La diplomatie américaine a rappelé, avant-hier, à l'adresse de la France que le conflit au Mali devait aussi se régler politiquement, notamment via des élections, et a répété que les Etats-Unis ne combattraient pas dans cette guerre. "Les problèmes du Mali doivent trouver une solution qui ne soit pas purement sécuritaire. On doit avoir en parallèle une voie sécuritaire et une voie politique. Le retour à la stabilité au Mali implique de nouvelles élections qui renversent le résultat du coup d'Etat" de mars 2012 à Bamako, a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland. Le département d'Etat plaide depuis des mois pour une "approche globale" sur le Mali : lutte contre les islamistes armés dans le Nord, retour d'un gouvernement démocratiquement élu d'ici à avril 2013 et règlement du sort des Touareg et de la crise humanitaire. Mme Nuland a rappelé que la date de ces élections à Bamako restait fixée au mois d'avril. "Nous n'allons évidemment pas prédire si la sécurité sera rétablie d'ici là pour que cela ait lieu, (mais) nous voulons un dialogue national afin que les élections puissent se tenir le plus tôt possible", a insisté la diplomate américaine. Elle a rappelé aussi que les Etats-Unis avaient répondu aux demandes d'aide militaire de "notre allié français", en termes de renseignements, de transports de troupes et d'équipements et, depuis samedi, de ravitaillements en vol. Mais "les militaires américains ne vont pas s'engager dans des opérations de combat au Mali et nous ne comptons pas impliquer directement des forces américaines dans des combats sur le terrain", a précisé Mme Nuland. La CPI met en garde Bamako pour des possibles exactions par son armée Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), la Gambienne Fatou Bensouda, a mis en garde lundi le Mali en raison d'allégations concernant des exactions qui auraient été commises par son armée dans le cadre du conflit qui déchire ce pays et demandé une enquête des autorités maliennes sur le sujet. "Mon Bureau est informé de ce que les forces armées maliennes auraient commis des exactions dans le centre du Mali ces derniers jours", a déclaré Fatou Bensouda dans un communiqué. "J'invite les autorités maliennes à mettre immédiatement fin aux actes allégués et, en vertu du principe de la complémentarité, à diligenter des enquêtes et poursuites à l'encontre des personnes responsables", a ajouté la même source. Le procureur de la CPI avait annoncé le 16 janvier avoir ouvert une enquête sur des crimes de guerre présumés commis par divers "groupes armés" depuis janvier 2012 au Mali. "Je rappelle à toutes les parties au conflit en cours au Mali que mon Bureau a compétence pour connaître de tout crime grave commis sur le territoire malien à compter du mois de janvier 2012", a ajouté Mme Bensouda : "toute personne présumée responsable de tels crimes doit faire face à la justice". 25 terroristes tués lors des combats à Gao Les combats à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, ont fait 25 morts ce week-end dans les rangs des terroristes, a indiqué lundi soir le porte-parole de l'état-major des armées françaises. Au cours des combats à Gao, ville située à 1.200 au nord-est de la capitale malienne Bamako, les forces spéciales françaises ont eu des "accrochages brefs mais intenses avec des terroristes" en prenant le contrôle du pont sur le Niger au sud de la ville, a déclaré le colonel Thierry Burkhard lors d'un point-presse. "Quinze terroristes ont été neutralisés" (sont morts, ndlr)", a précisé le porte-parole, ajoutant qu'"un peu plus tard, au nord de la ville dans la nuit de samedi à dimanche, "deux pick-up ont été détruits et dix terroristes neutralisés". Le colonel Burkhard a décrit la "limite avant" (vers le nord, ndlr) du dispositif militaire français avec, a-t-il dit, "des unités françaises qui ont entamé avec les unités maliennes le contrôle de la ville de Tombouctou", accompagnés d'"autorités" civiles de la ville. Les armées malienne et française ont réussi lundi après-midi à reprendre le contrôle total d'une autre ville du nord malien, la ville stratégique de Tombouctou, tombée aux mains de groupes terroristes en avril dernier, avait déclaré auparavant un colonel de l'armée malienne. L'opération sur Tombouctou survient deux jours après la prise, lors d'un offensif éclair, de Gao, un des bastions des terroristes, à 1.200 km au nord-est de Bamako. Après Gao et Tombouctou, l'armée malienne appuyée par les soldats français se tourne vers Kidal, la troisième grande ville du nord du Mali et fief du groupe terroriste "Ansar Dine". Le colonel de l'armée malienne avait annoncé l'arrivée lundi de 800 militaires tchadiens à Gao pour "renforcer le dispositif sécuritaire et préparer l'offensive sur Kidal" où les frappes aériennes se poursuivent.