Ansar Eddine Le chef d'Ansar Eddine, un des trois groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, Iyad Ag Ghaly, a qualifié, avant-hier, de mauvais choix la décision prise la veille par les dirigeants ouest-africains d'envoyer des soldats dans cette région. La décision des chefs d'Etat africains, poussés par la France, constitue un mauvais choix et un parti-pris contre une partie des populations du Mali, a déclaré Iyad Ag Ghaly, dans une interview réalisée et publiée avant-hier, par un média en mauritanien en ligne. Ils ont décidé de soutenir une partie du peuple malien contre une autre qui a souffert des années durant de l'injustice, de la marginalisation et de toutes formes de privations, a-t-il affirmé, estimant que, ce faisant, ils auront raté une occasion historique de réaliser un Etat malien unifié. Les populations du nord du Mali, composées de Touareg, Peulh, Songhaï et Arabes, se sont toujours estimées marginalisées par le pouvoir central de Bamako. M. Ag Ghaly est lui même un ancien rebelle touareg de Kidal (nord-est) dans les années 1990 qui, devenu islamiste, a créé le mouvement Ansar Eddine au début de l'année, et préconise l'application de la charia (loi islamique) à tout le Mali. Selon lui, seul le président (malien) par intérim, (Dioncounda) Traoré, supportera la responsabilité de cette erreur historique et les conséquences qui découleraient de cette guerre qui toucheront tous les peuples de la région.