Le système d'oléoducs canadiens, mal adapté à l'accroissement récent de la production pétrolière dans l'ouest, prive le pays de recettes mensuelles de 2,5 milliards de dollars, a fait valoir la banque Nomura, plaidant dans une étude pour de nouvelles infrastructures. Le réseau nord-américain d'oléoducs est construit de telle manière que le pétrole produit en Alberta est amené vers les raffineries du Mid-West américain, en Illinois principalement, ou vers Cushing en Oklahoma, et de la même manière, la majeure partie du pétrole qui arrive du golfe du Mexique se retrouve à remonter vers Cushing, remarque Charles St-Arnaud, économiste de Nomura et auteur de l'étude Quand le pétrole se retourne contre vous. De cette situation, découle une concentration d'or noir dans la même région, dit-il. Et avec les Etats-Unis qui extraient davantage d'hydrocarbures, grâce aux nouveaux puits dans le Dakota du Nord, il y a une offre excédentaire de pétrole sur le marché et le pétrole canadien est vendu à rabais par rapport aux autres sortes comme le WTI (pétrole texan, ndlr) ou le Brent (de la Mer du Nord, ndlr), a noté M. St-Arnaud, économiste en chef pour le Canada chez Nomura. Ainsi, le pétrole canadien, issu de la province d'Alberta -qui possède les troisièmes réserves mondiales derrière le Venezuela et l'Arabie saoudite- s'est négocié à un peu moins de 50 dollars le baril, contre environ 87 dollars le baril de WTI et 110 dollars celui de Brent. S'il est normal que le baril de Brent se vende 10 à 15 dollars plus cher que le WTI en raison de sa qualité supérieure, le prix du pétrole albertain reste néanmoins trop bas rapport à son équivalent texan, explique en substance l'économiste. Nous estimons que le Canada se prive chaque mois de revenus de l'ordre de 2,5 milliards de dollars, souligne le rapport de Nomura. Les grands groupes pétroliers canadiens ont annoncé ces derniers temps de nombreux investissements dans de nouveaux oléoducs et d'ici 2022, ce sont 650 milliards de dollars qui seront dépensés dans l'exploitation des matières premières au Canada, avait indiqué en octobre le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver. Mais plutôt que d'axer ces développements entre l'Alberta et le centre des Etats-Unis, comme le veut notamment le projet controversé Keystone XL, il faut envoyer cette offre supplémentaire là où la demande se trouve, a plaidé M. St-Arnaud. En priorité, il faut accroître la desserte vers les provinces orientales de l'Ontario et du Québec, ainsi que vers la Colombie-Britannique, au bord de l'océan Pacifique, a-t-il estimé.