L'Agence internationale de l'énergie (AIE), bras énergétique des pays riches, a légèrement relevé, hier, ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2012 et 2013, mais reste prudente face à une croissance mondiale toujours "tiède" l'an prochain. Dans son rapport mensuel de décembre, l'AIE table désormais sur une consommation de pétrole de 89,7 millions de barils (mbj) par jour en 2012 et 90,5 mbj en 2013, soit respectivement 70 000 et 110 000 barils de plus que ce qu'elle prévoyait en novembre. "La demande mondiale devrait rester relativement molle au cours de l'année 2013, sur la base de l'estimation renouvelée d'une croissance économique mondiale tiède --sans ignorer les signes montrant que le sentiment économique en Chine est redevenu légèrement positif", estime l'AIE dans son rapport. Ce diagnostic prudent se fait également malgré le rebond estimé de la demande au 4e trimestre 2012 (plus de 400 000 barils par jour supplémentaires, à 90,5 mbj), souligne l'agence internationale. Selon l'AIE, les deux premiers trimestres de 2013 devraient ainsi retomber à 90,0 mbj et 89,5 mbj, avant un rebond de la demande aux, troisième et quatrième trimestre (91,1 mbj et 91,6 mbj). L'agence, basée à Paris, avait surtout considérablement baissé ses prévisions de demande de pétrole fin 2011 et début 2012, ses estimations restant assez similaires depuis quelques mois malgré des petits ajustements mensuels à la hausse ou à la baisse. Elle confirmait d'ailleurs, hier, ses prévisions de croissance économique mondiale, à 3,3% en 2012 avant une légère accélération attendue en 2013, à 3,6%, identiques à celles du Fonds monétaire international. En revanche, la demande européenne de pétrole s'est "effondrée" de 6% sur un an au troisième trimestre, souligne l'AIE, soit "le plus fort recul trimestriel observé depuis près de trois ans". Ce plongeon à 13,8 mbj est dû à la conjonction de prix élevés du baril et "de conditions économiques de récession". Après 15 mbj en 2011, la demande européenne devrait tomber à 14,5 mbj cette année et 14,3 mbj en 2013, selon l'agence. Au niveau mondial, la progression continue de la demande de pétrole d'une année sur l'autre, reflète la place toujours croissante des économies émergentes, comme la Chine (deuxième consommateur mondial), l'Inde (4e) la Russie (5e) ou le Brésil (7e). A l'inverse, les grands consommateurs des pays développés comme les Etats-Unis (numéro un), le Japon (3e), le Canada (8e), l'Allemagne (9e) et la Corée du Sud (10e) devraient selon l'AIE afficher en 2013 des consommations quasi stables ou en léger recul, avec même une nette contraction (-3,6%) attendue au Japon. En ajoutant l'Arabie Saoudite, cinq pays non membres de l'OCDE figurent donc désormais dans le top 10 des consommateurs mondiaux, souligne l'AIE.