La déstabilisation de la Syrie a été planifiée afin de rendre impossible toute éventualité de retour de ce pays à la normale et sous la souveraineté d'une opposition à la solde de Washington. Elle a été également conçue de façon à permettre la constitution d'une ingérence étrangère sous le prétexte d'une démocratisation trompeuse, empêchant toute solution politique dans le but de la division au sein d'une seule entité. A quelle logique obéit la politique américaine en Syrie ? A celle du cœur et de la raison comme on le souligne périodiquement dans les milieux du Pentagone ? La crise dans ce pays ne bat plus au rythme des espoirs soulevés dans la région du Proche et Moyen-Orient au lendemain de la première mandature du président Barack Obama. La tête haute de l'impérialisme est toujours dans le même "chapeau". Tout l'arsenal de propagande et de désinformation est déversé chaque jour à l'opinion internationale pour faire de la Syrie, notamment du régime de Bachar al-Assad qualifié de criminel. En revanche bien des réactions internationales des plus neutres sont basées aujourd'hui à se demander si en fait, le poids des intérêts US ne pèse pas sur les choix et les décisions de Washington à destituer ce président par tous les moyens y compris le mensonge et la rumeur, afin de tirer la sonnette d'alarme à ce qu'il qualifie de dérapage dangereux. Pourtant, comment expliquer qu'ils n'accueillent pas la majorité de l'opinion internationale, de la Chine et la Russie avec la compréhension nécessaire formulée pour que la communauté internationale trouve une solution pacifique à cette guerre civile et qui serait conforme à la fois à la volonté du peuple syrien, qui est le seul responsable de cette question et aux positions maintes fois proclamées solennellement par la Chine et la Russie qui peuvent être suivies dans cette voie par l'ONU à moins d'un refus américain et de ses alliés occidentaux. C'est aussi une piste d'établir avec les pays en conflit interne et particulièrement du tiers- monde, des raisons de paix, de sécurité et de développement. Washington est bien placé pour savoir de quoi il retourne. Réduire la guerre civile en Syrie à un combat de leadership entre sunnites et chiites, c'est faire fi d'un peuple qui ne veut pas faire tomber le président Bachar pour accepter un régime rétrograde " enserré " dans les mallettes de la CIA et du Pentagone. Les enjeux autour de la bataille de Damas sont on ne peut plus clairs et plus fixes : l'offensive est menée à travers une stratégie militaire et de propagande déterminée à en finir avec Bachar al-Assad et pour cela, en premier lieu, avec le soutien sans faille des Etats-Unis. Une grande puissance qui se réclame le garant du " monde libre ". L'intox faisant état que le président syrien pourrait faire usage d'armes chimiques dans la guerre contre l'opposition, est pour Gûnter Meyer, directeur de l'Institut de recherche sur le monde arabe à l'université de Mayenne, une hypothèse " totalement farfelue ". Il reproche à l'opposition syrienne de gonfler, avec l'apport US, ses rapports à des fins de propagande. Tout cela n'est qu'un ensemble de spéculation sur des jeux de stratégie qui restent très éloignés de la réalité sur le terrain. Cette prétendue utilisation d'armes chimiques, qui sert de prétexte au branle-bas de combat auquel on assiste actuellement de la part des Etats-Unis et des pays occidentaux, n'est un secret pour personne, ce duo poursuit obstinément un objectif : faire de la Syrie un bastion fort pour harceler directement l'Iran et parfaire son encerclement. Dans ces conditions, les résultats des tractations menées par l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie, Lakhdar Brahimi, ont été bien torpillés. Elles ont été estompées par une opposition, qui à cet avantage de reposer sur la volonté politique et militaire américaine, laquelle est de surcroît capable d'obtenir ce qu'elle veut en tant que grande puissance impérialiste défendant ses intérêts dans la région et surtout de rappeler à ses adversaires arabes, qui sont du reste très peu, l'existence d'Israël, dont l'Etat est un fait accompli. Cette légitimité imposée par les Etats-Unis ne doit pas être contestée par les Arabes. Israël existe, il a le droit d'exister en paix derrière des frontières sûres et défendables par ses alliés et ses protégés américains et occidentaux. C'est le diktat américain à respecter par tous. La Maison-Blanche ne peut plus ignorer, le fait que sa bonne santé économique dépend de la préservation de ses intérêts en Syrie et ailleurs à travers le monde arabe. Le départ du régime de Bachar al-Assad demeure le fondement de cette politique en la matière à l'instar de ce qui s'est passé en Irak, Libye et ce qui se poursuit en Amérique latine concernant le régime du président du Venezuela Hugo Chavez. Ainsi, l'impérialisme américain est prêt à tout mettre en œuvre pour que toute la planète admette cette " réalité " de son existence. Au peuple syrien, il est donc demandé d'accepter le fait que ses propres aspirations politiques sont désormais inextricablement liées à la reconnaissance de l'opposition en service commandé. C'est dire avec quelle force ces engagements américains s'articulent sur le souci d'imposer ses pions dans ce pays et le fait accompli d'une politique qui a pour souci de mettre le monde arabe sous la coupe de Washington.