En plus de 30 ans de coopération, le Cameroun a reçu de la Banque islamique de développement (BID) des financements chiffrés à 610 millions de dollars ( 305 milliards de francs CFA) pour un total de 49 opérations, a indiqué à Yaoundé le ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi. Exactement 34 ans après sa première intervention en 1976 dans le cadre de la construction du barrage hydroélectrique de Song- Loulou sur le fleuve Sanaga qui alimente une partie du Cameroun depuis cette localité proche de la métropole économique Douala, la BID totalise 27 opérations achevées pour un montant global de 350 millions de dollars et 22 en cours pour des financements de 260 millions de dollars. "Ces interventions touchent la quasi-totalité des secteurs, notamment : le transport, l'agriculture, l'éducation, l'hydraulique, l'énergie, la santé et la micro-finance ", a précisé le ministre de l'Economie lors d'un forum baptisé " la journée du Groupe de la Banque islamique de développement pour le secteur privé camerounais ", destinée à la promotion de la Société islamique de développement (SID) pour le secteur privé. Filiale de la Banque islamique de développement opérationnelle depuis 2000 après sa création un an auparavant, la SID entend se déployer au Cameroun et l'ensemble de la région d'Afrique centrale, après l'Afrique de l'Ouest où elle a fait créer quatre banques islamiques en Mauritanie, en Guinée-Conakry, au Niger et au Sénégal. Dotée d'un capital de 2 milliards de dollars, cette institution financière composée de 52 pays membres contre 56 pour la BID elle- même (qui mobilise pour sa part un capital de 46,5 milliards de dollars), avec la majorité d'entre eux issus d'Afrique, affirme vouloir accompagner le secteur privé camerounais dans le financement de ses activités. " Nous sommes ici, nous voulons faire les affaires ", a fait savoir Khaled Mohamed Al-Aboodi, son président-directeur général.Pour ce projet, la SID a conclu cette semaine à Yaoundé avec Afriland First Bank, une banque locale camerounaise, en présence du ministre de l'Economie Nganou Djoumessi, un accord pour la structuration et la mise en place d'une banque islamique, chargée d'offrir aux petites et moyennes entreprises (PME) du pays des produits bancaires alternatifs pour leur croissance. Intéressée par " tout type de projet ", selon Farid Mohamed Masmoudi, responsable du business development & partnertship development interrogé, elle annonce la mise à disposition de financements moyens de 10 à 20 millions de dollars, d'une durée de 4 à 7 ans, pour un pourcentage d'intervention maximum de 40% du coût total pour les projets nouveaux, 50% pour les projets d'extension et 33% pour les prises de participation. Parlant de prises de participation, c'est l'un des modes de financement de la banque, en dehors des lignes de financement et de l'appui technique. Les lignes de financement sont principalement destinées au financement des PME/PMI, avec une maturité déclarée de 7 ans. Santé, infrastructures, immobilier, technologies de l'information et de la communication, énergie, agrobusiness, transport, textile, commerce et industrie sont autant de secteur d'activités visés. Les garanties de financement exigées aux porteurs de projets varient entre l'hypothèque, le nantissement, le compte séquestre, la garantie bancaire puis la garantie de la société mère (pour les filiales d'entreprises internationales). D'après ses dirigeants, la SID projette de fournir, à l'horizon 2020 au sein des 52 pays membres parmi lesquels le Cameroun, l'accès au financement à un million de personnes à faible revenu, créer aussi un million d'emplois, permettre la mise en place de 50 nouvelles institutions islamiques de financement et porter son portefeuille à 10 000 clients. Avant elle, la Société internationale islamique pour le financement du commerce (SIIFC), autre filiale de la Banque islamique de développement créée en 2008, se fait déjà connaître au Cameroun où elle " a approuvé deux opérations de financement de commerce pour un montant de 35 millions de dollars américains, soit environ 17,5 milliards de FCFA ", a renseigné le ministre de l'Economie. Contrairement à la SID, la SIIFC, qui possède un capital autorisé de 3 milliards de dollars, s'intéresse quant à elle essentiellement au financement du commerce " des produits de rente qui s'échangent facilement sur le marché international, tels que le cacao, le café, le coton, le pétrole, etc. ", a mentionné Farid Mohamed Masmoudi. Sur un total de 11,72 milliards de dollars d'approbations depuis sa création, 40 millions de dollars ont été alloués au Cameroun parmi une enveloppe globale de 400 millions de dollars à l'Afrique subsaharienne. Parmi ces fonds, un crédit de 13 millions d'euros a été accordé pour le financement du fonds de roulement engrais de la cotonnière pour la campagne 2011-2012. Pays en développement d'Afrique centrale, d'une population actuelle estimée à plus de 20,6 millions d'habitants, le Cameroun est membre de la BID depuis 1977. Il appartient à un groupe dit des pays les moins avancés qui représentent 15% du capital de cette institution, contre 83% fournis par 9 pays dont l'Arabie saoudite en tête avec 23,61%, suivie de la Libye (9,47%) et de l'Iran (8,28%).