Les prix du pétrole accentuaient leur repli, hier, en cours d'échanges européens, pénalisés par les espoirs d'avancées lors de la reprise des négociations dans le dossier iranien, et minés de surcroît par les craintes persistantes sur la Grèce avant un sommet européen. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 107,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,34 dollar par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, abandonnait 89 cents à 90,96 dollars. Il a glissé peu après l'ouverture jusqu'à 90,71 dollars, son plus bas niveau depuis début novembre. "Les cours du baril sont tirés vers le bas par le fait que s'atténuent les craintes d'un échec des négociations entre Téhéran et les pays occidentaux" sur le dossier du nucléaire iranien, notaient les experts du cabinet viennois JBC Energy. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano, a en effet annoncé, avant-hier, qu'un "accord" avec l'Iran serait prochainement conclu, visant à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien, soupçonné d'avoir des visées militaires. Cette annonce intervient la veille de la reprise des discussions à Bagdad sur ce dossier entre l'Iran et le Groupe "5+1" (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne, Chine plus Allemagne). Des avancées dans ces négociations pourraient diminuer la prime de risque sur les prix du baril, gonflée depuis le début de l'année par les sanctions internationales contre l'Iran, et notamment un embargo de l'Union européenne (UE) sur le brut iranien, décidé en janvier et devant être effectif totalement en juillet. En cas de compromis avec Téhéran, "il apparaît désormais que les pays occidentaux sont prêts à assouplir les sanctions internationales, et éventuellement de permettre à des navires assurés en Europe de transporter du brut iranien" après juillet, observait JBC Energy. "Il y a beaucoup de pression sur l'Iran pour accepter des concessions, mais s'il refuse, cela pourrait apporter aux cours du pétrole le soutien dont ils ont besoin pour éviter de glisser sous le seuil de 100 dollars" à Londres, tempérait toutefois David Hufton, analyste du courtier PVM. Le marché était par ailleurs sur ses gardes avant le sommet informel, d'hier soir, à Bruxelles des dirigeants de l'UE, alors que les craintes d'une sortie de la Grèce de la zone euro restent vives. Les investisseurs guettaient également, hier, les statistiques hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE). Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le DoE devrait faire état d'une hausse de 500 000 barils, sur la semaine achevée le 18 mai, des stocks américains de brut, les amenant à un nouveau plus haut niveau depuis l'été 1990, un signal jugé inquiétant sur la situation de la demande pétrolière du pays. Les stocks d'essence sont attendus en baisse de 700 000 barils et les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) en recul de 200 000 barils. Le brut se replie en Asie Les prix du pétrole se repliaient, hier matin, sur le marché asiatique, en raison d'espoir d'avancées dans le dossier iranien, dans un marché toujours soucieux de la crise de la dette en zone euro. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet cédait 60 cents à 91,25 dollars dans les échanges matinaux, pour son premier jour de cotation à cette échéance. Le baril de Brent de la mer du Nord échéance juillet reculait de 62 cents à 107,79 dollars. "Le pétrole a baissé après des informations selon lesquelles l'Iran va laisser entrer sur son territoire des inspecteurs nucléaires de l'ONU", a déclaré Justin Harper, analyste chez IG Markets Singapore. Les prix étaient également déprimés par les chiffres de l'Institut américain du pétrole faisant état d'une baisse de la demande hebdomadaire de brut aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir. Les chiffres du département de l'Energie sont attendus pour la fin de journée.