Les contrats à terme sur le pétrole brut s'inscrivent en forte baisse vendredi, après le recul de l'euro jusqu'à un point bas en 17 mois de 1,2432 dollar. Le pétrole perdait 2 dollars vendredi, sous la pression d'une nouvelle poussée du dollar face à l'euro et des inquiétudes récurrentes sur l'économie européenne, les divergences restant fortes entre le marché de Londres et New York, pénalisé par l'engorgement des entrepôts aux Etats-Unis. Vers 10H00 GMT (12H00 à Berne), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait 2,26 dollars à 77,85 dollars par rapport à la clôture de la veille. A la même heure, le "brut léger texan" (WTI), pour livraison à échéance identique, lâchait 1,66 dollar à 72,74 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A New York, le pétrole pour livraison en juin continuait sa glissade, sous la pression de l'engorgement des réserves aux Etats-Unis. Il est tombé vendredi dans les échanges électroniques à 72,74 dollars, son niveau le plus bas depuis plus de trois mois (début février). L'écart entre les contrats de juin et de juillet sur le Brent se creuse de 0,50 dollar par rapport à jeudi, pour atteindre 1,85 dollar le baril. Parallèlement le contrat WTI de juin perd moins de terrain que les autres contrats américains à court terme pour la première fois depuis deux semaines. Le prix du WTI de juin s'est nettement replié jeudi en raison des niveaux records atteints par les stocks pétroliers au terminal de Cushing, dans l'Oklahoma. La différence de prix entre les contrats de juin et de juillet sur le WTI s'est toutefois réduite vendredi d'environ 0,25 dollar, à 4,35 dollars le baril, le marché jugeant le mouvement de vente de jeudi exagéré. Aux Etats-Unis, les stocks de brut sont à leur niveau le plus élevé depuis décembre, et ils se situent à des niveaux records dans les entrepôts de Cushing (Oklahoma), qui servent de point de livraison aux contrats pétroliers. Comme le marché a enfoncé des seuils techniques importants, il "pourrait tester de façon imminente le barre des 70 dollars, ce qui serait une première en 14 mois", prévient le cabinet Cameron Hanover. "Comme l'infrastructure pétrolière continue à évoluer dans le Midwest américain (capacités de stockage accrues, production nationale plus importante, capacités des oléoducs canadiens plus importantes), le marché de New York va continuer à être moins sensible aux événements mondiaux", prévient Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. "La distorsion du prix du +WTI+ de New York soulève la question de la signification d'utiliser ce contrat comme une référence", abonde Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. A Londres, le baril, qui reflète donc davantage le marché mondial s'échangeait avec une prime de quelque 6 dollars sur New York, mais il perdait tout de même 1 dollar. Vers 10H00 GMT, il a plongé jusqu'à 78,16 dollars, un plus bas depuis une semaine. Les principaux facteurs de pression étaient de nouveau liés aux devises et à la macroéconomie : le dollar a continué son irrésistible ascension face à la monnaie unique, tombée vendredi matin sous le seuil de 1,25 dollar, pour la première fois depuis mars 2009, ce qui écartait les investisseurs du pétrole. La chute du marché pétrolier accompagnait également un dévissage des marchés d'actions européen. A long terme, l'appétit vorace de la Chine pour les matières premières devrait néanmoins se renforcer, comme le suggère l'annonce jeudi de deux énormes projets permettant à Pékin de sécuriser ses approvisionnements. Une compagnie publique chinoise, la CSCEC, a obtenu au Nigeria un accord pour construire trois raffineries et un complexe pétrochimique, pour un montant de 23 milliards de dollars. Par ailleurs, le fonds souverain chinois China Investment Corp (CIC) va investir plus de 1,2 milliard de dollars au Canada pour exploiter des sables bitumineux de l'Alberta (Ouest).