La production industrielle au Japon a grimpé de 1,8% en octobre sur un mois, dopée par la fabrication de semi-conducteurs et d'écrans à cristaux liquides de petite et moyenne taille, a annoncé le ministère de l'Industrie cette semaine. Il s'agit de la première progression enregistrée en quatre mois, d'autant plus surprenante que les analystes s'attendaient en moyenne à un nouveau repli de 2,2%, d'après des enquêtes publiées dans la presse économique. En octobre, les secteurs de l'électronique, des métaux transformés et des équipements pour les transports ont tiré l'activité industrielle de l'archipel, a précisé le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti). Sur un an, la production industrielle a toutefois reculé de 4,3%. Pendant l'été, les constructeurs d'automobile ont en effet réduit le rythme dans leurs usines de pièces détachées et d'assemblage, en raison de la fin prévue d'un programme nippon de subvention publique à l'achat de véhicules non polluants. L'activité manufacturière japonaise a aussi souffert ces temps-ci du ralentissement de l'économie internationale dû à la crise européenne. Le Meti a souligné dans un communiqué que la production industrielle restait "sur une pente descendante". En octobre, les livraisons sont par ailleurs restées stables sur un an, tandis que les stocks ont progressé très légèrement de 0,3%, a ajouté le ministère. Pour novembre, les professionnels du secteur s'attendent à une quasi-stagnation de la production (-0,1%). Facteur encourageant néanmoins, ils prévoient une forte augmentation de 7,5% en décembre, d'après une enquête du Meti auprès d'eux. Les producteurs d'équipements pour les transports, de produits et composants électroniques et de machines sont notamment beaucoup plus optimistes pour la fin d'année. Ce regain d'espoir pourrait être dû en partie au rebond en cours de l'activité en Chine, grand importateur de produits et composants nippons. Le taux de chômage stable à 4,2% en octobre Le taux de chômage au Japon est resté stable à 4,2% en octobre, a annoncé cette semaine le ministère des Affaires intérieures. En octobre, on recensait 2,71 millions de chômeurs au Japon, soit 6,2% de moins qu'un an plus tôt, pour une population au travail en légère augmentation de 0,2% à 63,21 millions d'individus. Les employés précaires effectuant peu d'heures de travail sont toutefois comptés comme ayant un emploi, ce qui réduit l'ampleur du taux de chômage affiché qui continue d'évoluer à son plus bas niveau depuis plus de trois ans. Le marché du travail s'est quelque peu contracté en octobre: on comptait 80 offres d'emplois pour 100 demandes dans l'archipel, contre 81 offres d'emplois en septembre, d'après des données séparées publiées par le ministère du Travail. Le marché de l'emploi au Japon avait profité en début d'année d'un regain d'activité dans le secteur automobile, dopé par un programme gouvernemental de subventions à l'achat de voitures écologiques, et dans celui du BTP grâce aux travaux de reconstruction rendus nécessaires par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l'archipel. Depuis quelques mois, l'industrie japonaise souffre toutefois du ralentissement économique mondial, notamment son secteur stratégique de l'électronique grand public. Le chômage avait atteint un record de 5,7% au Japon pendant la récession de 2008-2009, avant de reculer. La consommation des ménages s'effrite de 0,1% La consommation des ménages au Japon s'est effritée de 0,1% en octobre sur un an, du fait d'un recul des prix des loyers et des frais d'entretien dans l'immobilier, a annoncé cette semaine le ministère des Affaires intérieures. Les clients ont en revanche acheté davantage de meubles, d'équipement électroménager et de systèmes de chauffage, et dépensé plus dans les transports publics et les voitures. Les Japonais ont dépensé nettement moins pour leur loyer (-11,8% sur un an). La déprime du marché immobilier oblige en effet les propriétaires à abaisser le coût des loyers pour trouver des occupants lorsque les locataires précédents déménagent. Les Nippons ont en outre réduit le budget de réparation et d'entretien de leur logement (-15,4%). Les ménages ont en outre limité leurs achats de vêtements (-7,5%), le mois d'octobre ayant été particulièrement doux. Dans le détail, ils ont acheté beaucoup moins d'habits pour hommes (-16,3%) et pour enfants (-15,6%), les vêtements pour femmes échappant à l'austérité (+0,2%). A l'inverse, les Japonais ont acquis davantage de biens électroménagers (+14,7%), de systèmes de chauffage et de climatisation (+25,6%). Ils ont en outre plus emprunté les transports en commun (+23,4%) et acheté davantage de véhicules motorisés (+18,3%), bien que la progression des achats de voiture ait fortement ralenti par rapport au mois précédent. En septembre, les clients avaient en effet profité des derniers jours d'un programme gouvernemental de subvention à l'achat de voitures peu gourmandes en carburant. La fin de ce coup de pouce public à la mi-septembre fait craindre, par contrecoup, une baisse des achats de véhicules dans la période à venir, ce qui risque de peser sur la consommation générale. En termes nominaux, c'est à dire sans tenir compte de l'évolution des prix, les ménages ont dépensé 0,5% de moins, a précisé le ministère dans un communiqué. Les dépenses de consommation des ménages salariés, qui représentent environ 60% du total, ont en revanche augmenté de 0,7% en termes réels sur la même période. Toujours en octobre et par rapport au même mois de l'an passé, le revenu moyen des ménages salariés s'est élevé de 0,9%, à 482 101 yens (près de 4 600 euros). Les prix à la consommation stables en octobre sur un an Les prix à la consommation au Japon, hors produits périssables, sont restés stables sur un an en octobre, la montée des tarifs de l'énergie compensant le recul des prix de l'électroménager et de l'électronique grand public, a annoncé cette semaine le ministère des Affaires intérieures. Le Japon reste toutefois en déflation, un phénomène de baisse des prix qu'il subit depuis plus de trois ans et qui décourage l'investissement des entreprises et affaiblit la consommation des ménages. Le rythme du repli avait atteint jusqu'à 2,4% sur un an en août 2009. En excluant non seulement l'alimentation, mais aussi l'énergie, les prix à la consommation ont reculé de 0,5% en octobre par rapport à ceux du même mois de 2011, a précisé le ministère. Les tarifs de l'électricité ont en effet fortement augmenté (+5,8%), les compagnies japonaises élevant leurs prix pour compenser les pertes liées à la suspension de leurs centrales nucléaires, près de deux ans après l'accident de Fukushima.Le gaz (+2,9%) et le fuel (+4,9%) ont aussi été facturés plus cher. Mais les prix ont continué de franchement reculer dans l'électroménager et l'électronique grand public, en partie du fait de la forte concurrence entre fabricants. Ce repli a touché notamment les réfrigérateurs (-26,4%), les machines à laver sèches-linge (-26,8%), les baladeurs audio (-19,9%), les ordinateurs portables (-16,4%) et les appareils photo (-17,3%). A noter aussi le repli des tarifs de l'alimentation (-1,6%) et des loyers lors des changements d'occupants des logements (-0,4%). L'indice des prix à la consommation dans la région de Tokyo, considéré comme un indicateur avancé de l'évolution des prix dans le reste du Japon, a régressé de son côté de 0,5% en novembre sur un an, hors produits périssables, a précisé le ministère. La déflation représente l'un des principaux freins à la reprise de la troisième puissance économique mondiale, qui après un début d'année de vigoureuse croissance voit son produit intérieur décliner depuis la mi-2012. La baisse tendancielle des prix décourage en effet l'investissement des entreprises et incite les consommateurs à retarder leurs achats, dans l'espoir de bénéficier plus tard de tarifs plus avantageux. Pour tenter d'endiguer ce phénomène pernicieux, la Banque du Japon (BoJ) maintient son taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1% et mène un programme d'achats d'actifs et d'injections dans le circuit interbancaire portant sur 91.000 milliards de yens (860 milliards d'euros), afin de faciliter la circulation d'argent. Elle promet de poursuivre cette politique accommodante jusqu'à ce que les prix grimpent à un rythme annuel d'environ 1%, compatible selon elle avec le retour à une croissance durable. La banque centrale prévoit que les prix vont très légèrement baisser de 0,1% sur l'ensemble de l'année budgétaire d'avril 2012 à mars 2013, avant le retour à une petite inflation, de 0,4%, en 2013-2014. Plan de soutien économique de 8,5 milliards d'euros pour créer des emplois Le gouvernement japonais a approuvé cette semaine un plan de soutien économique de 880 milliards de yens (près 8,5 milliards d'euros) pour donner un coup de pouce à l'activité et à la création d'emplois. Cette nouvelle vague de mesures spéciales intervient alors que le Premier ministre, Yoshihiko Noda, a dissous l'assemblée et risque de céder sa place à l'issue des élections législatives qui auront lieu le 16 décembre. Cet argent était déjà inscrit au budget de l'exercice d'avril 2012 à mars 2013, mais sous une autre ligne. Aucun vote parlementaire ne sera donc nécessaire pour allouer ces fonds. Ces moyens seront notamment affectés à des secteurs rencontrant des difficultés (agriculture, pêche, soins à la personne, etc), ainsi qu'aux travaux publics pour la reconstruction de la région dévastée par le séisme et le tsunami de mars 2011. En dépit de plusieurs plans successifs de soutien depuis la crise financière de 2008-2009 et la catastrophe de mars 2011, l'économie japonaise ne parvient pas à se requinquer, en raison notamment des influences extérieures.Les difficultés financières de nations européennes et la lenteur de l'activité aux Etats-Unis ont nourri en outre une baisse de l'euro et du dollar face au yen qui a flambé durant des mois, handicapant les groupes japonais à l'étranger. L'affaiblissement de la devise nippone constaté ces dernières semaines reste trop modeste et fragile pour fondamentalement changer la donne. Outre la baisse des exportations, le Japon est enferré dans un mouvement vicieux de recul des prix, à cause d'une demande trop faible par rapport à l'offre, ce qui rejaillit négativement sur les revenus, les investissements des entreprises et le marché du travail. Le gouvernement espère que ce plan et celui de quelque 5 milliards d'euros précédemment adopté entraînera la création de 120.000 emplois et donnera un coup de pouce de 0,4% au produit intérieur brut (PIB). Le PIB du Japon a régressé de 0,9% au troisième trimestre par rapport au précédent (-3,5% en rythme annualisé), notamment à cause de la détérioration de la conjoncture internationale. Selon les économistes, il risque encore de se contracter au dernier trimestre 2012, ce qui ferait rechuter le pays dans la récession, essentiellement à cause de la baisse des exportations accentuée par un différend territorial avec la Chine, plus gros client de l'archipel.