La course au rachat de TIGF, filiale de Total qui gère le réseau gazier du sud-ouest de la France, se réduit à un duel entre des consortiums incluant la Caisse des dépôts et EDF, après le retrait, lundi dernier, d'un troisième groupement formé par l'industriel espagnol Enagas.Enagas avait confirmé la semaine dernière envisagé de se retirer de la compétition, comme des informations de presse l'avaient laissé présager. Le groupe a mis fin au suspense et officialisé son abandon lundi soir. Le consortium mené par Enagas ne déposera pas d'offre de rachat de TIGF auprès de Total, a indiqué une porte-parole du groupe espagnol.Ce retrait, qui a été acté par le conseil d'administration d'Enagas, laisse désormais seuls en lice deux consortiums incluant respectivement la Caisse des dépôts et EDF, et ce à quinze jours de la date pour la remise des offres finales, fixée au 4 février. Le consortium formé par Enagas, qui l'associait au fonds canadien spécialisé dans les infrastructures Borealis et à Oman Oil, fonds souverain du sultanat d'Oman, était en lice depuis l'automne dernier pour le rachat de la filiale de Total. Total avait reçu en tout sept candidatures et avait décidé fin novembre de poursuivre les négociations avec quatre groupements, dont deux avaient par la suite fusionné. La Caisse des dépôts (en propre et via son fonds spécialisé CDC Infrastructure) et le gestionnaire du réseau gazier belge Fluxys mènent l'un des deux groupeements toujours en lice, associés aux assureurs Axa, CNP, et Predica (Crédit Agricole) et à deux investisseurs internationaux, le fonds souverain d'Abou Dhabi (l'Adia) et le fonds de retraite néerlandais, PGGM. L'autre consortium associe EDF (minoritaire avec 20% des parts), le gestionnaire de réseau gazier italien Snam (qui aura la plus grande participation) et le fonds souverain singapourien GIC. Invoquant la réorganisation des réseaux gaziers en Europe, Total a mis en vente à l'automne dernier TIGF (Transport Infrastructures Gaz France), filiale basée à Pau, qui emploie directement environ 500 salariés et exploite 14% du réseau français de gazoducs. Elle est également active dans le stockage de gaz naturel. Une fois les offres finales reçues, Total devra choisir un lauréat pressenti, puis lancer la phase réglementaire de consultation des représentants du personnel, avant de pouvoir conclure un accord de cession. Selon plusieurs sources, le groupe devrait se décider rapidement. D'après les estimations qui circulent dans la presse, la vente de TIGF pourrait rapporter 2 à 3 milliards d'euros à Total. Mais, à quinze jours de la remise des offres, plusieurs facteurs pourraient affecter sa valorisation. Tout d'abord, la marge de rentabilité des gestionnaires de réseaux gaziers a été abaissée fin 2012 par le régulateur, la CRE, pour la période 2013-2016. De plus, le gaz est concurrencé par le charbon dans la production d'électricité en Europe. Enfin, la défection d'Enagas dans la dernière ligne droite n'aidera pas à faire grimper les enchères. De toute façon, le prix ne sera pas l'unique critère de choix pour Total, même si cette cession contribuera de manière non négligeable à son objectif de céder pour 15 à 20 milliards de dollars d'actifs entre 2012 et 2014. En effet, au-delà du montant, le projet industriel et social devrait compter fortement dans le choix du repreneur, afin de rassurer les élus du sud-ouest et les syndicats de TIGF, très remontés contre cette cession. Ce qui pourrait bien jouer en faveur de la Caisse des dépôts, investisseur public et de long terme, face à un consortium rival très majoritairement étranger.