Les prix du pétrole hésitaient, hier, en cours d'échanges européens dans un marché indécis, digérant la conclusion d'un accord à Bruxelles sur une nouvelle aide à la Grèce et toujours marqué par les craintes d'un blocage politique sur le budget aux Etats-Unis. À la mi-séance, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 110,81 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 11 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance gagnait 4 cents à 87,78 dollars. "Les incertitudes du marché (sur la zone euro) ont été grandement réduites" par l'accord conclu sur la Grèce dans la nuit de lundi à mardi, "et la réaction initiale des marchés a été positive", les cours du baril grimpant dans les échanges asiatiques, soulignait Tamas Varga, analyste du courtier PVM. Après plus de 13 heures de réunion, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) se sont entendus pour que la dette grecque soit ramenée à 124% du PIB d'ici 2020, contre un objectif initial de 120% défendu par le FMI, soit un allégement de cette dette d'environ 40 milliards d'euros d'ici 2020. Les ministres de l'Eurogroupe ont aussi décidé de débourser un total de 43,7 milliards d'euros bloqués depuis des semaines, une aide cruciale pour la Grèce qui se trouve au bord de l'asphyxie. Cependant, les cours du pétrole ont effacé leurs gains au début des échanges européens, à mesure que les opérateurs digéraient l'accord conclu à Bruxelles. "Les créanciers de la Grèce ont peiné à trouver un accord sur les conditions nécessaires pour poursuivre l'aide financière à la Grèce, et dans ces conditions, la zone euro devrait continuer de focaliser l'attention des investisseurs pour encore longtemps", observait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Par ailleurs, "le marché reste confronté à une autre incertitude: le mur budgétaire américain", c'est-à-dire l'ensemble de hausses d'impôts et coupes budgétaires massives et automatiques qui interviendra début 2013 aux Etats-Unis en l'absence de compromis entre partis Républicains et Démocrates sur le budget, ajoutait M. Varga. Les investisseurs sont donc suspendus aux tractations politiques en cours à Washington, qui ont repris lundi après la trêve de Thanksgiving la semaine dernière. "Un échec à trouver un accord aboutira" à l'entrée en vigueur de mesures d'austérité automatiques qui "pourraient bien faire tomber dans la récession l'économie des Etats-Unis", premier pays consommateur de brut, estimait M. Varga. Dans ce contexte, "les incertitudes macroéconomiques pèsent sur le moral du marché, accroissant les inquiétudes sur le ralentissement de la demande pétrolière mondiale" alors que l'offre de brut reste "abondante", notait M. Kryuchenkov. Les opérateurs seront d'autant plus attentifs aux chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) attendus aujourd'hui, et considérés comme un baromètre de la consommation pétrolière américaine. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait annoncer une hausse de 900 000 barils des stocks de brut aux Etats-Unis sur la semaine achevée le 23 novembre, ainsi qu'un bond de 1,2 million de barils des réserves d'essence et une progression de 200 000 barils des stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), très surveillés à l'approche de l'hiver. En Asie, le pétrole a rebondi, hier dans les échanges matinaux, peu après l'accord à Bruxelles entre la zone euro et le FMI sur les moyens de réduire la dette grecque et le versement tant attendu d'une aide financière à Athènes, gelée depuis des mois. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier gagnait 30 cents, à 88,04 dollars dans les échanges électroniques, et le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance s'appréciait de 29 cents, à 111,21 dollars.