Au moment où le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, s'est entretenu à Alger avec son homologue malien, M. Diango Cissoko, qui effectue une visite de travail de deux jours en Algérie, un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sera au centre d'une réunion mercredi prochain à Abidjan avant que celui-ci ne soit annulé alors que l'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, estime qu'"aucune des conditions de la réussite n'est réunie" dans ce pays, où la France est engagée militairement aux côtés de l'armée contre des groupes armés. Ainsi et compte tenu de la complexité de la situation au Mali, un pays frontalier de l'Algérie, des entretiens entre MM. Sellal et Cissokose se sont déroulés, hier, au Palais du gouvernement en présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Le Premier ministre malien est arrivé hier matin à Alger, à la tête d'une importante délégation pour une visite "qui s'inscrit dans le cadre des consultations politiques régulières entre les deux pays, permettra de passer en revue l'état de la coopération bilatérale, ainsi que les perspectives de son renforcement et de son élargissement", comme 'la si bien indiqué un communiqué des services du Premier ministre. "Elle offrira également l'occasion aux deux parties de procéder à un échange de vues approfondi sur la situation au nord du Mali et les efforts en cours pour un règlement de la crise multidimensionnelle qui affecte ce pays", ajoute la même source. Il est donc tout à fait évident que les deux parties examineront, dans ce contexte, "les voies et moyens à même de renforcer la coopération entre les pays du champ et les partenaires extrarégionaux pour éradiquer le terrorisme et le crime organisé qui constituent une menace pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel". Et compte tenu de la situation qui sévit dans ce pays , M. Sunny Ugoh, porte-parole de la Cédéao, une organisation de 15 pays qui doivent former une force d'intervention au Mali, a déclaré hier, à ce propos que "C'est un sommet extraordinaire. Il sera uniquement consacré au Mali". Il est utile de rappeler que vendredi dernier, la Cédéao avait autorisé "l'envoi immédiat de troupes sur le terrain" pour épauler l'armée malienne "dans le cadre de la Misma (Force internationale de soutien au Mali)". Mais, le ministre ivoirien Ally Coulibaly , dont le pays assure la présidence de la Cédéao, a annoncé que le "sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) consacré à la situation au Mali va se tenir le 19 janvier". La Cédéao doit former une force d'intervention contre les groupes armés occupant le nord du Mali, conformément à une résolution de l'ONU approuvant la création d'une unité de 3.300 soldats ouest-africains avec un soutien logistique occidental qui doit encore être déployé pour réunifier le pays. Pour sa part, la France avait demandé, vendredi dernier, au Conseil de sécurité de l'ONU l'accélération de la mise en œuvre de la résolution 2085, approuvée le 20 décembre et qui autoriserait notamment le déploiement par étapes de la Misma. Seulement d'un autre côté, l'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, s'est interrogé dans un texte publié au Journal du dimanche (JDD) intitulé "Non, la guerre ce n'est pas la France": "Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits?" "L'unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la +guerre contre le terrorisme+ m'inquiètent", écrit M. Villepin, qui avait exprimé l'opposition de son pays, en février 2003 à l'ONU, à la guerre en Irak. Pour lui, "au Mali, aucune des conditions de la réussite n'est réunie". "Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) sont autant de guerres différentes", ajoute-t-il. "Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide", développe-t-il. "Eviction du président en mars et du Premier ministre en décembre, effondrement d'une armée malienne divisée, défaillance générale de l'Etat, sur qui nous appuierons-nous?". Les militaires maliens ont reçu vendredi l'appui de forces françaises avec des moyens aériens et ils ont repris Konna (centre), qui était tombée la veille entre les mains des islamistes.Bilan: 11 morts et une soixantaine de blessés dans les rangs de l'armée malienne, un militaire français blessé lors des opérations et décédé des suites de ses blessures, selon la présidence malienne. Une source militaire malienne a fait état d'"une centaine" d'islamistes tués.